La Chine prête beaucoup au Congo, ou plutôt à ses émissaires sur place…
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le petit monde des « amis du Congo » : la Chine a octroyé un prêt de 5 milliards de dollars au jeune régime du non moins jeune président Joseph Kabila. D’une seule signature le 18 septembre, la Chine a ridiculisé l’ensemble des bailleurs traditionnels (Banque Mondiale, Commission Européenne, DFID, etc.) qui arrivent péniblement à 1,1 milliard d’engagements pour ce pays détruit par deux guerres et la kleptocratie mobutiste. Quand on sait que le budget national congolais s’élève à 2 milliards de dollars, on comprend l’empressement à signer de Kinshasa.
Ces 5 milliards sont destinés à construire les infrastructures dont le pays a désespérément besoin (routes, voies ferrées, centres de santé, 2 universités, etc.). Etrangement, le remboursement de ce prêt par un Etat en banqueroute depuis plus de dix ans ne préoccupe pas les Chinois et pour cause :
premièrement, ce prêt n’en est pas un : c’est un prêt de l’Eximbank à des sociétés de construction chinoises. L’argent restera donc en Chine, entre Chinois, et les Congolais ne verront que de la petite monnaie en tant que sous-traitants.
deuxièmement, le remboursement s’effectuera en nature, c’est-à-dire en concessions minières au Katanga. Ce qui tombe bien puisqu’une commission gouvernementale est en train de « revisiter » tous les contrats miniers signés par les entreprises publiques congolaises et certains d’entre eux pourraient bien être annulés au profit des nouveaux partenaires chinois.
Négocié dans le plus grand secret mais annoncé en grande pompe, cet accord est un message clair envoyé à Bruxelles et Washington qui peuvent garder leur petite monnaie et leurs conditionnalités sur la gouvernance avec !
En fait, toute la Congolie est concernée car la République de Sassou qui elle paie en pétrole fait le bonheur des constructeurs chinois (aéroport de Pointe-Noire, routes, ministère des Affaires étrangères clés en main, etc.). Au Gabon, la Chine a investi 2,2 milliards dans le projet de Belinga (mine de fer en pleine forêt tropicale) qui fait hurler les écologistes et en Angola un prêt de 2 milliards de dollars vient d’être signé début octobre pour là aussi des infrastructures. La Chine s’engouffre et prospère dans la partie la plus déshéritée et la plus mal gouvernée d’Afrique à grands coups de prêts gagés sur les ressources naturelles et au nez et à la barbe d’Occidentaux incapables de rivaliser avec de telles offres. Un autre visage de la mondialisation…