Passionné ou non de ballon rond, aucune importance. Vous serez comme l’héroïne du livre de Marc Wilhem, « La saison des dragons rouges », paru aux éditions de l’Ecailler. Propulsée dans un monde pourri jusqu’à l’os : la planète football.
Le championnat va recommencer, mais cette année, un nouveau club concentre toutes les attentions : L’Etoile Rouge. Arrivé en Ligue 1, le club de la banlieue parisienne attise la ferveur de nouveaux clubs de supporters. En particulier les bouillants « Dragons Rouges » du 9-3. Leur terrain de jeu, le stade de France. Leur force, personne ne sait de quoi ils sont capables. Leur volonté, mettre à leur botte les dirigeants de l’Etoile. Ceux-ci sont prêts à acheter la paix sociale. Pour preuve, ils laissent le contrôle de la billetterie et des buvettes aux leaders des différents clubs de supporters. Une manne qui fait office de feu de bois plus que de calumet de la paix et qui enflamme les travées du stade.
En haut lieu, on s’inquiète. On décide de créer une nouvelle brigade hybride entre police et gendarmerie. Pour chapeauter le tout, on fait appel au commissaire Ligetti. Une femme « encore très belle malgré ses quarante-cinq ans. Corps athlétique, des cheveux blonds cendrés, sourire charmeur et surtout des magnifiques yeux bleus qui lui donnent presque un air candide ». Pourtant c’est un vrai piment la Ligetti. Sans peur et sans reproche. Plus proche des milieux ministériels que de la Préfecture de police. Résultat, elle est bourrée d’ennemis. Suite à un mauvais calcul politique, elle aurait dû tout perdre mais sauvée des eaux, elle s’attaque comme une furie aux milieux hooligans.
En parallèle, on suit l’histoire du policier Carrier. Empêtré dans une affaire de prise d’otages de journalistes français au Kosovo. Le bonhomme galère à mort. Impossible de faire parler ses indics, impossible d’obtenir la moindre info. C’est pourtant du côté de la Seine-Saint-Denis qu’il aura ses premiers indices.
Willem, l’auteur de ce polar, aime mêler les intrigues. Déjà dans le Commando Charlemagne, son premier livre, une histoire de règlement de comptes au Brésil se jugulait à une enquête sur les milieux néo-fascistes français. Improbable à priori, mais le sel du livre consiste à faire rejoindre les deux trames. C’est encore le cas dans la Saison des Dragons Rouges. Autre atout, Willem nous amène dans les petites cuisines de la police. Les personnages sentent le vécu par leurs anecdotes ou leurs astuces de flic.
Le club L’Etoile rouge n’existe pas, mais Willem se serait inspiré de faits réels. La couverture du livre montre le plus beau stade du monde : le Vélodrome à Marseille… Une preuve de bon goût certainement.