La crise a coûté 55 milliards d’euros de recettes fiscales mais le chef de l’Etat a martelé mardi à Toulon son antienne à la veille des régionales : "pas d’augmentation d’impôts" et "pas de plan de rigueur".
Un an après son discours de Toulon en pleine crise bancaire, Nicolas Sarkozy est revenu mardi 1er décembre dans le Var pour s’autosatisfaire du bilan de son plan de relance, qui a permis à l’économie française de "mieux résister" que celle de ses voisins.
"Le temps n’est pas à l’autosatisfaction alors que le chômage continue d’augmenter et que tant de nos compatriotes se battent dans les difficultés", avait pourtant prévenu le chef de l’Etat.
Si la crise a coûté 55 milliards d’euros de recettes fiscales à la France, le chef de l’Etat a martelé son antienne à la veille des régionales : "pas d’augmentation d’impôts" et "pas de plan de rigueur".
La crise, un argument multi-tâches ! Pas question en revanche du "bouclier fiscal", un vrai dispositif anti-impôt et anti-rigueur pour les très riches. Et une autre promesse non tenue, car qui déclarait en 2007 "il faut nettoyer les niches fiscales qui rendent notre système opaque et inégalitaire" ? Sarkozy Nicolas. Résultat : le bouclier fiscal et les niches coexistent…
Enfin, pas pour tout le monde, car le temps de se mettre au travail, et par 57 votes pour et 25 contre, nos députés sont enfin passés à l’acte : les accidentés du travail vont enfin payer un impôt sur les allocations, celles qu’ils touchent quand ils sont sur le billard ou en réanimation. Et voilà une inégalité en moins !
Il en faut du courage pour voter une décision aussi salutaire, pour chercher des niches fiscales chez les plus pauvres des salariés. Et ça tombe bien, du courage, la majorité n’en manque pas. Les ouvriers agricoles ou qualifiés, les manutentionnaires ou magasiniers, paresseux et trop gras, sont enfin sortis de leurs niches. Bénéfique puisque cette population, si maladroite et pas très bien à gauche, est la plus sujette aux accidents.
Dommage, à l’exception des assistantes maternelles et des aides à domicile -qui ont peu de raisons de se blesser- qu’elle soit aussi la moins payée. Les mesquins font remarquer que la mesure ne va rapporter que 175 millions alors que le global de la niche est de 74 milliards. Puisqu’il faut bien commencer par un bout, la sagesse est de ne pas désespérer Neuilly.
Bien sûr qu’il aurait été plus rentable de taxer les contribuables de la ville que le Président porte au cœur. N’ont-ils pas assez de soucis avec le CAC en quarantaine ? À Neuilly-sur-Seine prenons le cas des contribuables les plus aisés, les 6 886 ménages qui ont déclaré des revenus, de toutes natures, d’un montant global de 2,37 milliards d’euros, soit une moyenne de 344 000 euros par foyer. Pour écrire avec de la sueur, parler vulgaire, c’est 238 fois supérieur au salaire annuel des ouvriers agricoles, la profession la plus touchée par les accidents du travail.
Chaque année ces opulents meurtris, trois fois par an, devraient faire de gros chèques au Trésor. Heureusement pour Porsche, de multiples niches fiscales aident les riches à le rester plus. Prenez ce noyau d’or, ces 6 886 foyers les plus aisés… Eh bien, seuls 6 839 ont payé des impôts. Ce qui nous montre que 47 d’entre eux n’ont pas versé un kopek, en investissant dans les forêts, l’immobilier de loisir et autres petits bonheurs. Il n’y a pas que ces fumiers de Rmistes qui ne paient pas d’impôts.
Mais les 6 767 qui ont partagé avec le fisc le ghetto des riches, le font avec parcimonie. Des 2 milliards 357 millions d’euros perçus, les Neuilléens ne se sont démunis que de 507 millions, adressés au Trésor Public. C’est, en moyenne, 21,51 % des revenus déclarés, et 74 000 euros par foyer. Mystère de l’évaporation fiscale, un ménage moyen, avec deux enfants, qui n’aurait bénéficié d’aucune niche aurait payé, lui, 113 000 d’euros… Manque à gagner, 266 millions. Bien plus que ce que Copé et ses amis veulent dérober aux travailleurs blessés.
Taxer un poil de plus les français, ceux qui ont un profil fiscal à la Neuilly ? Impensable. Si Eric Woerth est pour, il doit fermer sa gueule et c’est Christine Lagarde qui monte au créneau pour protéger les électeurs de la famille du Président. Les OS, les ouvriers agricoles peuvent bien casquer, avec la main qui leur reste : les niches ne sont pas faites pour ces chiens. Rien que les laisses.
Lire ou relire dans Bakchich :
C’est clair qu’à Neuilly, il ne doit pas y avoir beaucoup d’habitant(e)s accidenté(e)s du travail…
Le bouclier fiscal, les niches fiscales, conjugué au honteux ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, sont les plaies de la France… !!