A Barbès, le vendredi, les musulmans prient dans la rue, faute de place dans les mosquées. Bakchich a mené sa petite enquête.
Munis d’un tapis ou d’un simple carton, des fidèles courent. Il est déjà 13h15, la prière sainte du vendredi a commencé depuis quinze minutes. Plus de place à la mosquée Al Fath, rue Polonceau ni à celle de la rue Mirha dans le quartier de la Goutte d’or (18ème arrondissement) à Paris. Les croyants s’installent face à la mosquée ou à même le trottoir. Chaussures en contrebas, les croyants prient malgré le froid. A genoux, ils se prosternent en signe de soumission à Allah. Des sonos au volume minimum relaient la prêche en arabe de l’imam.
Trois routes sont bloquées par un service se sécurité de la mosquée, la circulation est perturbée mais l’ordre semble régner. Brassard sécurité orange autour du bras, les bénévoles veillent à laisser libre le passage aux piétons.
Combien de fidèles ? Difficile à dire, peut-être mille ou plus à s’entasser autour des deux mosquées. 13h35, la prière est terminée, chacun retourne à ses occupations. Des ouvriers repartent sur leurs chantiers, les boutiques ouvrent à nouveau et les restaurateurs s’apprêtent à servir de nombreux repas pour des fidèles frigorifiés.
Depuis les années 2000, chaque vendredi, les rues de la Goutte d’or se tournent vers la Mecque, faute de place. Depuis plus d’une décennie, l’Islam fait recette alors que les deux mosquées dans cette zone du 18ème sont relativement petites (1000 personnes). Perte notable, la mosquée de la rue Tanger a fermé et tarde à trouver des financements pour se reconstruire. Les autres lieux sont soit bondés, soit trop éloignés.
Si le manque de mosquées est une problématique nationale, la France laïque peut-elle permettre que les trottoirs servent à la prière chaque semaine ? Il n’y a pas de réponse absolue en la matière. Normalement, les autorités religieuses doivent demander une autorisation de manifestation à la Préfecture de police. Ce qu’elle ne fait pas.
Depuis des années s’applique une tolérance de la police vis-à-vis de la Goutte d’or. Mais avec le temps, le phénomène s’amplifie ainsi que les critiques des riverains qui se plaignent des nuisances sonores ou de ne pouvoir rentrer ou sortir de chez eux au moment de la prière. Des efforts semblent avoir été faits.
Que dit la Constitution ?
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » (art. 10).
La loi de 1905 précise qu’en France, selon l’article 27, c’est le maire qui donne les autorisations : « Les cérémonies, processions et autres manifestations extérieures d’un culte, sont réglées en conformité de l’article 97 du Code de l’administration communale ». Excepté à Paris où depuis la Révolution de 1789, cette compétence revient entièrement à la Préfecture de police. Bakchich a contacté la Préfecture pour comprendre comment était géré le problème, s’ils avaient donné des autorisations ou non, s’ils avaient reçu des plaintes, etc… « Notre seule réponse est de ne pas fournir de commentaires… » selon le service de communication. Malaise à peine dissimulé… Merci, bonsoir.
Des réponses et des accusations, les ultra-laïcs ou fachos en tout genre ne se gênent pas, eux, pour en donner. Sur la toile, les tribunes se multiplient, dénonçant « le péril islamiste », « les territoires perdus de la République ». Même le parti Debout la République de Nicolas Dupont-Aignan s’y est mis. Voir cette vidéo :
Filmant tranquille les croyants à la dérobée, le cameraman se fait alpaguer par ces derniers qui lui répètent qu’il n’a pas le droit de les filmer, même dans un espace public. Remarque tout à fait justifiée au regard du droit à l’image. Et lui leur répond, sans en être tout à fait sûr « et vous, vous avez le droit de… » prier dans la rue, veut-il certainement ajouter avant d’être coupé. En fait, le droit, ils ne l’ont pas vraiment mais l’interdiction, ils ne l’ont pas non plus. Entre les deux, le flou règne en maître.
Côté politique, on joue l’indignation. Le maire du 18ème, l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant, déclarait en mars dernier : « Le spectacle de ces centaines de fidèles priant chaque vendredi, dans la rue, est affligeant. Défenseur depuis toujours de la laïcité, je ne peux me satisfaire de cet islam des caves ». Sous l’impulsion de Bertrand Delanoë, désireux de créer un espace culturel musulman à Paris, la mairie de 18ème a initié un projet, l’Institut des Cultures d’Islam (ICI).
Projet à double objectif : créer un lieu culturel musulman incluant les cultures arabiques mais aussi africaines ou asiatiques. Et permettre aussi la création d’un lieu de culte en vendant à peu près 1000 m2 d’espace (sur les 4000 au total) pour huit millions d’euros à des investisseurs ou des mécènes. « Un système conforme à la loi de 1905 a été pensé » selon Michel Neyreneuf, adjoint du maire à l’urbanisme. « La promotion immobilière est prévue sous la forme d’une Vente en l’Etat Futur d’Achèvement (VEFA ) ». Selon Vaillant, « L’Institut des Cultures d’Islam devra donc permettre aux croyants de pratiquer leur culte dans un lieu digne et clos, la prière dans la rue ne pouvant plus, désormais, être tolérée. » Tel est le deal, confirmé par la mosquée Al Fath : on vous aide à édifier des espaces cultuels en vous facilitant leur achat et leur construction, mais en contrepartie, on arrête la prière dans la rue dès que les bâtiments sont opérationnels.
