Pour combattre l’épidémie de dengue qui fait des ravages à Rio, le maire de la cité César Maia fait appel à une medium et prie pour chasser le méchant moustique propagateur du virus.
Le maire de Rio a-t-il pété les plombs pour de bon ? Des semaines durant, César Maia, l’édile de plus en plus ectoplasmique de la « cité merveilleuse », s’est acharné à nier l’existence de l’épidémie de dengue d’une ampleur sans précédent qui afflige ses « administrés ». Transmise par un gros moustique diurne, l’aedes aegypti, cette maladie infectieuse a pour principaux symptômes de fortes fièvres, des douleurs articulaires et des éruptions cutanées. Sous sa forme hémorragique, elle est souvent fatale, surtout chez les enfants.
Le bilan officiel, évidemment très approximatif, fait jusqu’ici état de près de 40 000 cas recensés et de 67 morts. Le syndicat des médecins de l’État de Rio a porté plainte contre les autorités municipales, régionales et fédérales pour « crime sanitaire ».
Arrivé au Brésil, probablement au 18e siècle, à bord des navires négriers, l’aedes aegypti provoque depuis le début de l’année une telle hécatombe qu’il a contraint le gouverneur de l’État de Rio, Sergio Cabral, à appeler l’armée à la rescousse : trois hôpitaux de campagne viennent d’être montés dans l’urgence dans l’espoir d’atténuer l’invraisemblable chaos régnant dans les hôpitaux publics transformés en cours des miracles. Une juge fédérale a d’autre part ordonné aux cliniques privées d’accueillir et de traiter les patients laissés sur le carreau par l’engorgement dantesque des rares dispensaires disséminés dans la ville.
Que fait monsieur le maire dans la tourmente ? Si longtemps aux abonnés absents, le voilà qu’il sollicite sans crier gare l’intervention d’une… médium réputée dans le pays pour ses bras de fer homériques tant avec Saint-Pierre qu’avec l’Institut national de météorologie. Sa mission apparemment impossible ? Freiner la hausse de la température, normale en cette saison, propice à la prolifération du moustique abominé…
Populaire durant son premier mandat (1993-1996) grâce à des initiatives innovatrices dans les domaines sensibles de l’urbanisation des favelas et de la décentralisation administrative, César Maia, sans doute motivé alors par un destin national qui fera long feu, avait créé à cette époque un néologisme, le « factoïde », un événement fabriqué de toutes pièces dans l’unique but de faire parler de soi-même.
Les Cariocas se souviennent notamment du deuil municipal officiel de huit jours qu’il avait décrété, en décembre 1996, lors du décès du chimpanzé Tiao, figure majeure du zoo de Rio. En ce temps-là, leur maire se disait volontiers loufoque (maluco) mais pas du tout cinglé (doido). Depuis sa réélection en 2000, puis en 2004, comme disent les Brésiliens face à des comportements insaisissables, « seul Freud explique »…
Ses apparitions publiques se limitent depuis longtemps aux astreintes protocolaires de sa fonction. À l’évidence en préretraite politique, il ne communique plus avec la population que via son blog. Il se sent d’ailleurs tellement concerné par la vie de sa ville qu’il a passé le dernier carnaval à… Paris.
Le 27 mars, il était à Salvador de Bahia. Il en a profité pour prier dans une célèbre église locale en implorant le Très-Haut de chasser le satané moustique « vers l’océan ». Mais les voies du Seigneur sont parfois impénétrables : le même jour, une équipe de chercheurs de la Fondation de médecine tropicale de Manaus annonçait, dans la revue américaine Emerging infectious diseases, la réapparition en Amazonie brésilienne, au terme de 15 ans d’absence, du virus n°4, le top du top sur l’échelle de Richter de la dengue…
PS : L’épidémie de dengue mobilise les médias brésiliens et le maire de Rio est sur le pont, il apparaît à la fin de cette vidéo :
Bonjour Sr. Jean-jacques,
Este texto,por sinal muito bem escrito, mostra a realidade da epidemia que tomou conta da cidade do Rio de Janeiro e de como nosso prefeito e nossas autoridades deixaram a situacao chegar a este extremo. Indiferenca, descaso ou negligencia com a vida do povo…. Vamos reagir e cobrar das autoridades, MEDIDAS CONCRETAS PARA SOLUCIONAR ESTA EPIDEMIA ? BASTA DE OMISSOES… VAMOS NOS UNIR NESTA LUTA QUE È DE TODOS…
CELMA NITEROI