Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MONDE / AMÉRIQUES / CHRONIQUE AMÉRICAINE

Sarah Palin, superstar républicaine !

Présidentielle américaine / samedi 6 septembre 2008 par Doug Ireland
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

La Convention du Parti républicain s’est achevée ce vendredi 5 septembre à St-Paul, dans le Minnesota. Si les délégués présents ont parfois baillé aux corneilles, la nouvelle colistière de John McCain, l’inénarrable Sarah Palin, a su galvaniser la foule. Et ce n’était franchement pas gagné…

Le choix surprise par John McCain de l’obscure gouverneure Sarah Palin comme colistière a donné lieu à un gag digne d’un bêtisier lors de la Convention républicaine qui vient de s’achever à St-Paul, Minnesota. Lorsque la co-présidente du Comité national du Parti républicain, Joy Davidson, a ouvert cette grand-messe le 2 septembre au soir, elle a vanté les mérites de la « prochaine vice-présidente des Etats-Unis, Sarah… Pawlenty ! ». A l’origine de ce lapsus, le fait que le gouverneur du Minnesota, Tim Pawlenty, était donné par les médias comme l’un des trois favoris pour occuper le poste de numéro deux, derrière McCain. Voilà en tout cas qui a le mérite de traduire l’état d’esprit de l’establishment républicain, visiblement perturbé par l’irruption aussi tonitruante qu’ inattendue de Sarah Palin sur la scène politique nationale.

L’Amérique, elle, n’a pas semblé s’enthousiasmer pour les discours en prime time de la première séance plénière de la Convention républicaine. Les trois grandes chaînes hertziennes ont enregistré une baisse du nombre de téléspectateurs lors de la diffusion de la convention. Ainsi, selon l’institut Nielsen, NBC affichait 11,1 millions de téléspectateurs scotchés devant « America’s Got Talent » («  L’Amérique a du talent », une espèce de Star Academy), à 21 heures, mais seulement 4,9 millions à 22 heures pour les 60 minutes consacrées à la convention. Et encore, c’était le meilleur score des trois chaînes concernées ! A titre de comparaison, sur la nouvelle chaîne CW, le retour du feuilleton « Beverly Hills 90210 », un drame sur les adolescents de ce quartier huppé de Los Angeles, a attiré le même nombre de téléspectateurs à cette heure… Au total donc, selon Nielsen, moins de 11 millions de téléspectateurs auront regardé le début de la convention sur NBC, CBS et ABC. Soit une baisse conséquente comparé aux 15 millions qui ont vu les Républicains en 2004 à la même heure.

Projection de vidéos nationalistes

Les délégués républicains rassemblés dans le stade de hockey de St. Paul (qu’est-ce qu’ils étaient propres sur eux, plutôt vieillissants et incroyablement blancs !), n’étaient pas, eux non plus, transportés par les discours diffusés en prime time. On les comprend… La soirée était ponctuée de vidéos produites par les Républicains évoquant des présidents connus pour leur faits d’armes : Teddy Roosevelt, l’expansionniste et héros de la guerre entre l’Espagne et les Etats-Unis de 1898 qui a donné à l’Amérique le contrôle des colonies espagnoles aux Philippines et à Puerto Rico puis mis la main sur le Panama en y achevant la construction du fameux canal ; Dwight Eisenhower qui, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, a été le commandant en chef des Alliés en Europe ; et Bush père, l’auteur de la première guerre contre Saddam Hussein connue sous le nom de « Desert Storm ». Sans oublier Ronald Reagan qui a «  sauvé l’Amérique » (sic) du communisme . Sans surprise, le tout incluait une vidéo retraçant ce qu’a enduré John McCain lorsqu’il a été fait prisonnier par le Vietcong pendant la guerre du Vietnam. Toutes les vidéos étaient également présentées par deux vedettes de la droite hollywoodienne, les acteurs Robert Duvall et Gary Sinise.

Puis, projeté sur un écran géant, George W. Bush s’est adressé à l’assistance par satellite, depuis Washington. Comme a son habitude, il a brandi la menace du « terrorisme » avant de célébrer l’« héroïsme » du McCain ex-prisonnier de guerre. Selon le Président, cela prouve que sa détermination ne sera pas « brisée » par « la gauche colérique » (sic) qui s’oppose à la guerre en Irak.

