Nadine Morano en a marre des ragots… La secrétaire d’Etat veut donc instaurer une police du web. Avant Internet, on se débrouillait pourtant très bien pour colporter les pires rumeurs.
Au moins, Nadine Morano a de la suite dans les idées. La très décomplexée Secrétaire d’Etat à la Famille s’en est pris une fois de plus à Internet, coupable selon elle d’être à l’origine des rumeurs sur le couple Sarkozy.
Nadine Morano répondait à Christophe Barbier ce jeudi matin sur LCI : « Moi j’ai toujours pensé que par rapport à ce monde du réel que nous avons à ce monde du virtuel qui maintenant existe dans nos vies, il faudrait nous organiser de manière internationale parce que Internet n’a pas de frontières, nous n’avons pas les mêmes législations. Et ce que l’on y trouve et à la fois fabuleux et profondément dangereux. Au delà des rumeurs ou des blogs, qui sous couvert d’anonymat, déversent un torrent de boues, d’insultes, d’injures et de mensonges, je crois qu’il nous faudra un jour une police internationale d’Internet. »
Le souhait de Morano n’est pas nouveau (le zélé porte-parole UMP Frédéric Lefebvre a déjà tenté d’instaurer un G20 du net) ni très surprenant. La Secrétaire d’Etat chargée de la Famille était à l’initiative du spot volontairement anxiogène sur les dangers du web présentant les pires clichés de la toile (voir ici), s’était lâchée sur les dangers permanents d’Internet et avait lancé à un journaliste de Rue89 : « la caricature, plus qu’internet, tu meurs ! ».
A plusieurs reprises, le gouvernement s’est exprimé sur tout le bien qu’il pense d’Internet (voir un gouvernement pas très net sur Bakchich.tv). Jeter l’opprobe sur le web qui serait le point de départ des rumeurs est d’ailleurs un sport national en ce moment.
Le grand méchant Twitter et ces saligauds de blogueurs sont d’ailleurs dénoncés par d’éminents journalistes comme Christophe Barbier (ici), Jean-Michel Aphatie (là) ou Laurent Joffrin, pris d’un « dilemme », mais qui explique Pourquoi Libé ne donne pas les noms et Pourquoi Libération ne reproduit pas les rumeurs sur la vie privée de Sarkozy… Ces attaques répétées des médias traditionnels contre les ragots qui viendraient du web alors qu’ils circulent dans toutes les rédactions parisiennes depuis des mois sont d’ailleurs fort bien analysées sur le blog de Nicolas Obrist et de Guy Birenbaum.
Le web, encore une fois coupable de tous les maux… Comme dans pas mal de reportages télés qui présente le web sous un côté très obscur. Extrait de "Complément d’enquête" sur France 2, le 1er décembre 2008 :
C’est vrai qu’avant le web, on n’entendait pas ce genre de cancans ! Les conversations de comptoir, les « élucubrations » en tout genre se véhiculaient aussi bien. Certaines avaient même un impact mondial. L’une des plus célèbres rumeurs avait débuté à Orléans dans les années 60. Pendant l’été 69, un bruit nauséabond court sur la disparition de femmes dans les cabines d’essayage de magasins tenus par des juifs. La rumeur sert de prétexte à une vague d’antisémitisme. Les démentis officiels successifs des autorités (il n’y avait pas eu la moindre disparition suspecte dans les environs) n’ont pu mettre fin à la rumeur. Le sociologue Edgar Morin avait expliqué son origine par une histoire publiée dans un livre de poche, puis dans le roman d’un journaliste britannique et dans un magazine. Elle avait traversé Orléans pour se retrouver dans de nombreuses villes de France. Et même du monde (en Corée ou au Canada).
C’est quelqu’un qui m’a dit… Le boulanger a entendu le père de la voisine qui a vu à la télé que… L’anecdote de Poitiers est très révélatrice de la propagation d’une rumeur. On ne sait pas d’où ça vient, mais on en a entendu parler. En janvier 1987, c’est la panique sur le Poitou depuis que le vulcanologue Haroun Tazieff a annoncé une catastrophe météorologique imminente. Les habitants réagissent au Soir 3. Sauf que le géologue dément : il n’a jamais annoncé de catastrophe sur le Poitou. Mais que fait la police Nadine ?!
Il faut peut-être comprendre un peu, aussi, ce peuple d’imbécile qu’on espère conduire sans heurt, comme un troupeau de bovins, docile. Cette arrogance, ce "bling-bling", cette suffisance grotesque, sans vergogne : Tout pour les winners, gloire, pouvoir, argent+++. Rien pour les autres. Aux dépends des autres. Ces rumeurs assassines, ce sont de petites vengeances, mesquines, en attendant le grand soir.
Patience, Viva la revolucion ! Y crouton.