Alors que les photos publiées par « Paris Match » des talibans ayant massacré les soldats français le 18 août en Afghanistan continuent de faire des remous, « Bakchich » s’intéresse à la façon dont les Talibans communiquent. Portes-parole officiels, communiqués, newsletter, sites web, boîte de production, maison d’édition… Leur panoplie de communicants est complète.
Le reportage publié le 4 septembre par l’hebdomadaire Paris Match avec les photos du « commando qui a abattu nos dix soldats » et l’interview du chef justifiant l’opération du 18 août, est une nouvelle embuscade tendue par les Talibans aux « forces françaises d’occupation ». Et là encore, c’est l’ennemi taliban qui apparaît le mieux préparé. Normal, voilà des années qu’il se rôde à l’exercice. Au point d’avoir élaboré une véritable machine de guerre à faire pâlir d’envie les communicants de l’OTAN et de l’armée française.
Très maîtrisée, la communication talibane s’appuie sur différentes structures éclatées, mais toutes coordonnées entre elles. Elle est une composante essentielle de leur stratégie d’action : rester invisibles entre deux combats, mais ne jamais se faire oublier. Pour toujours gagner « la bataille des cœurs et des esprits ».
Aussi toute opération menée par chacune des brigades en Afghanistan fait-elle scrupuleusement l’objet d’une « main courante » : lieu et heure de l’action, armes utilisées par l’ennemi et les combattants, description du combat et bilan des victimes des deux côtés. Des éléments précieux qui sont ensuite transmis à la « Commission de la communication de l’Etat islamique d’Afghanistan - Taliban ».
Chargé du traitement de l’actualité « chaude », cet organe est doté d’un porte-parolat bicéphale : Qari Mohammad Youssef Ahmadi, qui gère l’actualité du front pour la région ouest du pays, et Zabih Allah Moudjahid, pour la région est. Les communiqués qu’ils rédigent — très dépêches d’agence de presse — sont ensuite immédiatement mis en ligne sur le site internet du groupe ou sur les forums électroniques « amis » (pro-talibans et djihadistes) en pachtou et en arabe. Il permet à chaque brigade sur le territoire et, au-delà, à tout sympathisant, « mécène » ou future recrue, de se tenir informé en temps quasi réel.
Les journalistes aussi, qui peuvent toujours contacter l’un ou l’autre des porte-paroles, lequel se fera un plaisir de démentir les bilans « mensongers » annoncés par l’ennemi : leurs numéros de téléphone fixe et portable, rappelés en bas de chaque communiqué, en ont fait des figures bien connues des correspondants de la presse régionale ou des chaînes satellitaires pan-arabes comme Al-Jazeera…
En parallèle, le « Centre de communication de l’Emirat islamique » gère lui le « lourd ». Il rassemble la double fonction de maison d’édition et de société de production, marquées toutes deux du logo « Somood » (« Résistance »). Il publie ainsi tous les mois une revue électronique en version arabe et pachtou, qui traite de « l’actualité de l’ennemi », recense l’ensemble des opérations menées au cours du mois, analyse la situation du djihad dans le monde… Sans oublier d’interviewer à chaque fois un opérationnel sur ses conseils opérationnels et ses « retours d’expérience ». Un peu la version talibane des publications comme « Air actualités » ou « Terre magazine » produites par le SIRPA, le service d’information des armées françaises…
Par exemple, le dernier numéro – n° 23, déjà ! - sorti en août dernier est titré « Les frappes intenses des moudjahidines font échouer la stratégie américaine ». Il revient longuement sur la visite du candidat Obama en Afghanistan, préconise « une nouvelle stratégie : concentrer les attaques contre les croisés renégats au cœur de leurs tanières ».
Côté vidéo, une autre équipe récolte les rushes des moudjahidines cameramen « embedded » (embarqués) dans les brigades sur le terrain et en assure le montage ainsi que la post-production. Puis elle diffuse le film fini sur les forums et autres sites amis - mais aussi « ennemis », comme Dailymotion ou YouTube. Il ne reste plus aux Talibans que d’organiser des voyages de presse…
Lire ou relire sur Bakchich :
Il y aura bientôt un mois que 10 soldats français sont morts dans une embuscade en Afghanistan. L’évènement a marqué les esprits dans un pays qui a oublié ce qu’est la guerre. Curieusement, mais je ne suis pas sur le terrain et peut-être l’information me fait-elle défaut, curieusement donc, les conséquences ne se sont manifestées que sur le terrain de la communication. Je ne parle pas ici des cérémonies militaires ni de l’hommage rendu aux morts. La République enterre bien, et c’est le moins qu’elle puisse faire quand elle envoie ses soldats au feu.
Mais après, qu’avons-nous vu ?
Un ministre faire des déclarations ampoulées pour ne pas prononcer le mot "guerre", des généraux pousser des coups de gueule jamais osés quand ils étaient en poste, des experts venir "décrypter" un cas d’école de la "guerre asymétrique", des amateurs - certainement éclairés - disserter à l’infini sur les conditions de l’embuscade, un pouvoir qui promettait des enquêtes, des retours d’expérience, etc. Quant à une réaction militaire rapide et efficace, point… (Et qu’on évite d’invoquer une prétendue "raclée" que la bande adverse aurait reçue. Si "raclée" il y avait eu, les services de communication de l’armée auraient organisé la médiatisation du "bilan".)