Ce fut ensuite au tour du sénateur Joe Lieberman, candidat à la vice-présidence du Parti démocrate en 2004, de soutenir son ami McCain qui, comme lui, milite pour la guerre en Irak. McCain avait voulu faire de Lieberman son candidat à la vice-présidence mais à la dernière minute, lors d’une réunion houleuse, ses conseillers l’ont convaincu que ce choix provoquerait une levée de boucliers des délégués car ce démocrate défend le droit à l’avortement et les droit civiques pour les gays. Lieberman, dont le discours a été validé (comme tous les autres) par les communicants de McCain, a lui aussi encensé le candidat républicain comme héros de guerre né pour « gagner » en Irak.

Enfin, l’ex-sénateur Fred Thompson, un candidat présidentiel malheureux lors des primaires du printemps qui a quitté son siège au Sénat pour les sirènes d’Hollywood où il joue un procureur dans le feuilleton policier télévisé « Law and order » (La loi et l’ordre) a pris la parole. A l’instar de ses acolytes, Thompson a martelé combien son expérience de prisonnier de guerre permettra à McCain « d’assécher le marécage de Washington ». Comme si le candidat n’appartenait pas à l’establishment depuis 26 ans…

« Je n’ai entendu ce soir parler que de militarisme et d’armes à feu »

Les délégués du Parti républicain ont écouté ces discours installés sous une immense bannière électronique où l’on pouvait lire « Country First » (« Le pays d’abord »), le slogan nationaliste de la campagne de McCain. Par contre, pas un seul mot en prime time sur la question qui préoccupe le plus les électeurs : la crise économique. Sur la chaîne d’infos MSNBC, l’animateur Chris Matthews a livré un verdict pour le moins lapidaire sur la soirée : « Je n’ai entendu ce soir parler que de militarisme et d’armes à feu ». Bien vu.

Mais ce que tout le monde attendait en réalité, à commencer par les délégués et les médias, était le discours de Sarah Palin de mercredi soir. La gouverneure d’Alaska est une fervente Chrétienne, ultra-conservatrice et idéologiquement en phase avec la base du Parti républicain dominée par la droite chrétienne intégriste. C’est même l’une des raisons pour laquelle elle a été choisie puisque les sondages montraient de façon récurrente que McCain avait des problèmes avec la base de sa propre formation politique. Selon l’étude du Wall Street Journal-NBC, si 37 % des démocrates auraient préféré un autre candidat que Barack Obama, 38 % des républicains sont, eux aussi, mécontents d’être représentés par McCain.

C’est donc avec d’autant plus d’enthousiasme que la base républicaine a accueilli le choix de Palin que les partisans perçoivent comme une des leurs. Et ce sentiment se renforce au fur et à mesure des attaques des médias sur le passé ou la famille de la gouverneure. Il faut en effet se souvenir que la tempête médiatique autour de Palin a été déclenchée par le site Internet Daily Kos, phare de la gauche progressiste au sein de la blogosphère, qui, fort de millions de lecteurs, a publié un « J’accuse », photos a l’appui. On pouvait y lire que Palin a menti sur la naissance de son dernier bébé, Trig, et a fait semblant d’être enceinte alors que l’enfant était en réalité de sa fille de 17 ans. La rumeur s’était répandue comme une traînée de poudre, obligeant Palin à dévoiler que sa fille était enceinte.

Les médias se sont immédiatement emparé de l’affaire, questions embarrassantes à l’appui : McCain a-t-il suffisamment épluché les antécédents de sa colistière qui pourrait un jour devenir présidente des Etats-Unis ? Palin est-elle hypocrite lorsqu’elle prône les valeurs familiales traditionnelles ? La grossesse de sa fille montre-t-elle que Palin a sacrifié sa vie familiale pour sa carrière politique ? De coup, les républicains ont accusé les médias de la persécuter avec un acharnement qu’ils n’ont guère montré a l’égard de l’enfant illégitime de John Edwards, le candidat malheureux des primaires démocrates.

