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CULTURE / CHRONIQUE CINÉMA

Thirst : une resucée coréenne

ciné / mercredi 30 septembre 2009 par Marc Godin
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Un curé-vampire sirote un peu trop le sang de ses fidèles et s’envoie en l’air. Un peu fade, malgré tout.


- Les vampires montrent à nouveau les dents.
- T’as raison. True Blood, la série d’Alan Ball, l’extraordinaire film suédois Morse, Twilight et ses ados abstinents qui cartonnent au ciné et en librairie, 30 jours de nuit, le nanar Lesbian Vampire Killers sorti cet été, La Lignée, le roman de Guillermo Del Toro, la nouvelle série Vampire Diaries, L’Assistant du vampire, et, peut-être le prochain Ridley Scott, The Passage
- Du sang frais ?
- A part Morse, 30 jours de nuit et True Blood, on est dans l’exploitation du mythe, le recyclage, le commerce. Les vampires sont des ados ténébreux, végétariens et bodybuildés. On assaisonne les vieilles recettes à la sauce MTV. Pas de quoi fouetter un succube.
- Et le vampire version Park Chan-wook, primé à Cannes ? C’est aussi radical, novateur, dégoulinant que Sympathy for Mr Vengeance ou Old Boy ?
- Pas vraiment. Et c’est tant mieux. Est-ce qu’il pouvait aller aussi loin qu’Old Boy ?

 - JPG - 45.9 ko

concubin de d’hémoglobine

- C’est quoi le pitch ?
- Sang-hyun est un prêtre coréen, aussi bon que pieux (dans le cœur). Contre l’avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester un vaccin censé guérir d’une maladie africaine mortelle. Comme les autres cobayes, il est terrassé par la maladie, mais une transfusion le ramène à la vie. Un détail cependant, le bon Père est devenu un vampire. Après quelques tergiversations philosophico-hémoglobinesques, il va saigner quelques quidams et s’envoyer en l’air avec la femme d’un ami d’enfance.
- Il paraît que le film est inspiré du Thérèse Raquin de Zola ?
- Il paraît ! J’ai plutôt l’impression que Park Chan-wook a repompé ses films préférés. La course sur les toits évoque furieusement The Matrix, la scène finale avec les vampires qui se désagrègent, frappés par le soleil, est un classique du genre, déjà vue dans Blade ou Aux frontières de l’aube.
- C’est du ciné copié-collé, comme chez Tarantino ?
- Le même côté post-moderne insupportable, la même esbroufe qui a épaté les jurés du festival de Cannes. On pique à droite, à gauche, on cite, on régurgite, on fabrique du méta-cinéma, mais on ne dit pas grand-chose. Tarantino veut nous faire marrer avec la Seconde Guerre mondiale avec ses juifs qui scalpent des nazis ; c’est tellement fun l’Holocauste. Park Chan-wook fait le malin avec un curé érotomane qui sirote goulûment le sang du Christ. Est-ce que c’est intéressant, révolutionnaire ou transgressif ? Pas vraiment. Pendant deux heures et 15 minutes, Park Chan-wook n’exploite qu’une seule et unique idée : quels dilemmes doit affronter un prêtre catholique devenu vampire ?
- Il n’y a rien à sauver alors ?

Un vampire un peu Old Boy

- Attends, Park Chan-wook n’est pas manchot. Tu te souviens dans Old Boy du travelling latéral lors de la baston entre Choi Min-sik et une bande de racailles.
- Un plan séquence de quatre minutes, inoubliable !
- Dans Thirst, Park Chan-wook usine quelques plans absolument ahurissants, et nous plonge dans une inquiétante étrangeté, un univers mental, un cauchemar cotonneux à la Polanski, une des idoles du Coréen énervé. Mais cette virtuosité n’est au service de rien : le film ne fait pas vraiment peur, pas vraiment bander non plus. J’ai passé plus de deux heures à me demander où Park Chan-wook voulait en venir ?
- Réponse ?
- Aucune idée. Le film vaut néanmoins pour l’immense Song Kang-ho, comédien fétiche du réalisateur, vu dans JSA, Sympathy for Mr. Vengeance. Simplement un des meilleurs acteurs du monde. L’autre aspect positif du film, c’est cette succession de scènes absurdes, poilantes, décalées, comme celle où le héros décide, contre la volonté de sa compagne, que tous deux doivent se suicider en contemplant le lever du soleil. C’est dingue comme un Tex Avery avec les vampires qui se jettent à la gueule des morceaux de voiture !
- Et si Park Chan-wook était un comique ?
- Possible. D’ailleurs, j’adore cette réplique : « Un vampire a juste un régime alimentaire qui sort de l’ordinaire et un métabolisme différent. »

Lire ou relire sur Bakchich :

En Irak, un soldat américain s’éclate en désamorçant des bombes. Portrait d’un junkie de la guerre par la réalisatrice de Point Break.
Des immigrés du 3ème type parqués dans un camp de Johannesburg par des humains crétins. Une dinguerie SF, gore, politique.
Un enfant martyr s’éprend d’une jeune vampire. Glacial et poétique : un classique instantané.
Thirst Ceci est mon sang… de Park Chan-wook avec Song Kang-ho, Kim Ok-vin. En salles le 30 septembre

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1 MESSAGES

Forum

  • Thirst : une resucée coréenne
    le dimanche 4 octobre 2009 à 02:01, spino for ever a dit :

    cher Marc,

    oublions un peu ce pauvre Tarantino…

    il me semble que dans Thirst, vous avez au minimum un affrontement magistral de près de deux heures entre deux specimens fascinants : le vampire littéraire (XIXème, européen), torturé, rongé par son mal, en plein désarroi, qui provoque sa propre fin et le vampire cinématographique (américain of course), totalement décomplexé, affamé, jouisseur… non ?

    pour ma part je préfère ce Park Chan-Wook là, moins poseur, plus solaire, blagueur parfois. Old boy était glaçant, magistral, mais définitivement trop pesant et finissait par tourner en rond (fallait sans doute ça pour "vivre" la délivrance).

    ici ça fonctionne ! Ce n’est certes pas "révolutionnaire" ni "transgressif" et je ne pense pas que Park Chan-Wook en ait la prétention (à la différence du premier Zak Snyder venu qui égrène laborieusement son cathéchisme en croyant inventer l’idée même de religion).

    c’est du cinéma honnête, vif, efficace, stimulant - et par les temps qui courent, y’a vraiment pas de quoi bouder son plaisir !

    bien à vous

    S

    ps : à première vue, y’a de sacrées similitudes avec l’intrigue de Thérèse Raquin (même à la sauce coréenne, j’avais jamais envisagé Zola comme un romancier gothique…)

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