Vincent Bolloré mis en examen pour corruption au Togo ? Une intox qui a émoustillé la presse parisienne la semaine dernière et dont l’origine reste douteuse
Emoi dans les rédactions parisiennes la semaine dernière, « Vincent Bolloré serait mis en examen au Togo pour tentative de corruption ». Le grand patron français aurait tout simplement voulu soudoyer le président de la Cour suprême togolaise, le juge Tekoe. Un bakchich de 50 millions de francs CFA contre l’aide du juge dans la guerre des ports qui oppose Bolloré à son ancien salarié Dupuydauby.
Pour ce « marché », quatre cadres du groupe, dont le vice-président Gilles Alix, ont même passé quelques jours au mitard, début avril à Lomé. Et n’en sont sortis que moyennant une caution de 100 millions de Francs CFA chacun.
Bref, une histoire en or à faire frétiller la plume de n’importe quel journaliste.
Manque de bol, la réalité de la tentative de corruption s’avère plus que douteuse. Dès le 4 avril, le brave juge Tekoe a démenti tout incident dans un journal de Lomé. Les convocations bien réelles elles, sont datées du 12 septembre, pour comparution le 20 et quelques peu elliptiques. « Le nommé Vincent Bolloré président directeur général du groupe Bolloré, demeurant à Paris est invité à se présenter devant le doyen des juges d’instruction »…Ni motivation, ni statut du convoqué. Renseignement pris, si les cadres du groupe étaient bien appelés à comparaître devant un juge d’instruction togolais en tant que mis en examen, Vincent Bolloré n’était lui que convoqué au titre de témoin. Et au final, ces convocations ont été annulées dès leur émission. Une requête en nullité de procédure a été déposée par les avocats du groupe Bolloré, rendant caduques de fait la procédure.
Bref, les journalistes tout émoustillés se sont rendus compte que leurs tuyaux étaient percés. Et plus dure a été la chute pour un auguste investigateur, son papier prêt à envoyer à l’imprimerie. Tout pimpant le brave reporter a du se raviser après un coup de fil aux avocats de Bolloré et aux juges de Lomé…
Une question demeure en suspens. Quid de la source fallacieuse ? Bien introduit dans les rédactions parisiennes, et proche de Dupuydauby, l’ancien M. Afrique de Jacques Chirac, Michel Dupuch jure grand dieu à Bakchich « qu’il n’est au courant de rien ». « D’ailleurs cela fait dix-huit mois que je ne travaille plus pour Dupuydauby ». Le sympathique conseiller a pourtant séjourné à Lomé durant l’été, au plus fort de la guerre Dupuydauby-Bolloré. Sûrement pour prendre du bon temps.