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Beautés du capitalisme !

Coup de boule / samedi 20 septembre 2008 par Séverin Buzinet
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On va dire que je n’y comprends rien, et, peut-être, ce sera un compliment. Parce quand on voit la mélasse dans laquelle des professionnels de haut de gamme ont plongé les banques des cinq continents, on a vraiment envie de ne pas être du club : chapeau, les pros, et je mets dans le même sac les brillants économistes qui garantissaient, hier encore, que le fonctionnement naturel du marché réglait tous les problèmes… Première constatation, donc : l’économie n’est pas une science, au mieux, c’est une méthode abstraite d’analyse et de description des phénomènes économiques et des échanges, au pire, c’est l’art d’avoir tout compris le lendemain du krach, et donc il est tout à fait normal qu’il n’existe pas de Nobel d’économie : ce qui se vend sous ce nom est une cooptation annuelle entre copains écomonistes sous les auspices, justement, d’une banque (la Banque de Suède), méfiez-vous des imitations.

Deuxio, tous ces bouffons se vantaient jusqu’à l’orgasme d’être des « créateurs de richesses » : comment doit-on les appeler quand ils ruinent leur banque, leurs actionnaires, leurs clients et les finances du pays qui a l’honneur et l’avantage d’abriter tout ça ? Et si on les appelait créateurs de chômage, pas eux, ils s’en tireront sans un poil mouillé, les experts du conseil d’administration, mais leurs employés, qu’on voit à la télé sortir de la boîte avec leurs crayons dans un carton, jetés comme des kleenex (beauté du libéralisme anglo-saxon !) ? Hier, c’était l’insolence des yuppies, maintenant, c’est la discrétion maximale, pas question de savoir qui tenait les manettes quand on a envoyé l’avion dans la falaise, toutes ces boites étaient apparemment dirigées par des anonymes, des courants d’air – en tout cas, à la différence de ce qui se pratique lorsqu’une chaîne de montage a coincé, pas question de chercher les responsables.

Ah mince, quand on se souvient des lamentations de tous ces finauds sur le creusement de la dette publique et autres imprécations d’un libéralisme exigeant une gestion de père de famille des fonds publics, on est bien forcé de se dire que les « injections de liquidités » (cela fait penser à un lavement) pratiquées par les diverses banques centrales creusent un trou quelque part. Car si cet argent n’est pas privé, c’est qu’il est, d’une manière ou d’une autre, public : or aucun commentateur n’est foutu de nous dire précisément d’où vient le fric qui renfloue l’un, nationalise l’autre, etc etc. On nous dit seulement que les Etats interviennent. Et l’Etat, c’est nous, messieurs-mesdames, ne cherchez pas plus loin. Et même en France, si j’ai bien compris, nos petites banques de coin de rue se sont démerdées pour bousiller des centaines de millions d’euros à des spéculations nulles, c’est dire que les sous-sous du Nanard, c’est petite bière : là, nous sommes dans la gaffe couillue, rien à voir avec les entourloupes Adidas.

Remarquez, il y avait bien des esprits singuliers qui, depuis belle lurette, s’efforçaient de crier que la spéculation sur les prêts immobiliers, c’était droit dans le mur. On les a officiellement traités de ringards, je l’ai lu. On les a snobés, squeezés, balancés dans le sac à nouilles. Sylvestre, Baverez, Novelli, tous les « libéralistes » hilares s’en gargarisaient sur les ondes en vantant les effets toniques de la déréglementation mondiale et la sagesse infinie du marché (quand on pense que maintenant des banques pleurent pour être nationalisées !). Et pareil, ceux qui, contre le vent hystérique des notaires et de la FNAIM, susurraient que la montée verticale des prix de l’immobilier, dans notre beau pays, n’était pas un signe de bonne santé, mais un plongeon surréaliste dans la spéculation délirante. Dire que hier encore, dans les statistiques sarkoziennes, on comptait l’augmentation de valeur de l’appartement ou de la maison comme un « enrichissement » du proprio, améliorant son pouvoir d’achat ! Faudra revoir tout ça à la baisse, mes lapins, si, comme on l’annonce, en deux ans, les prix chutent de 20 à 30 % !

