Chute du cours de bourse, endettement incontrôlé et surtout pertes de gros contrats dans ses différents métiers (eau, transports, énergie, environnement…), Veolia cumule les déboires.
Que se passe-t-il pour l’ancienne Compagnie Générale des Eaux, la boîte dirigée par Henri Proglio ? Les mauvaises nouvelles s’accumulent. Il y a les conditions d’attribution d’un marché à une filiale de Veolia, Connex, à Clermont-Ferrand, qui posent question (Bakchich en a parlé ici). Et, surtout, la toute dernière défaite concerne l’éjection de Veolia Transport de la gestion du tramway et des transports urbains de l’agglomération de Bordeaux. Vendredi 28 novembre, la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) dirigée par le socialiste Vincent Feltesse et par Alain Juppé a confirmé son choix de remplacer Veolia par Keolis, filiale de la SNCF, d’Axa et de la Caisse de dépôt de Québec.
Pour tenter de conserver un contrat qui pèse 750 millions d’euros de chiffre d’affaires sur cinq ans, le sortant s’était pourtant démené comme un beau diable. Le groupe de Proglio aurait même été - selon quelques mauvaises langues probablement mal inspirées - jusqu’à inspirer une grève du réseau de transport le jour du vote de la CUB au motif qu’avec cette filiale privée de la SNCF, les conducteurs connaîtraient une dégradation de leurs conditions de travail. Détail fantastique, même les élus communistes de la CUB ont servi de caisse de résonance aux arguments de ce symbole du capitalisme qu’est Veolia ! En vain donc.
Du coup au lendemain de cette défaite, certains dirigeants s’inquiètent fortement pour l’avenir de Veolia sous sa forme actuelle. Jusqu’à se demander si la direction ne sera pas obligée de vendre son activité transport qui coûte fort cher, un bruit qui revient souvent. Ce n’est en tous cas pas elle qui aide Veolia à rembourser sa dette de plus de 16,6 milliards d’euros. Surtout que la même semaine, Proglio a pris un autre coup sur la tête.
Paris a décidé de re-municipaliser la distribution de son eau. Pertes sèches – si l’on peut dire - pour Veolia Eau : 132 millions d’euros par an. Le pire c’est que l’exemple parisien risque de faire tache d’eau. Veolia pourrait aussi perdre la distribution de la flotte sur l’agglomération de Rouen, qui arrive à échéance fin 2009. Un collectif d’élus et d’associations, dont UFC-Que Choisir, à l’origine d’une étude ravageuse pour les marchands d’eau - Suez, Veolia et autre Saur - milite pour une re-municipalisation sur les communes de Sotteville-les-Rouen, Saint-Etienne, Petit-Quevilly, Petit et Grand-Couronne, Moulineaux. Fabius, président de l’agglomération de Rouen pourrait franchir le pas.
Proglio, qui a embauché récemment les talents et le carnet d’adresses de Dominique de Villepin, aurait-il perdu la main ?
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