Quand le sympathique régime birman réprime les moines, ces derniers ne tendent pas la joue gauche.
Comme en 1988, la totale incompétence et la corruption flagrante des généraux à la tête de la Birmanie acculent une population au bord de la famine à la contestation d’un régime hyperrépressif. Il y a 20 ans, le général président de l’époque, Ne Win, sur le conseil de ses astrologues, et pour assécher la trésorerie de ses ennemis, démonétisa en une nuit, sans préavis, l’ensemble des billets de banque du pays. Aucun échange des anciennes coupures contre les nouvelles n’était possible. Quelques mois après, un soulèvement démocratique fait descendre dans la rue des millions de Birmans, accule Ne Win à la démission, faisant émerger Mme Aung San Suu Kyi, future prix Nobel de la paix [1] et sa Ligue Nationale pour la démocratie.
Après quelques semaines de préparation, dont l’élargissement de tous les prisonniers de droit commun, pour faire monter l’insécurité, les généraux successeurs de Ne Win ordonnent le massacre dans tout le pays d’une dizaine de millier de civils désarmés, n’hésitant pas à faire tirer à la mitrailleuse sur des infirmières, des moines, des étudiants et des lycéens. Le 15 août dernier, retranchés dans leur nouvelle capitale construite ex nihilo à grands frais en pleine jungle, le quarteron de généraux au pouvoir décrète sans préavis un quintuplement des prix du gaz, un triplement du diesel et de l’essence. Ce qui entraine immédiatement un doublement du prix des transports, une hausse de 30 % des produits alimentaires de base.
La volatilité de la situation en Birmanie n’a pas échappé à Mme Rama Yade. Pour la première fois un membre du gouvernement français prend publiquement position (dans une tribune du Figaro du 12/9 intitulée « Mettons tout en œuvre pour faire libérer Aung San Suu Kyi ») pour reconnaître l’échec de la politique menée jusqu’à ce jour . La secrétaire d’État aux Droits de l’Homme estime que « notre pays devra peser de tout son poids pour convaincre nos partenaires européens de l’échec de notre stratégie et de l’urgence de la repenser ». Il lui faudra beaucoup de créativité pour surmonter le lourd handicap de la France envers la Birmanie : dans une interview au Monde en 1998, pendant un de ses rares moments de liberté, Mme Aung San Suu Kyi qualifie la compagnie Total de « principal soutien à la junte ». Toujours en 1998, MM. Chirac et Jospin se sont illustrés en nommant ambassadeur de France en Birmanie un ex-haut cadre de la compagnie pétrolière nationale… Enfin Bernard Kouchner, l’actuel patron du Quai reste dans toutes les mémoires pour avoir , payé par Total, rédigé en 2003 un rapport dédouanant la compagnie pétrolière de tout recours direct ou indirect au travail forcé en Birmanie, alors que les faits sont avérés…
Assomée, la population des grandes villes, qui, dans son immense majorité survit déjà très difficilement – plus de 30% des enfants birmans sont sous-alimentés – réagit avec précaution. La police, les indics, la milice du régime, l’armée, sont omniprésents. Une poignée de vétérans survivants du soulèvement démocratique de 1988, (qui ont pour la plupart passés plus de 15 ans en prison) organise à partir du 19 août dans le plus grand calme des marches de protestation qui ne rassemblent pas plus d’une centaine de marcheurs, mais qui sont applaudies par une foule de badauds. Les nervis du régime se déchainent sur les contestataires, les meneurs sont arrêtés, et torturés, conformément aux pratiques en vigueur depuis l’avènement de la dictature militaire, en 1962.
Début septembre, à Pakkoku, une ville célèbre pour ses monastères, 500 moines descendent dans la rue. Il sont traités comme de vulgaires manifestants, plusieurs moines sont ligotés à des réverbères, brutalement défroqués et sévèrement battus.
Conscientes de l’effet déplorable de ces exactions sur une population profondément bouddhiste, les autorités se rendent le lendemain en délégation au principal monastère, où elles sont retenues en otage, pendant que des moines, comme dans le 9-3, incendient leurs véhicules. Cet incident , largement mediatisé, fait prendre conscience, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Birmanie, de la fragilité du régime. Il y a plus de 300 000 moines dans le pays ; si la Sangha (la communauté religieuse) bascule dans la contestation, la désobéissance civile aura de beaux jours devant elle.
[1] Le prix Nobel de la paix est décerné à Mme Aung San Suu Kyi en 1991, alors qu’elle est déjà incarcérée –elle l’est toujours-, après avoir remporté , avec plus de 80% des suffrages les élections organisées en 1990 par la junte.
les manifestants sont visés en BIRMANIE à bout portant par les soldats.
pour qu’ils glissent et ne vise plus, UTILISEZ de l’huile de vidange ou de petits roulement à billes
si civils et bonzes connaissent les check point meutriers des soldats de la féroce dictature.