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Bob Ménard, l’aventurier

Pop Idol / jeudi 22 mai 2008 par Jacques-Marie Bourget
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Depuis les émeutes au Tibet, on ne parle que de lui. Robert Ménard, dit Bob, défend la liberté de la presse partout où elle est en danger avec Reporter sans frontières (RSF). Pour le plus grand bonheur de son ego, et des journalistes maltraités. Enfin pas tous. On ne peut pas sauver toute la misère du monde de la presse.

Robert Ménard ne fait pas que des mécontents. Ainsi les abeilles aiment Robert Ménard. Hélas, Ménard a quitté le métier d’apiculteur pour devenir journaliste (peu de temps), à Radio France Hérault. Ménard est aussi écrivain. Pour bien caler le personnage, je vous recommande la lecture de son Club des 500 : les 500 qui font le Languedoc-Roussillon (éditions Ensoleillées). Entre chaque mot, on sent déjà pointer la conscience universelle. Dans Ménard, il y a du Montaigne.

Robert « Bob » Ménard - JPG - 62.9 ko
Robert « Bob » Ménard
© Mor

Mais pour que Robert dresse son chapiteau, il faut de l’argent. À la louche, le budget de Reporter Sans Frontières tourne autour des quatre millions d’euros. De quoi gonfler l’ego. Dans un article publié dans Dzerkalo Tygdnya, en Ukraine, Alla Lazaréva, ancienne correspondante de RSF, écrit : « Monsieur Ménard aspire trop à substituer sa propre personne à la cause entière de la liberté de la presse ». Allah Akbar.

De tout cet or de RSF, l’étonnant est la part utilisée pour le « fonctionnement » de ce Samu mondial de la liberté : autour de 20% ! Dans le cas de Médecins du Monde, le même poste marche très bien avec environ 5%. La différence ? Peut être les honoraires des maquilleuses ou des boîtes de communication utilisées…

Un financier copain de Kadhafi

Dans un moment d’égarement, Libération avait pourtant titré : « Pour RSF l’argent n’a pas d’odeur ». C’est pas bien de critiquer ceux qui font le bien.

Dans toute cette thune, RSF touche des dollars de la « National Endowment for Democracy » (NED). Un machin fondé par un ami de la liberté, Reagan. Cette NED se camoufle dans le cabas de « l’US Aid ». Un organisme délicieux, où l’on a vu sévir un type aussi charmant de John Negroponte, connu comme manipulateur d’escadrons de la mort au Salvador. Avant de passer proconsul en Irak, puis mamamouchi à l’ONU. Des sous pour Robert viennent aussi du « Center for Free Cuba », lui aussi alimenté par le gouvernement américain. Selon les experts – mais ce chapitre ne concerne pas notre petit Robert – cette NED et ce « Center for Free Cuba » peuvent être : « utilisés par la CIA pour monter des combines à l’étranger… » Mais que fait Gérard de Villiers ? Naguère, Ménard a pas mal bricolé avec Omar Harfouch, un turbulent play-boy libano-ukrainien. Après avoir soutenu RSF, Omar soutien le concours de « Miss Europe », la même manière de faire le bien. Un jour, des journalistes se sont étonnés que RSF se fasse financer par le bon Omar. Ces crânes réduits ont trouvé bizarre « qu’un ami de Kadhafi, (Harfouch) finance RSF… » Ménard a retourné le passing-shot : « Harfouch aime peut être Kadhafi, mais il aime aussi RSF ! » Tout va bien.

Ne vous inquiétez pas, la France va bien

Est-ce le poids des dollars dans son entreprise ? On voit rarement Ménard escalader les façades des ambassades des États-Unis ou d’Israël et de leurs alliés, Pakistan, Arabie Saoudite, etc… ? Quand il est contraint, sauf à perdre la face, de gratouiller l’Amérique et ses amis, il adopte le ton de Marchais condamnant l’entrée des chars russes à Prague. Pour ce qui est de la liberté de la presse en France, « Bob » reste discret. Et préfère aux mises en cause de longs entretiens dans la revue Medias, avec les beaux noms de la profession… sur papier luxueux ! À lire, le dernier rapport de l’ONG, tout va bien, hormis ces blacks et beurs qui empoisonnent la vie des cameramen de TF1 quand ils vont filmer, avec les flics, en banlieue. Pourtant, cette façon qu’a Ménard de voir la presse tricolore en rose agace ses amis comme Rony Brauman et Jean-Claude Guillebaud, deux parrains de RSF. Heureusement, Robert Redeker, arrivé aux sommets de la philosophie pour avoir insulté le prophète Mahomet dans Le Figaro, reste au conseil d’administration de l’organisation. Un intellectuel que le monde nous envie, par les temps qui courent, ça se bichonne !

