Engorgée par un fleuve de purin à l’algue verte, la Bretagne n’en peut plus de l’urine de porc et des élevages "écologiquement intensifs". Mettons les pieds dans la boue du Maine-et-Loire.
La France, c’est déjà la Grèce. Mais on le cache. Citons une anecdote, elle ne ment pas : Marc Cabane, le préfet de Maine-et-Loire, et Bernard Hagelsteen, celui de la région Pays de la Loire, n’ont plus un timbre-poste. Voilà presque un an que des citoyens ordinaires, vivant autour de la ville de Candé (Maine-et-Loire), attendent une réponse à leur courrier. Inquiets qu’ils sont de la multiplication des élevages industriels à leur porte, ces manants ont écrit à ces merveilles de l’administration. Des hommes verts puisque des feuilles de chêne poussent sur leur casquette. Pour avoir appris la démocratie auprès d’Olivier Guichard, dit « le Grand Méchant mou », Cabane pratique le dialogue par le silence. Quant à Hagelsteen, il a été muté à la Cour des comptes. Où il va surveiller les timbres.
Civiques, approuvons nos économes préfets. La situation des Candéens n’est pas grave, rien que sept millions de litres de lisier, ceux que les éleveurs vont épandre sur leurs jolis prés verts. Engorgée par un fleuve de purin à l’algue verte, la Bretagne n’en peut plus de l’urine de porc. Alors, le cochon, on le délocalise en Maine-et-Loire et Loire-Atlantique. Ainsi, à l’initiative de Terrena, un trust agroalimentaire, le bourg de Candé se retrouve encerclé par un mur de cochons. Entrelardé, ce gentil peuple se pose la question : « Pourquoi le porc est-il mauvais pour la Bretagne et bon pour l’Anjou ? » Question révolutionnaire dans un coin où on vote à droite, genre Bachelot, depuis 1789.
Terrena, entreprise qui a réalisé 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2009, peut-elle agir pour autre chose que pour que le bonheur soit dans le pré ? Elle qui se présente comme résolue à une « agriculture écologiquement intensive » (sic) ? Cette boîte, donc, a financé à coups de millions ces nouveaux « élevages ». Afin de fourguer aux paysans les aliments, les vaccins et médicaments nécessaires, puis de vendre la viande en bout de chaîne. Dans l’opération, « l’éleveur » va gagner un tour de reins et deux kopeks. L’important pour Terrena n’est pas le saucisson final, mais la vente du « kit d’élevage » : la bouffe et les drogues du cochon.
Ainsi, de tranquilles campagnards UMP se retrouvent avec des millions de litres de lisier dans le paysage ! Un coup à les faire voter enragé, genre Nouveau Centre.
La morale : savoir que, tel le nuage de Tchernobyl, le miraculeux lisier Terrena file sans gâcher la terre ou l’eau. Jean Daubigny, préfet de Loire-Atlantique, doté enfin de vignettes postales, précise aux inquiets : « Toutes les parcelles du plan d’épandage sont situées en dehors du bassin versant de la nappe captée. » Daubigny sait de quoi il parle : n’est-ce pas dans les préfectures qu’on déverse le lisier ?
Dans le Finistère, on a trouvé la solution !
Le paysan doit avoir une ratio production de liser/terres épendables afin de ne pas polluer. Il a donc ses 5 Ha autour de sa production de "pemoc’h", mais ce n’est pas suffisant pour son épandage… Alors, il se murmure dans les monts d’Arrée que les paysans achètent des terres dans les landes afin d’avoir leur bon ratio. Mais comme ces terres sont à plusieurs dizaines de kilomètres du lieu de production, il épand TOUT sur ses 5 Ha. Les korrigans peuvent donc être tranquilles… :)
Kenavo !