C’est un côté du personnage que l’on connaît moins. Et pour cause, c’est un combat qu’il n’a pas trop envie de médiatiser. Le leader de RSF est aussi patron de presse. Et ces derniers temps il fait la cour auprès de généreux mécènes pour financer la revue « Médias » dont le dernier numéro vient de sortir.
Ce combat-là, Robert Ménard, l’ineffable défenseur de la liberté d’expression que le monde – surtout les Chinois – nous envie, n’a pas tellement envie de le médiatiser. L’info faisait jusqu’ici les délices des diners en ville de la médiacratie parisienne. Le vibrionnant patron de Reporters sans frontières (RSF) passe beaucoup de temps à faire la manche en ce moment. Pour trouver des fonds destinés à financer son combat contre les JO à Pékin ou la libération de journalistes africains ? Que nenni ! Subventionné par des organisations charitables américaines proches de la CIA comme par des milliardaires comme François Pinault, RSF vit sur un pied plutôt confortable avec quatre millions d’euros de budget et un excédent de 56 000 euros (du moins selon les derniers chiffres disponibles datant de deux ans). Non, Bob Ménard sonde en ce moment des poches profondes dans le monde des médias pour financer son statut de patron de presse.
Car si le patron de RSF n’a fait qu’une modeste carrière de rouletabille à Radio-France Languedoc-Roussillon, il y a des années, Ménard se pique d’être devenu un patron de journal, en l’occurrence la revue Médias, un trimestriel spécialisé dans les grandes interviews de pontes des journaux. Médias n’a rien a voir avec RSF, même si Ménard cultive l’amalgame. Il s’agit d’une affaire personnelle mise au nom de sa femme Emmanuelle Duverger, une juriste de la fédération internationale des droits de l’homme, à la tête d’un patrimoine immobilier conséquent.
Médias ne se vend pas par brouettes entières dans les kiosques de France et de Navarre. Mais la revue fait beaucoup pour la stature de l’ancien petit journaliste radio devenu « people » de l’humanitaire chic et choc. Lequel s’est mis en tête d’en faire un titre phare de la presse écrite. Régulièrement de généreux mécènes sont donc sollicités pour remettre de l’argent au pot. En général, quand il a des problèmes de fins de mois, Ménard s’adresse à quelques intermédiaires « people » comme PPDA ou BHL pour convaincre des grands patrons de prendre un ticket dans sa petite affaire.
Mais, difficile de sonner toujours aux mêmes portes (Lagardère, Pinault, ect). Grâce à son entregent, il tape maintenant plutôt des quadras aux dents longues qui veulent se faire un nom dans les grands médias. Avec en guise de mise à prix, 40 000 euros pour 10% du capital. Pas cher pour s’offrir une moralité au côté d’un grand nom de l’humanitaire médiatique !
Pour son nouveau tour de table, il a déjà réussi à convaincre Stéphane Courbit, l’ancien pionnier de la télé-réalité qui veut se refaire une réputation plus classe d’ouvrir son portefeuille. Lequel a réussi à convaincre également son nouvel associé, le milliardaire Bernard Arnault, qui peine tant à faire avaler son rachat des Echos à la rédaction du quotidien économique. Ménard a également bon espoir de taper également Denis Olivennes, l’ancien patron de la FNAC qui vient de prendre la tête du Nouvel Obs. Comme quoi on peut savoir grimper au sommet de Notre-Dame pour protester contre les JO et escalader avec autant d’aisance le mur de l’argent pour dîner à la table des grands !