L’important, c’est de bien choisir ses combats

Sans doute pour ne pas froisser les Etats-Unis ou Israël, RSF a cessé de compter les journalistes blessés ou assassinés par des GI ou des soldats de « Tsahal ». Et quand Ménard publie son rapport sur l’état de la liberté de la presse dans le monde, le décompte des confrères touchés ou tués à Gaza ou Bagdad n’est pas mis au « débit » d’Israël ou des États-Unis. Ça permet à ces nations si sportives de continuer à viser le podium. Le cas Sami Al-Haj, celui d’un cameraman soudanais travaillant pour Al-Jazeera énerve Ménard. J’en ai parlé dans Bakchich, et Ménard, toujours amoureux de la presse libre, m’a téléphoné pour m’injurier. Petit rappel des faits : le 15 décembre 2001 Sami Al-Haj est arrêté par les GI en Afghanistan, puis on le retrouve à Cuba, prisonnier du bagne illégal de Guantanamo. Mais Ménard attend un an avant de demander des nouvelles du confrère. Ni en 2004, ni en 2005, le journaliste ne figure sur la liste, tenue par RSF, des « journalistes prisonniers ». Il faut attendre le printemps 2006, alors que l’Europe critique enfin Guantanamo, pour que Ménard retrouve le nom de Sami dans son carnet. Et ainsi de suite, jusqu’à la libération du cameraman, bien sûr innocent, il y a quinze jours.

Autre petit conte, le 8 avril 2003 à Bagdad, le tir délibéré d’un char US tue deux confrères : Tars Protsyuk de Reuters et José Couso de la télé espagnole. Mais, après quelques mois de parcours commun, la famille Couso vire RSF de sa défense. Dans un rapport RSF, les boys de Ménard viennent de conclure : c’est à l’insu de son plein gré que le char de Bush a tué José. Ferme, mais juste le Robert.

Disons que Ménard choisit parfois ses combats. Ménard, une vieillesse française.

Lire aussi dans Bakchich :

Comme dans tous les pays olé-olé avec la liberté de la presse, Robert Ménard n’est pas vraiment populaire auprès des régimes marocain et tunisien, ses deux bêtes noires au Maghreb.
Voir en ligne : in Bakchich n°81

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Forum

  • Bob Ménard, l’aventurier
    le mardi 27 mai 2008 à 08:35, Blanc menteur a dit :
    Ce qui me frappe chez RSF, et la lecture de cet article me le confirme, c’est la confusion entre Droits de l’homme et corporatisme ciblé. Un journaliste soupçonné d’être complice de génocide au Rwanda, surtout s’il est proche de la mouvance chrétienne démocrate, c’est d’abord un journaliste emprisonné par un affreux dictateur… Le génocide c’est visiblement secondaire face à ce corporatisme de soldats d’une armée planquée, à l’arrière goût de guerre froide… en retard d’une génération. Quand on découvre les financements de Bob Ménard, on comprend mieux. Ces financements montrent les vraies convictions qui mènent RSF. Ce sont celles d’orientations politiques qui gagneraient à être défendues ouvertement, et non pas en galvaudant la liberté de la presse. RSF ne semble pas avoir remarqué qu’il a suffit que Jean-marie Colombani soit chassé du journal le Monde en juin 2007, pour que le 3 juillet 2007 un éditorial du monde et une double page mette en exergue ce que Le Monde a caché ou atténué systématiquement depuis 1994 : la complicité de la France dans le génocide au Rwanda. Alors vous avez raison de souligner que Ménard défend la liberté de la presse là où c’est pas génant pour la France… mais quand il s’agit du musellement français de la presse… lâcheté crasse. RSF se cache et fait la sourde oreille… et laisse le journaliste branché sur les services français qu’est Pierre Péan abuser les lecteurs. La presse française n’est pas libre. Elle est aux ordres. Elle n’est libre que là où ça ne dérange pas les ordonnateurs. Elle manque de combattants… tels que Patrick de Saint-Exupéry (Le Figaro), Jean Chatain (L’Humanité), Odile Tobner (Billets D’Afrique-Survie) par exemple… La Françafrique n’est pas morte, elle a eu récemment la peau d’un ministre. Ménard et RSF ne sont clairement pas de ce combat pour la liberté de la presse en France.
  • Bob Ménard, l’aventurier
    le dimanche 25 mai 2008 à 11:55, Maxime Vivas a dit :

    Bizarre de voir ici des commentaires favorables à un type qui a fait l’éloge de la torture sur France Culture en août 2007.

    C’était clair et précis.

