Dix-sept ans que les Marseillais effeuillaient en vain la marguerite, taquinant les trophées sans jamais s’en emparer. Jusqu’à mercredi soir.
La Marguerite n’avait guère plus de pétales. Dix-sept ans que les Marseillais l’effeuillaient en vain, draguant les sommets du championnat de France, taquinant les trophées sans jamais les prendre en main. Et ses promises souriaient avant de s’enfuir en catin. Capricieuse, volage, instable, l’Olympique de Marseille est une infâme maîtresse. De celles qu’on ne peut quitter. Une passion. Pas une équipe, l’OM. Pas le football, le ballon. Des nuances que jamais les profanes ne comprendront, et qu’il serait vain d’expliquer.
À moins de découvrir ce bar, perdu dans l’ennemi Paris. Quartier mi-populaire, mi-bobo. Si loin de la plus belle ville du monde. Une grande salle, tout au fond du rade. Des lascars, des jeunes actifs, des pères de famille avec leurs minots. Qui s’agitent. La retransmission bugue, le public a raté le premier but. Dix minutes devant l’écran géant noir puis des cris à chaque action de cet OM-Rennes si crispant. Coups de fil venus de New York, de Tel-Aviv, de Dakar. Les exilés frissonnent en voyant se dessiner la victoire. Le titre de champion. Enfin.
Et une, et deux, et trois mauresques… Pour rappeler les chants des mouettes marseillaises. « Mais il pleut, non, à Marseille ? » ose un novice. Non, il ne pleut jamais à Marseille. Mais le Vélodrome a pleuré de joie, d’étreindre enfin sa belle. Et les larmes, de la Bonne mère jusqu’aux Aygalades, couleront comme le pastis.
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