C’est dans ce contexte que les plumitifs républicains ont truffé les discours prononcés à la convention de piques et attaques contre les médias. Venu chauffer la salle pour Palin, l’ex-gouverneur d’Arkansas, Mike Huckabee, candidat de la droite chrétienne lors des primaires républicaines, a suscité une ovation frénétique des délégués lorsqu’il a proclamé au sujet du traitement réservé à Palin par les médias : « Je n’ai pas vu quelque chose d’aussi cloche depuis le dernier changement de costume de Madonna sur scène ! »

Sarah Palin fait son show

Palin elle-même n’a pas manqué de décocher des flèches empoisonnées aux médias. « J’ai vite appris ces derniers jours » a-t-elle déclaré. « Si tu ne fais pas partie de l’élite de Washington, beaucoup dans les médias te considèrent comme non qualifiée à cause de cela. Mais voici un flash pour tous ces reporters et commentateurs : je ne vais pas à Washington pour chercher leur avis favorable, je vais à Washington pour servir le peuple ! » Les délégués ont littéralement hurlé debout leur adhésion à ses propos. Il faut dire que Palin a montré qu’elle était parfaitement capable de faire avec panache un discours écrit.

Comme l’a relevé le critique télévision Tom Shales du Washington Post (qui a habituellement la dent dure), « elle s’est montré authentique et terre-à-terre. Sa confiance et sa bravoure étaient convaincantes. » Elle a aussi utilisé l’humour et le sarcasme a bon escient, surtout lorsqu’elle s’est payé Barack Obama. Et oui, Palin est une torpille lancée à la figure de Barack et de Michele Obama, coupables à ses yeux de faire partie de « l’élite ». Cette mère de cinq enfants semble, pour ses partisans, incarner les valeurs familiales. Selon un sondage (réputé fiable) du Centre Pew pour la religion et la vie publique publié le mois dernier, sur le plan des valeurs « l’électeur moyen est plus proche de McCain que d’Obama ». 49 % des personnes interrogées se trouvent « conservateurs » sur les « valeurs morales » tandis que seulement 20 % se disent « de gauche » sur ce plan. Toujours selon ce sondage, la moitié identifient Obama comme étant « de gauche » tandis que 6 sondés sur 10 perçoivent McCain comme « conservateur. »

Palin affirme qu’elle incarne les valeurs de la « small-town America », l’Amérique des bourgades. Mais avec elle, c’est le retour de la « guerre culturelle » si chère au démagogue d’extrême-droite Pat Buchanan, dont Palin a soutenu la candidature en 2000 qui est relancée. En cherchant à dynamiser la base républicaine et à rehausser son taux de participation à l’élection avec le choix de Palin, l’état-major de McCain compte motiver les troupes pour qu’elles votent également lors des référendums obligatoires qui se tiendront en novembre, en même temps que l’élection présidentielle.

Sur 112 référendums organisés dans différents Etats, les questions de « valeurs morales » dominent. En Californie, en Floride et en Arizona, les électeurs doivent se prononcer sur l’interdiction du mariage gay. Dans le Colorado, un Etat qu’Obama espère rafler, mais aussi dans le Dakota du Sud, l’enjeu des référendums sera de déclarer illégal l’avortement. En Arizona, dans le Nebraska et le Colorado il s’agira d’interdire la « discrimination positive » envers les minorités raciales. Et ainsi de suite… Mais parier que ces questions l’emporteront sur les profonds soucis économiques en cette période de crise pour convaincre les électeurs de voter pour le ticket McCain-Palin est plus que risqué : le danger est de s’aliéner les modérés et les indépendants.

Les sujets de fond absents du discours de Palin

Reste donc à savoir si Sarah Palin saura se montrer aussi convaincante sans un discours qu’elle lit sur prompteur. Jusqu’ici et sur ordre des stratèges de McCain, elle vit dans une bulle et protégée des médias. Résultat, elle n’a pas tenu de conférence de presse et n’a pas subi une seule question de la part d’un journaliste (exceptée une interview avec le magazine People où les questions étaient gentillettes et apolitiques.) Son discours à la convention n’a pas abordé l’Irak, l’Afghanistan, le Pakistan, l’éducation, les programmes de santé publique et bien d’autres questions brûlantes d’actualité. A l’avenir, sera-t-elle en mesure de fournir, spontanément, des réponses crédibles ?

Chaque jour, les médias sortent quelque chose d’inquiétant sur elle. Par exemple, dans le passé, Palin était une supportrice du mouvement sécessionniste Alaska Independence Party, qui prônait de quitter les Etats-Unis et dont le slogan était « L’Alaska d’abord. ». Voilà qui est plutôt embarrassant pour la colistière de McCain et son slogan « Le pays d’abord. » Il ne reste que soixante jours dans la campagne pour découvrir si elle saura improviser devant les journalistes ou si elle se transformera en bombe à retardement qui fera voler en éclats les espoirs Républicains.

