« L’avocat de la terreur », Jacques Vergès, s’est trouvé un nouveau « salaud » à défendre, l’ancien ministre de Saddam Tarek Aziz. En allant plaider son cas à Bagdad, il espère retourner le procès fait à l’homme en procès contre l’Occident. Mais le gouvernement irakien voit venir l’animal ! Pour éviter le désastre d’un procès de rupture, il fait traîner le visa de Vergès pour l’Irak…
Il a défendu le tortionnaire Klaus Barbie, il rêvait du même rôle de méchant auprès du dictateur Saddam Hussein, qui n’a pourtant pas voulu de lui, et le voici aujourd’hui avocat officiel de l’homme qui dirigeait la diplomatie irakienne sous Saddam, le « huit de pique » du jeu de cartes du Pentagone, Tarek Aziz.
Mais cela ne va pas être facile. Le procès a démarré le 20 mai dernier et Jacques Vergès n’a pas encore réussi à plaider la cause de son illustre client ! Le visa qu’il attend pour se rendre au pays des mille et une nuits est curieusement bloqué par une longue attente, laissant l’ancien dignitaire baasiste seul face au juge, qui l’accuse d’avoir participé, en 1992, à la décision d’exécuter 42 commerçants qui spéculaient sur le prix des aliments. Sans visa délivré à Vergès pour Bagdad, le "huit de pique" risque de devoir se passer de son joker. Et il encourt la pendaison.
Selon Vergès, qui ce 3 juin a tenu une conférence de presse à Paris pour demander un peu de soutien à la diplomatie française, Bagdad et Washington feront tout pour l’empêcher d’aller défendre son client. On les comprend : les deux alliés n’ont aucun intérêt à organiser un procès équitable, où l’accusé Tarek Aziz pourrait, épaulé par l’éloquence de son avocat, renverser toute l’accusation. C’est le coup préféré de « l’avocat de la terreur » : le sort de l’accusé est joué d’avance, l’homme s’en va droit vers la potence, la seule issue qu’il reste est d’occuper tout l’espace au procès pour en instruire un autre : celui de ses accusateurs.
Et sur ses accusateurs, Tarek Aziz aurait long à dire ! Quand Saddam achetait de l’anthrax, du gaz sarin ou des composants nucléaires à la France, à l’Allemagne ou aux Etats-Unis, Tarek Aziz dialoguait très amicalement avec un Français qui se nomme Jacques Chirac ou avec un certain Donald Rumsfeld, deux grands anciens soutiens de Saddam sur lesquels il pourrait aujourd’hui révéler quelques méchants secrets qui ne sont pas encore connus. Les mots qu’ils lui ont dit, les promesses qu’ils ont faites dans la discrète intimité d’une rencontre à huis-clos, par exemple.
Imaginons… Si le procès avait porté sur les crimes du régime baasiste contre les Kurdes, Tarek Aziz aurait pu, peut-être, rappeler une triste histoire que l’ancien chef des opérations de l’armée irakienne, Subhi Abdelhamid, nous a dévoilée en 2005 à Bagdad. En 1963, l’attaché militaire américain à Bagdad avait offert aux dirigeants baasistes de l’époque mille bombes au napalm pour incendier les villages kurdes en rébellion dans le nord du pays. Abdelhamid lui-même avait mené la négociation. Et le napalm yankee était livré gratis, pour soutenir un régime sur lequel le président Johnson comptait dans sa guerre froide contre le communisme.
On imagine alors Vergès, dans sa robe d’avocat, rebondissant sur l’anecdote pour balancer que cette même année 1963, quand les baasistes prennent le pouvoir par les armes et se mettent aussitôt à torturer et à tuer des communistes par milliers, les Américains sont aussi très actifs. Eh oui, de vieux organisateurs du coup d’Etat et d’anciens diplomates américains ont parlé : la CIA a joué un rôle actif dans la tuerie en fournissant aux baasistes des listes de communistes… L’aveu fut fait en 2003 à l’agence de presse américaine UPI par un ancien dirigeant de la diplomatie américaine qui a requis l’anonymat. Et côté irakien, l’un des auteurs de ce massacre, Abdallah Hatef, qui dirige aujourd’hui d’une école primaire à Bagdad, nous racontait que la consigne de ses chefs du parti baas était "d’exterminer les communistes". Mais ce rôle joué par Washington dans des massacres de civils irakiens, aucun risque que Tarek Aziz en parle sans cette grande gueule de Vergès.
Que pourraient révéler encore ces cochons de Vergès et Aziz s’ils disposaient de la tribune d’un procès équitable ? Tiens : le vrai contenu des fameuses discussions de Tarek et Saddam avec l’ambassadrice américaine April Glaspie, huit jours avant l’invasion du Koweït. Les ventes secrètes de bombes à fragmentation à l’Irak par la CIA entre 1984 et 1988 : qu’ont reçu les Américains en échange ?… La liste des people du monde économique ou politique, en bonne partie français, qui ont bénéficié de la générosité de Tarek et Saddam à l’époque de l’embargo (1991-2003) durant lequel périrent des centaines de milliers d’Irakiens, sous forme de bons de pétrole très rémunérateurs… Derrière Charles Pasqua, y en avait-il d’autres ?
Et pour finir, Tarek connaîtrait-il le secret de l’incroyable amitié puis du soudain désamour Saddam-Chirac, sur lequel un ancien collaborateur diplomatique de Saddam nous a raconté, en mai 2005, que le dictateur se demandait à chaque élection présidentielle française quel candidat il allait bien pouvoir financer ?
Bref, le Tarek Aziz aurait de quoi donner des sueurs froides à un mezze de dirigeants occidentaux ! Mais ses sales souvenirs resteront dans les cartons des historiens. Pour empêcher le vieil homme de dévoiler les secrets des crimes de Saddam dont l’Occident a été co-responsable, les organisateurs irakiens et américains du procès ont joué un joli tour. Ils ont simplement fait porter l’accusation sur une affaire cent pour cent irakienne, la pendaison de 42 personnes pour crime de droit commun. Et pour bien contrôler les débats, ils font mariner Vergès aux portes de Roissy, sans visa. Le procès de rupture est mal barré. Il risque de se jouer dans le velours des salons parisiens.
D’autres ont reçu leurs visa sans problème :
Bien que l’Irak soit dévasté par la guerre, Disneyland va s’y installer avec un complexe de divertissements de plusieurs millions de dollars devant être construit sur un espace de 50 acres adjacent à la Zone Verte. (« Un Parc amusant s’élèvera des ruines du jardin zoologique de Bagdad, » The Times, Londres, le 24 avril 2008)