L’administration Obama n’est pas plus fréquentable que celle de Bush sur l’Afghanistan.
Barack Obama a bon dos. Et Nicolas Sarkozy, de la chance. Les Etats-Unis sont plus « vendables » aux Français que du temps de l’administration Bush, marquée par son conflit des civilisations, ses prisons de Guantanamo, sa guerre en Irak….
Etre avec l’Amérique d’Obama est plus populairement correct pour un président français qui cherche à faire passer la pilule sur les sujets de politique étrangère qui fâchent en France, mais qui plaisent outre-atlantique.
Et la bonne nouvelle, c’est la continuité de la politique américaine sur le dossier afghan, venue conforter le choix de « rupture » voulu par le président Sarkozy. Comme le controversé renforcement de la présence française en Afghanistan pour « pacifier » aux côtés des Américains, demandé par Bush et soutenu aujourd’hui par Obama. Ou encore le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, annoncé sous administration Bush, qui à défaut de rassembler les rangs de la droite, réjouit d’avance Obama. Mais il y a un hic.
Voilà qu’Obama, à la recherche du « changement » pour lequel il a été élu, se prend à piquer des idées à Bush qui, pour le coup, ne ravissent pas vraiment ses alliés – et moins encore le président Sarkozy. Pour avoir une chance de gagner un jour la guerre en Afghanistan, « ce nouveau front du terrorisme », a lancé le président américain, il faut parler avec les Taliban. Mais attention ! Pas n’importe lesquels : les « moins extrémistes d’entre eux », les « modérés ». Autrement dit, les extrémistes modérés…
Ceux qui, selon la cartographie dressée par l’émissaire américain pour l’Afghanistan d’Obama, Richard Holbrooke, se cacheraient dans les « 70% » des Afghans qui sont avec les Taliban « pour l’argent » avec ceux, tapis dans les « 25% qui ne sont pas tout à fait sûrs de l’intensité de leur engagement » et donc potentiellement réversibles, et contrairement aux « 5% » restants, totalement irrécupérables. Au président afghan Karzaï de faire le tri…
Pour « vendre » cette idée aux Ambassadeurs des 26 pays membres de l’OTAN réunis le 10 mars dernier à Bruxelles, le vice-président américain, Joe Biden, a fait valoir le « succès » de la stratégie américaine en Irak initiée fin 2006 : dissocier les « bons » insurgés sunnites des terroristes sunnites d’Al-Qaïda, en aidant financièrement les premiers à combattre les deuxièmes, via les milices du Conseil du Réveil (As-Sahwa) créé par les Américains dans cet objectif. Sauf que l’Irak n’est pas l’Afghanistan, et que les insurgés Taliban ont de l’expérience à revendre dans le domaine de la lutte contre l’occupant.
De quoi faire s’étrangler Nicolas Sarkozy, pour qui une telle perspective revient à « ouvrir un dialogue avec des gens qui ont amputé d’une main une femme parce qu’elle avait mis du vernis à ongles, ont empêché des millions de petites jeunes filles d’aller à l’école, qui ont mis à terre des bouddhas qui avaient plusieurs siècles d’histoire, qui lapident la femme prétendument adultère », comme il l’avait affirmé, révulsé, sur les écrans de télévision en avril 2008, pour justifier l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. Alors, « si c’est pour discuter avec cette équipe-là, je pense qu’on aurait pas grand-chose à se dire ». Allez donc faire la différence entre « des hommes qui font un véritable djhad contre l’Occident et d’autres qui portent une idée d’un islam total dans leur pays », vient de renchérir le Ministre français de la défense, Hervé Morin, ce 17 mars.
Même son homologue allemand, Joseph Jung, dont le parlement a autorisé, cette semaine, son gouvernement à augmenter les effectifs militaires en Afghanistan, a exprimé son scepticisme à l’égard du nouveau dada dialoguiste des conseillers d’Obama. A ses yeux, ce dernier requiert « la plus grande circonspection », au vu « des efforts menés dans le passé » dans ce sens, déployés par le gouvernement Karzaï dans le sud de l’Afghanistan, et qui n’avaient conduit qu’à relancer la violence.
Un argument repris par le centre de recherches International Crisis Group (ICG) dans son dernier rapport consacré à l’Afghanistan diffusé le 13 mars dernier, qui s’alarme de la relance d’une option dialoguiste qui a déjà démontré son « inefficacité » voire sa « contre-productivité », car les précédents accords de paix entre le pouvoir et les rebelles ont déplacé les attaques des rebelles « vers d’autres cibles, en particulier les civils non armés ». En revanche, « quand les citoyens percevront l’Etat comme légitime et capable d’assurer la sécurité, une bonne gouvernance et un Etat de droit, alors seulement les Afghans seront en mesure de résister aux pressions et à l’influence des djihadistes », recommande à juste titre ICG. Pas demain la veille…
Quant aux principaux intéressés, ils ont déjà tranché. « Ce qui est vrai aujourd’hui, le sera encore dans 3 000 ans : les Taliban n’entreront jamais dans un quelconque dialogue [avec le gouvernement afghan] tant que les forces étrangères seront présentes dans notre pays », a fait savoir le 16 mars, par voie de presse, « au nom de notre chef, le Mollah Omar », l’un des porte-paroles du mouvement taliban.
En attendant, « nous mènerons le djihad et continuerons la résistance aussi longtemps que les forces étrangères seront présentes en Afghanistan ». Et Richard Holbrooke peut toujours essayer de chercher des modérés chez les extrémistes, car « Il n’y a qu’un seul mouvement Taliban, comme il n’y a point d’autre Allah qu’Allah ».
Lire ou relire sur Bakchich.info :
Je trouve que vous aviez bien fait votre travail en mars, surtout en lisant cela ces jours-ci :
Le 17 novembre 2009, 07h05 ; LeMatin.ch & les agences.
Les soldats britanniques pourraient acheter les Afghans tentés d’être recrutés par les Taliban. C’est ce qui ressort d’un manuel d’instructions militaires publié mardi par le "Times".
Ont a essayé mais ont à pas pu =(Qu’à cela ne retienne)= ont entre par la petite porte ; la GB !