En attendant, le discours de Palin a fait un tabac. Il a été vu à la télévision par 37 millions de téléspectateurs, soit un million de moins que pour celui d’Obama lors de la Convention démocrate. S’il est encore trop tôt pour connaître l’impact du choix de la gouverneure d’Alaska sur la course à la présidence, on relève tout de même un premier indice. Un nouveau sondage CBS publié le 4 septembre et réalisé pendant les trois premiers jours de la Convention républicaine (il s’agit du premier sondage national après le choix de Palin) montre que McCain et Obama sont à égalité avec 42 % chacun. Dans le sondage CBS de la semaine dernière (donc avant le choix de Palin), Obama était nettement en tête avec 48 % contre 40 % pour McCain. Une baisse très très inquiétante pour les démocrates.

À lire ou relire sur Bakchich.info

Entre le discours lumineux de Barack Obama à la convention démocrate et le choix d’une Chrétienne intégriste et ex-adepte d’un leader d’extrême-droite comme colistière par John McCain, la campagne présidentielle prend une nouvelle (…)
La convention du Parti démocrate a débuté le 25 août à Denver, dans le Colorado, et s’est achevée cette nuit par le discours de Barack Obama qui a officiellement accepté d’être le candidat démocrate à la présidentielle américaine. Barack Obama s’en est (…)
En chute libre dans les sondages, Barack Obama n’a pas choisi Joe Biden par hasard au poste de candidat à la vice-présidence. Une décision stratégique donc, mais qui ne l’exempte pas de reprendre en main sa campagne, devenue sacrément (…)
Le républicain John McCain s’est embourbé dans une campagne mollassonne et multiplie les gaffes qui font le miel des comiques télé.

AFFICHER LES
10 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Sarah Palin, superstar républicaine !
    le mardi 9 septembre 2008 à 13:21, laplote a dit :
    Image and video hosting by TinyPic http://laplote.over-blog.fr/
  • Sarah Palin, superstar républicaine !
    le dimanche 7 septembre 2008 à 21:57
    Je tiens à saluer les articles de ce Doug Ireland qui permettent de suivre, plutôt avec finesse, la campagne américaine. Est ce dû au lignage particulièrement long ou à un regard qui ne verse pas dans la mode pro Obama (même si on peut souhaiter qu’il gagne !), ce qui n’apporte rien et risque de causer une grande désillusion. Les analyses de sondages quali ou quantitatifs à l’échelle des Etats clés éclairent particulièrement. Bon courage M Ireland et souhaitons que bakchich lui permette de continuer de faire deux à trois papiers par semaine de cette eau
  • Sarah Palin, superstar républicaine !
    le dimanche 7 septembre 2008 à 19:24, Didier grassineau a dit :

    Ils sont mal barrés les Américains pauvres avec Palin Une Nana qui est contre l’avortement, pour les armes, pour aller polluer l’Alaska pour polluer plus. Qui a dit que c’est dieu qui a envoyé les militaires en Irak,

    Je suis rassuré vu comme elle a éduquée sa fille qui a 17 ans ! Du grand n’importe quoi ! Que se passera t’ il si Mac Cain meurt ? avec une créationiste pareille ? Elle est capable d’envoyer des bombes nucléaires en se disant que dieu protègera les bons !

    Malheureusement Obama est noir c’est là son pire défaut et je crains qu’une majorité de blancs et latinos ne votent pas,ou pas pour lui !

    L’avenir est sombre et ce n’est pas notre petit excité qui va arranger les choses !

  • Sarah Palin, superstar républicaine !
    le dimanche 7 septembre 2008 à 19:11, waldo a dit :
    Palin, c’est une sorte de Boutin, mais baisable. Sinon, elle est assez grave.
  • Sarah Palin, superstar républicaine !
    le dimanche 7 septembre 2008 à 12:56, cbilodeau a dit :

    Vous dites que l’assistance était incroyablement blanche laissant insinuer un certain racisme peut-être ?

    Pour ma part j’estime que le vote de droite est souvent le résultat de la maturité, donc de l’âge ou de l’expérience du monde des affaires.

    Les noirs américains sont encore majoritairement moins riches que les blancs et donc traditionnellement plus à gauche en raison du besoin de mesures sociales. C’est le même phénomène qui se produit avec les francophones au Québec qui est probablement l’état le plus pauvre d’Amérique du Nord et pourtant les francophones du Québec sont majoritairement blancs.

    Merci

0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte