A Bagdad, Tarek Aziz risque la peine de mort, accusé d’avoir fait pendre 42 grossistes qui spéculaient sur les prix en plein embargo et proposé qu’un hommage soit rendu à Saddam Hussein dans la prière de vendredi. Le Tout-Paris politique, qui l’a courtisé pendant 20 ans, se tait, ou presque. Consigne : « Tarek Aziz… connais pas ! ».
Jacques Vergès, qui le défend, en fait l’amer constat. Certains « amis de l’Irak », nous a dit un expert du milieu, « n’ont même pas la reconnaissance du ventre » ! On comprend que Kouchner se taise. Il a un souvenir cuisant des moukhabarat quand il jouait au french docteur au Kurdistan dans les années 70 ; mais Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et ancienne présidente du Groupe France-Irak à l’Assemblée… Elle logeait une fois l’an, tous frais payés, à l’hôtel Rashid et faisait le siège du bureau de Tarek Aziz ou de Taha Yassin Ramadan, le vice-Président et grand argentier pendu il y a un an sans qu’elle réagisse non plus. Patrick Ollier qui soutenait avec elle l’Afice - association de coopération économique franco-irakienne de Serge Boidevaix - a lui aussi la mémoire qui flanche et il n’est pas le seul.
Où sont les Chirac, Jospin, Pasqua, Juppé qui ont reçu Tarek Aziz à Paris en 1995, lui promettant monts et merveilles pourvu qu’il renvoie l’ascenseur ? Et Sarkozy, qui ne trouvait rien à redire à ce séjour controversé : muet comme une carpe. Nous n’aurons pas, cette fois, la méchanceté de remonter le temps. La liste des pro-irakiens honteux serait longue. Il faudrait alors parler valises de billets et commissions versées aux bureaux d’études du RPR et du PS mitterrandien, pour des contrats payés rubis sur l’ongle… par la Coface.
Gilles Munier est secrétaire général de l’association Amitiés franco-irakiennes