    Je rapporte ses propos mot pour mot dans mon livre "La face cachée de RSF. De la CIA aux Faucons du Pentagone".

    Mon livre (pardon pour la pub) se résumerait-il à ça, il suffirait à prouver que RSF n’a rien d’humanitaire.

    Sur ses frais de fonctionnement énormes (28% de son budget,en fait), on peut comparer avec nombre d’ONG françaises, l’écart est sidérant. Il est vrai aussi que 7% seulement des sommes recueillies par RSF (derniers chiffres publiés) sont versés aux journalistes.

    Plusieurs m’ont dit aussi leur étonnement devant le luxe des locaux de RSF et le train de vie de son lider maximo.

    Bien entendu, on peut ne pas vouloir entendre et s’égosiller : "Va voir à Pékin si c’est mieux".

    Naguère, les fachos proposaient d’aller voir à Moscou, ça change, mais pas sur le fond.

  • Bob Ménard, l’aventurier
    le samedi 24 mai 2008 à 20:33, Blackbird a dit :
    Combien de temps faudra-t-il encore pour que le "masque" de Ménard tombe ? Lecture recommandée : "La face cachée de RSF" par Maxime Vivas, Ed. Aden. Edifiant. Démonstration implacable.
  • Bob Ménard, l’aventurier
    le vendredi 23 mai 2008 à 11:16, coco_des_bois a dit :

    Bon, le style de l’article est quand même assez curieux, un approche de l’argot… dans quel but ? Et surtout, aucune source, alors que depuis de longues années, des gens se battent pour éclairer les gens au sujet de RSF et de Ménard. Vous êtes plus qu’évasif sur "ses amis" :

    Pourtant, cette façon qu’a Ménard de voir la presse tricolore en rose agace ses amis comme Rony Brauman et Jean-Claude Guillebaud, deux parrains de RSF.

    Alors qu’un minimum de précision ou un lien eut été bienvenu pour comprendre un peu mieux.

    RSF a été fondé en 1985 par Jean-Claude Guillebaud, journaliste au Nouvel-Observateur, Rony Brauman, alors président de Médecins sans frontières et Robert Ménard alors journaliste à Montpellier . Les deux premiers ont rapidement démissionné.

    http://www.legrandsoir.info/spip.php ?article6298 ou http://www.legrandsoir.info/spip.php ?article6611

    Acrimed fait également un gros boulot au sujet de RSF :

    http://www.acrimed.org/spip.php ?page=recherche&recherche=RSF

    Bref, c’est dommage, parce que ça ressemble plus à un coup de gueule non argumenté, et ça justifie plutôt bien le premier commentaire :

    Si ce sujet est simplement à moitié vrai, voilà qui devrai pourtant suffire à vouer Ménard au pilori médiatique. Si ces assertions sont vérifiées, tout ce que je lis ici tend à dresser le portait d’un individu opportuniste, vil et méprisable. Et si tel n’est pas le cas : à qui profitte le crime et qui alors redressera le tord ?

    ou encore :

    Y-a-t-il de l’argent "sale" à RSF ? Un article sans réelles sources sérieuses et démonstrations ne saurait suffire à le démontrer - à nouveau des articles sur des procès iniques tunisiens écrits par des apprentis sont souvent mieux documentés.

    Le sujet est pourtant très riche, et le traiter de façon aussi légère me semble fort peu utile.

    • Bob Ménard, l’aventurier
      le samedi 24 mai 2008 à 10:21, JM Bourget a dit :
      Est-ce que les chiffres cités, qui sont conformes aux comptes publiés par RSF, ne sont pas une "source sérieuse", cher donneur, anonyme, de leçons ? Ou alors, si ces données ne vous semblent pas sûres, c’est RSF qui publie de faux comptes ? JM Bourget
  • Bob Ménard, l’aventurier
    le vendredi 23 mai 2008 à 08:19, Alexandre a dit :
    Si ce sujet est simplement à moitié vrai, voilà qui devrai pourtant suffire à vouer Ménard au pilori médiatique. Si ces assertions sont vérifiées, tout ce que je lis ici tend à dresser le portait d’un individu opportuniste, vil et méprisable. Et si tel n’est pas le cas : à qui profitte le crime et qui alors redressera le tord ?
    • Bob Ménard, l’aventurier
      le vendredi 23 mai 2008 à 11:31
      Je n’ai jamais eu de doutes sur Ménard jusqu’à ce qu’un jour de printemps, au fin fond d’un café, je l’observe pendant plus d’une heure rire aux larmes avec un grand démocrate et intellectuel, Alain Soral. Deux meilleurs amis du monde qui enchaînaient les remarques pleines de bon sens sur la démocratie, la presse & leurs contemporains.
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