L’ex-activiste des Prolétaires armés pour le communisme pourrait bien ne jamais être extradé vers l’Italie. « Bakchich » a recueilli les confidences de sa compagne brésilienne et revient, pour l’occasion, sur ce feuilleton politico-juridique qui a réveillé d’anciens démons.
« Dans la dernière lettre que j’ai reçue de lui il y a une quinzaine de jours, on sent qu’il a le moral. Il est très confiant parce que ses avocats lui ont assuré qu’il ne sera pas extradé », confie à Bakchich Joyce, la jeune compagne brésilienne de Cesare Battisti. Traqué par la police fédérale brésilienne de mèche avec des barbouzes bien de chez nous dépêchés par Nicolas Sarkozy, alors impétueux ministre de l’intérieur, l’ex-activiste des Prolétaires armés pour le communisme (PAC) a été arrêté le 18 mars 2007 près de la plage de Copacabana à Rio.
En 1993, sur la foi des aveux douteux d’un repenti, il avait été condamné par contumace en Italie à perpétuité pour quatre « homicides aggravés », commis entre 1978 et 1979, auxquels il a toujours nié toute participation. Emprisonné à Brasilia, son sort dépend désormais du verdict du Supérieur tribunal fédéral (STF), la Cour suprême locale.
Auteur de romans policiers et d’un récit autobiographique intitulé Ma cavale (éditions Grasset/ Rivage, avril 2006), préfacé par BHL soi-même, Cesare Battisti avait de bonnes raisons de croire qu’il avait tourné la page sur les années de plomb de la « stratégie de la tension » orchestrée, dans les années 70, par le gouvernement italien en cheville avec ses services très spéciaux et la CIA. Après un séjour au Mexique, il avait trouvé, en 1990, refuge en France, où il bénéficiait du statut de réfugié politique que François Mitterrand avait de facto accordé aux anciens militants italiens d’extrême gauche rangés des voitures.
Sauf que, en 2004, le tandem Chirac-Raffarin décida de faire une fleur au Cavaliere Silvio Berlusconi en remettant du jour au lendemain en question le statu quo jusque là favorable à un humble gardien d’immeuble parisien qui s’est soudain retrouvé otage à jamais de son passé.
Cesare Battisti n’avait aucune envie – on le comprend – de finir ses jours dans une geôle italienne. Mis en liberté après un bref passage à la Santé, il a donc mis discrètement le cap sur le Brésil, point de chute ordinaire des fugitifs transalpins de tout acabit, aussi bien mafieux que retraités de la mouvance brigadiste.
« En octobre 2005, au tout début de notre liaison, raconte encore Joyce, nous avons passé six mois à Salvador de Bahia. On avait choisi cette ville parce que le coût de la vie y est bien moins cher qu’à Rio, et qu’on n’avait que les droits d’auteur de ses livres pour vivre. Mais on se sentait trop isolé et on a décidé de rentrer à Rio. On louait au mois des meublés pour touristes à Copacabana. Cesare a senti qu’il était surveillé six mois avant son arrestation : il y avait tout le temps une voiture en stationnement avec des hommes à bord près de chez nous. Il n’en pouvait plus de cette situation. Il voulait que tout cela finisse ».
Le dossier Battisti a été officiellement ouvert en janvier 2008 au STF. Si tant est qu’il existe une jurisprudence au Brésil, elle plaide incontestablement en sa faveur. Au motif qu’elles revêtaient une connotation politique, le STF a en effet rejeté les deux dernières demandes d’extradition de la justice italienne concernant deux anciens activistes d’extrême gauche, également accusés de crimes de sang. Achille Lollo, ex-membre de Pouvoir ouvrier, a été libéré en 1993, et Pietro Mancini, ancien dirigeant d’Autonomie ouvrière, en 2005.
Le cas de Battisti paraît à première vue un peu plus délicat dans la mesure où le procureur général de la République, Antonio Fernando Souza, a endossé la version de la justice italienne sur les « homicides aggravés » dans ses attendus présentés début avril au STF. Il s’est donc déclaré en faveur de l’extradition, tout en admettant explicitement qu’une telle mesure dépend – hypothèse invraisemblable car l’Italie ne rejuge pas les condamnés par contumace qui ne se livrent pas à la justice – de la révision du procès du prévenu, car la loi brésilienne interdit l’extradition d’un ressortissant étranger condamné dans son pays à « une peine plus sévère que celle en vigueur au Brésil ». Or la peine maximum de réclusion au Brésil est de trente ans, et Battisti a été condamné à la perpétuité…
Cesare Battisti peut de surcroît compter depuis peu sur le prestige de son nouvel avocat brésilien, Luiz Eduardo Greenlagh, figure de proue locale de la défense des droits de l’homme, membre fondateur du Parti des travailleurs et citoyen d’honneur de Cuba. Fin de calvaire en vue…
Enfin une bonne nouvelle pour Cesare !
Néanmoins, si le contenu de l’article est informatif, par contre son titrage est des plus des plus douteux. Pourquoi Filouterie ? Pourquoi se faire la belle ?
Cesare, condamné par contumace, affirme son innocence par rapport aux accusations portées par un de ses ex chefs qui a obtenu du statut de repenti.
Cesare s’il est expatrié en Italie sera dans une galère innommable en particulier sous un gouvernement Berlusconi car il ne sera pas rejugé.
Cesare depuis qu’il est en France a respecté les clauses de l’accueil miterrandien pour ceux qui rompaient avec la violence politique liée à la situation historique de l’Italie des années 70.
Cesare que j’ai croisé quelques fois dans le milieu polar est un mec sympa ; son seul tort c’est de continuer de penser qu’un monde différent (du capitalisme et du stalinisme) est souhaitable !
j’espère que bakchich bien informé nous donnera bientot de bonnes nouvelles définitive sur Cesare Battisti.