Où les industriels français, avides de gros contrats libyens, découvrent que Seif al-Islam Kadhafi, n’est pas fils unique… et encore moins un interlocuteur sûr.
Les Français, notamment les patrons des grands groupes, ont compris, sur le tard, certes, que le fils Kadhafi, Seïf al-Islam, n’était pas le seul passage obligé ; encore moins la personne incontournable du régime.
Depuis un certain temps, les anecdotes se propagent dans toutes les villes de la Jamahiriya libyenne, y compris Syrte, le fief des Qdadfahs (tribu de Kadhafi), portant sur les promesses et les engagements toujours non honorés par le fiston du Guide. Au point qu’on l’appelle désormais « Seïf al-Ahlam » (Seïf des rêves).
Ce dernier, n’a effectivement pas honoré ses engagements envers la compagnie française Total, ni l’espagnole, Repsol, lors du dernier appel d’offres pétrolier. Les sociétés d’armement, dont Dassault Aviation, et plusieurs d’autres qui misaient un peu trop sur l’influence de Seïf et qui avaient déjà avancé suffisamment d’argent à travers des dizaines d’intermédiaires, découvrent aujourd’hui que les décisions dans ce domaine sont prises ailleurs. Un brin mytho le rejeton ?
Pour preuve, trois réunions ont été tenues à partir de la fin du mois de mars à Tripoli et à Londres, entre, Abdel Ati al-Obeïdi, le responsable des Affaires européennes auprès du ministère libyen des Affaires étrangères – qui est également un des proches conseillers du colonel Kadhafi, notamment après avoir jouer l’artisan du rapprochement avec la Grande- Bretagne et des États-Unis – et le directeur général Afrique du Nord auprès du ministère britannique des Affaires étrangères. Les discussions ont porté sur les mécanismes visant à renforcer les capacités de défense militaire de la Libye. Dans l’entourage du Guide, on parle déjà des consignes données par ce dernier pour l’achat d’avions et de chars « made in England ».
Informations que les Britanniques ne démentent pas, surtout qu’Alexandre Marshal, un des hauts responsables du département des exportations d’armement de la Grande-Bretagne a déclaré que son organisme travaille étroitement, à l’heure actuelle, avec les services militaires libyens concernés pour renforcer la capacité de ce pays. Ce dernier, fait depuis plus de quatre mois, la navette entre Londres et Tripoli. Un constat qui ne peut qu’inquiéter les groupes d’armements français qui avaient déjà beaucoup investi depuis la dernière visite du président, Jacques Chirac, accompagné de Mme la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. En vain.
Certains membres de la Quiada libyenne (Haut commandement) qui se réunissent quasi-quotidiennement autour de Kadhafi à la caserne de Bab al-Azizia à Tripoli, affirment que ce dernier aurait demandé de zapper, une fois pour toute, cette longue liste d’intermédiaires, qui travaillent notamment pour le compte des entreprises françaises. Le petit Seïf a eu droit à un remontage de bretelles en bonne et due forme. Le lumineux colonel lui a fait comprendre qu’il ne devra plus se mêler des secteurs sensibles dits de souveraineté, tels que le pétrole et l’armement. Et, d’écarter ses proches collaborateurs, de nationalité tunisienne, qui « commercialisent » auprès des Français Seïf comme étant l’unique successeur ; et, par là, l’unique passerelle vers le pouvoir.