Enfin, et même si ça semble être hors du sujet, je vous prie de méditer les cris d’orfraie de l’héritière Parisot lorsqu’il est question de contribuer aux frais de route des salariés. 200 euros par an, pour une boite de mille salariés, donc 200 000 euros si je compte bien, c’est cinq 607 de direction à 41 400 euros amortissables en cinq ans, mais à consommer avec chauffeur, carburant, assurance, vidange, graissage et GPS intégré. Eh bien, chère Madame, si vous ne pouvez pas payez 200 balles à votre personnel, faites une croix sur vos taxis de barons. Prenez le bus, ou faites vos pleins d’essence, comme tout le monde. Ou ayez la pudeur de ne pas élever le ton : pour l’heure, les capitalistes, les managers, les « créateurs de richesses », camembert ! En deux mois, vos jolis financiers coûtent plus cher que dix ans de trente-cinq heures, et ce n’est peut-être pas fini. Donc, museau, profil bas, miss MEDEF, et un peu de (re)tenue !


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10 MESSAGES
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  • Beautés du capitalisme !
    le jeudi 25 septembre 2008 à 16:42, Patrice a dit :

    Que de vérités, c’est tout haut ce que je pense tout bas ! A quand Bakchich au 20hre !

    Patrice

  • Beautés du capitalisme !
    le dimanche 21 septembre 2008 à 00:36, Grand Naïf a dit :
    J’aurais aimé l’écrire ; je suis trop nul pour ça. Surtout traiter le sujet avec cet humour caustique : CHAPEAU !!! C’est vrai que ça fait du bien, ça défoule.
  • Beautés du capitalisme !
    le samedi 20 septembre 2008 à 21:16, Jihelix Le Gaulois a dit :

    Privatisation des gains, nationalisation des pertes !

    Et on a souvent entendu dire que le chômeurs étaient des assistés. C’est même grâce à ce genre de sentences que le Sarkochon a été élu. Mystifications. Tant mieux si les gens se réveillent, pour concevoir des opinions personnelles.

    Mais, nous sommes dans un système complexe, hérité de l’Histoire.
    Nous bénéficions tous, de gré ou non, des infrastructures collectives, du pire et du meilleurs.
    La monnaie et les institutions financières en font partie, comme de notre relative richesse d’occidentaux.
    Nous avons implicitement accepté les règles, et les risques.
    A ce titre, nous faisons partie de ceux qui acceptent le gain avec joie, mais refusent les pertes.
    Nous acceptons de laisser celles-ci aux pays pauvres du monde.
    Nous ne voulons renoncer à rien de nos superflus, nous refusons toute remise en question.
    Nous pensons encore qu’un bulletin de vote nous acquitte de tout autre devoir de citoyens.
    Nous sommes gavés, corrompus. Et ils le savent bien, ceux qui tiennent les ficelles…

    Il me semble qu’on ne va pas tout à fait au bout de notre colère. La peur, peut-être ? N’avons nous pas conscience justement, d’être incorporé au crime, parce qu’il nous profite, même quand nous ne l’avons pas choisi. Le crime est dans notre chair, dans nos aliments, dans notre prolifération, jusque dans nos envies, ou nos ambitions. Il nous est consubstantiel. Le problème qui nous est posé, paraît-il, est de concevoir et d’admettre une autre réalité. Retourner les choses à l’envers et jusqu’aux conséquences. Nous savons qui ils sont, ce qu’ils veulent, ils savent ce que nous sommes, ce que voulons. Mais voilà… savent-ils vraiment ce que nous voulons ? Sommes-nous à ce point définis et prévisibles ? Est-il inimaginable de déjouer, par nos comportements, certaines de leurs prévisions ? Il y aurait bien des réponses, dont personne ne voudrait se satisfaire. Et pourtant…

  • Beautés du capitalisme !
    le samedi 20 septembre 2008 à 10:42
    Si "la main invisible du marché" existait, faudrait la couper …
  • Beautés du capitalisme !
    le samedi 20 septembre 2008 à 10:10, ludo a dit :

    P…ain que ça fait du bien ! merci, merci, merci et encore merci M. Buzinet !

    Je me sens comme si c’était moi qui l’avait écrit cet article, et pourtant je travaille dans la finance…

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