Duel. Entre Alain de Pouzilhac, le patron-publiciste de France 24 et ex-grand chef d’Havas, et Vincent Bolloré, la guerre est déclarée. Y compris au niveau judiciaire. Objets du litige, les indemnités de départ de « Poupou » lors de la prise de pouvoir de « Bollo » à Havas, en 2004, et quelques notes de voyages assez salées. Pourtant, les deux hommes ont tout pour s’entendre, y compris leur passion pour Sarkozy.
Vincent Bolloré et Alain Duplessis de Pouzilhac, dits « Bollo » et « Poupou », ont tout pour s’entendre. Deux personnes charmantes, au parcours brillant tout d’abord. L’un des plus grands patrons français d’un côté, un autodidacte « fils de pub » selon l’expression consacrée, de l’autre. Un Breton et un Sétois, deux hommes qui aiment la mer. Et leurs passions communes sont nombreuses… À commencer par leur amour – tardif – de la belle presse, incisive au possible. Ce n’est qu’au tournant des années 2000 que « Bollo » se découvre petit papivore. Avec une chaîne de télé sur la TNT (Direct 8) et deux journaux gratuits (Matin plus et Direct soir), capables des plus grandes audaces. Au hasard, présenter le Camerounais Paul Biya comme un exemple – ou quasi – de président démocrate deux semaines après une féroce répression en mars dernier. Ou trapper des sujets critiquant quelque peu les méthodes policières françaises (le 25 mai 2007), de peur de chagriner le bon président Sarkozy.
« Poupou » n’a, lui, découvert le merveilleux monde de la télé qu’en 2006, avec la création de France 24, la chaîne internationale d’information en continu que le monde entier nous envie, à défaut de la regarder. Pas grave, puisque l’ambition de la chaîne, outre de poser « un regard français » sur l’actualité, est d’influencer les « leaders d’opinion », pas la plèbe… Arrivé à la tête de cette drôle d’entité (à financement public, mais dont l’actionnariat est réparti équitablement entre France télévision et TF1) avec l’étiquette de chiraquien, « Poupou » a réussi sa mue. Sarkozy en a fait son héraut de l’audiovisuel public en février dernier, en le nommant président de la holding, qui regroupera les participations de l’État dans l’audiovisuel extérieur français. Mais qui ne s’appellera pas « France Monde » : c’est ballot, le nom était déjà pris… Désormais ce sera à la tête de « la société de l’audiovisuel extérieur de la France » que Pouzilhac exercera son magistère, par la grâce du bon président Sarkozy. Avec une plus ou moins haute main sur Radio France Internationale, TV5 Monde et France 24.
Une juste récompense, pour un homme aussi attentionné avec le chef de l’État et souhaitant prévenir ses désirs inconscients. Jamais avare d’efforts, Pouzilhac a fait trimer ses équipes pour que, dans tous les hôtels où séjourne Sarko, il ait la joie de pouvoir reluquer France 24. De New-York à Tunis, de la Corse à Alger, des équipes ont été dépêchées, parfois en urgence. Nul doute que, dans la solitude de ses chambres d’hôtel, éprouvé par ses rendez-vous et autres cocktails, Nicolas Sarkozy brûle du désir de regarder une chaîne d’informations internationale avant de s’assoupir…
Bref, pétris de valeurs communes, « Poupou » et « Bollo » ne séjourneront pourtant pas sur le même bateau. La faute à un léger litige qui remonte à la prise de pouvoir à la hussarde de Bolloré dans l’entreprise publicitaire Havas, qui a valu à son président, Alain de Pouzilhac, une éjection assez violente en 2004. Depuis, une intense bataille juridique occupe les deux camps, principalement sur les indemnités de départ de Poupou et son équipe, à compter en millions d’euros. Un peu pingre, « Bollo » a porté plainte au pénal pour « abus de biens sociaux », « complicité et recel d’abus de biens sociaux » en mai 2007. Depuis, le parquet de Paris mène une enquête préliminaire. Réplique du patron de France 24, sous la forme d’une plainte en dénonciation calomnieuse. Charmante ambiance.
Ironie de l’embrouille, les documents comptables d’Havas, saisis dans le cadre de l’enquête préliminaire, ont révélé une autre passion commune des deux loustics. Les vols en avion Falcon. Si Bollo n’hésite pas à prêter celui de sa compagnie pour les voyages du bon président Sarkozy, que ce fut à Malte ou plus récemment en Syrie, il reproche à Alain de Pouzilhac d’en avoir fait une utilisation plus personnelle…
À l’été 2000, le sieur Alain s’est ainsi baladé du côté de la Grèce, sur l’île Keffalinia, peu connue pour ses congrès de publicistes. Et le voyage en Falcon 50 a gentiment été réglé par Havas, pour un joli montant de 22 669 euros, comme le montre la facture dégotée par Bakchich. « Nous contestons que toutes ces dépenses soient des dépenses personnelles. Le voyage en Grèce concerne un retour en urgence sur Paris que mon client a dû effectuer alors qu’il était en vacances », explique l’avocat d’Alain de Pouzilhac, Olivier Metzner.
Décidément, « Poupou » et « Bollo » n’embarqueront jamais sur le même bateau.
Pour tout comprendre sur la bataille juridique « Poupou » - « Bollo » :
avec l’étiquette de chiraquien, « Poupou » a réussi sa mue. Sarkozy en a fait son héraut de l’audiovisuel public en février dernier, en le nommant président de la holding, qui regroupera les participations de l’État dans l’audiovisuel extérieur français. Mais qui ne s’appellera pas « France Monde » : c’est ballot, le nom était déjà pris… Désormais ce sera à la tête de « la société de l’audiovisuel extérieur de la France » que Pouzilhac exercera son magistère, par la grâce du bon président Sarkozy. Avec une plus ou moins haute main sur Radio France Internationale, TV5 Monde et France 24.
J’ai du mal à suivre leurs scissions, je sais que le RPR-UMP n’est pas la loge P2, mais êtes vous sûrs que Chirac et Sarkozy ne sont finalement pas amis comme cochon ?
Et comment Sarkozy s’arrange t-il pour ne pas froisser "ses amis" en lorsqu’il y a des embrouilles ?