Pendant ce temps, deux journalistes - qui faisaient leur travail - retrouvaient les assaillants. Ils réalisaient une interview, faisaient des photos, bref, faisaient leur métier comme ils le font depuis plusieurs années. Enfin, ils publiaient leur reportage. Le ministre de la Défense réagissait alors avec son énergie légendaire et sa perspicacité coutumière pour accuser à mots couverts les journalistes de "pactiser avec l’ennemi" en publiant une interview. ("Ennemi" avec lequel, rappelons-le, nous ne sommes pas en guerre) En outre, il se livrait avec brio à une analyse de laquelle ressortait que les Talibans (appelons-les ainsi pour faire simple) avaient compris qu’on "était dans l’ère de la communication". Depuis ? Autorités civiles et militaires (et bientôt "morales") se relayent pour dénoncer le "voyeurisme" des journalistes.
Quant à une réaction militaire efficace contre ces assaillants, toujours point…
Je ne sais pas exactement pourquoi nous sommes en Afghanistan. Et, manquant d’informations, je n’ai pas d’avis sur ce sujet. Comme je suis un bon citoyen, je me dis simplement qu’un gouvernement élu démocratiquement agit dans l’intérêt général. Donc, je ne tirerai pas la conclusion qu’en ce moment, "l’intérêt général" vu par notre gouvernement commande de s’en prendre à des journalistes plutôt qu’à des Talibans. Je ne déduirai pas non plus qu’il est plus facile de pontifier que de gagner des "opérations de pacification", ce serait trop facile.
Mais tout de même, je me dis, qu’en ce moment, il y en a qui doivent doucement rigoler dans leurs grottes…
Nous sommes en Afghanistan avec 25 autres démocraties, en vertu d’un mandat explicite et unanime de l’ONU pour le faire.
Ce mandat a été obtenu suite au refus du "gouvernement" taliban d’expulser Ben Laden et son gang qui menaçaient et menacent toujours les pays occidentaux et les pays arabes qui n’adhèrent pas à leur "idéologie" délirante.
Nous défendons donc là-bas nos Libertés, notre Démocratie, et d’une façon générale les Droits de l’Homme.
Par ailleurs nous défendons également les Droits du peuple afghan face à une bande de brutes pachtounes et mercenaires étrangers d’Al Qaîda qui veulent à nouveau régner en maître dans ce pays en y opprimant les autres peuples.
En ce moment même les mêmes tribus pachtounes abruties par la religion, fanatisées par des manipulateurs sans scrupules se livrent aux mêmes massacres sur le territoire pakistanais.
Vous seriez donc aimable d’arréter le méli-mélo entre l’Irak et l’Afghanistan, la France s’est opposée à l’aventure américaine en Irak mais elle peut et doit combattre pour ses libertés et son mode de vie en Afghanistan.
Les français ne sont pas prêt à courber l’échine devant la bande de tueurs d’Al Qaïda, dites vous le bien.
Ben Laden et sa clique rejoindront dans les poubelles de l’histoire les Hitler, Staline, Pol pot, Saddam Hussein, Franco, Mussolini et autres Mao-tsé-toung.
et un point godwin pour le monsieur qui avec ses petits doigts a pianoté sur son clavier
"nos Libertés, notre Démocratie, et d’une façon générale les Droits de l’Homme."
en soutenant un regime qui condamne à mort un journaliste Perwiz Kambakhsh, pour Blaspheme http://www.rfi.fr/actufr/articles/097/article_61847.asp
Le tribunal afghan n’a fait qu’appliquer l’article 3 de la Constitution afghane, q« aucune loi ne peut être contraire aux principes sacrés de l’islam ». C’est donc ce genre de régime et de lois que « notre gentille armée » essaie de mettre en place et de consolider avec sa « mission humanitaire »
Mais si vous y croyez vraiment joignez le geste à la parole .. engagez vous mon brave !!
"Les français ne sont pas prêt à courber l’échine devant la bande de tueurs d’Al Qaïda, dites vous le bien."
On en reparle dans quelques mois …
Apres les anglais, les russes, .. ben les américains et consorts. ..meme pas sur qu’on tienne plus longtemps que les russes !!
Les pachtouns sont loin d’être unanimes dans leur soutien à ces fascistes…
Karzaï est un pachtoun.
Gardons la tête froide :
"Les français ne sont pas prêt à courber l’échine devant la bande de tueurs d’Al Qaïda, dites vous le bien."
Si l’on suit l’actualité du pays (et du conflit) et si on regarde une carte en m^me temps, les négociations avec certains chefs locaux devraient un jour se faire. Alors ne t’enflammes pas : les politiques disent "barbares" un jour pour t’enflammer, et "acteurs de la négociation pour la paix" un autre ! et là tu te sentiras un peu seul ! Mais bon… Plus sérieusement : on ne sait tjrs pas ce qui va se négocier, ce que Karzaî veut vraiment, et pour finir je pense qu’il vaut mieux une force militaire sur place pour négocier sans se faire avoir.