Les premiers espaces seront disponibles en 2012 si tout va bien. Entre-temps, il va falloir gérer. « On a créé cet Institut pour se donner les moyens de reprendre la main sur un problème analyse M.Neyreneuf mais je suis inquiet, notamment face à l’attitude de la police qui ne fait pas son travail. C’est elle qui devrait gérer la sécurité des lieux, pas les services internes des mosquées. On n’est pas à l’abri d’un accident ou d’un drame. C’est pourquoi M. Vaillant a demandé à rencontrer le Préfet de police. » Neyreneuf est aussi inquiet de quelques dérives. « Par deux fois, à ma connaissance, des militants pro-palestiniens ont branché une sono et ont lancé des appels politiques. Ce genre de phénomène est à redouter et on veille à ce que les mosquées fassent attention mais encore une fois, c’est le devoir de la police. »
« On veille à ce que tout se passe bien », rassure Moussa Diakité, responsable de la mosquée Al Fath. « Pour nous, le respect de la France c’est très important. Liberté, égalité, fraternité », martèle-t-il dans un grand sourire. Seul bémol, il n’est pas sûr que l’ICI suffise à accueillir tout le monde. Intuition confirmée par Neyreneuf, « la réflexion sur la capacité date de deux ans, on pensait que 2000 places suffiraient mais entre-temps le nombre des fidèles a augmenté. Mais notre devoir, conformément à la loi de 1905, n’est pas de subvenir à tous les besoins cultuels des groupes religieux. Nous apportons un coup de pouce afin d’apporter une meilleure qualité de vie pour les riverains musulmans ou non-musulmans mais si les places venaient à manquer, c’est à la communauté musulmane d’apporter des solutions. »
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Bonjour,
Je suis toujours très étonné de certains propos. En effet, que des Musulmans prient dans la rue parce que leur lieux de culte est trop exigüe ou inexistant cela ne peut être considéré comme "normal". Qu’on le veuille ou non la France pays laïc ne peut, sous couvert de tolérance démocratique, accepter que les Musulmans du 18eme arrondissement de Paris n’imposent la vision de leur foi aux athées, Chrétiens, Bouddhistes, Taoistes, Juifs etc… Si tout le monde s’y mettait nous irions tout droit à la catastrophe de l’affrontement communautariste, ne rêvons pas.
Il n’y a aucune autorisation à demander dans ce contexte. C’est de l’actualité, dans l’espace publique, cadre plus de dix personnes sans stigmatiser un acteur plus qu’un autre.
Lors d’un évènement comme le regroupement de dizaines ou centaines de personnes qui investissent, même pacifiquement, l’espace publique pour un évènement de quelque nature que ce soit, religieux, politique ou sportif, le droit à l’image de chacune de ces personnes s’efface devant le droit à l’information qui induit le droit capter cette évènement, par quelque moyens que ce soit. C’est tout simplement l’un des fondement de notre démocratie qui est en jeux et les principe qui protégeait la liberté de la presse, s’ appliquent aujourd’hui aux autres médias d’information.
CF : Droit au respect de la vie privée issu de site de l’UPC
Ce droit, base juridique du « droit à l’image des personnes », trouve son fondement dans l’art.9 du code civil qui dispose : « Chacun a droit au respect de sa vie privée . ».
En cas de litige, les juges reconnaissent classiquement que « toute personne dispose sur son image, attribut de sa personnalité, et sur l’utilisation qui en est faite d’un droit exclusif, qui lui permet de s’opposer à sa diffusion sans son autorisation expresse ».
Par conséquent, dès lors qu’une personne est le sujet principal de l’image et parfaitement reconnaissable, il faut obtenir son autorisation. Cette obligation se trouve renforcée lorsque ce sont des mineurs qui sont photographiés. Dans ce cas, il faut l’autorisation de ses deux parents ou représentants légaux.
Cela ne signifie pas pour autant que dans toutes les situations les personnes photographiées pourront s’opposer à la diffusion de leur image. En effet, le juge a admis sur la base de la liberté d’expression et du droit à l’information du public (art.10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme) qu’il était possible de publier des images de personnes impliquées dans un événement dès lors que cette image était destinée à l’information légitime du public et qu’elle ne portait pas atteinte à la dignité de cette personne.
Toute image d’actualité immédiate se trouve donc exonérée de demande d’autorisation.
Le juge a parfois entendu au sens large la notion le droit de l’information déboutant ainsi des personnes qui réclamaient des dommages et intérêts pour la diffusion de leur images sans leur autorisation.
Le 2 juin 2004, le Tribunal de grande instance de Paris : Il avait été considéré par les juges que le préjudice était inexistant parce que les portraits des personnes ne les montraient pas dans une situation dégradante ».
Le 25 juin 2007, le Tribunal de grande instance de Paris a estimé que « l’atteinte à la dignité n’était pas établie et qu’il convenait de privilégier la liberté artistique sur le droit à l’image des personnes - même particulièrement vulnérables - que le photographe entend précisément défendre. »
je suis pas du tout religieux (peut etre meme intolerant envers ceux là), cependant, je dois avouer que ces rassemblements ne me genent pas.
Pourquoi ?
Parce qu’avec on peut voir que la france à une gros probleme avec ces religions. Pourquoi doivent il prier dans la rue ? parce que les mosquées présentes ne sont pas assez grandes pour accueillir tout le monde.
Pourquoi ça n’a pas été anticipé ? ça l’a sans doute été, mais on a du leur répondre que ce n’etait pas la priorité. Par contre, pour construire des eglises et autres saloperies adventistes, mormones et autres là aucun probleme ! pourquoi tant de mefiance voir défiance envers l’islam ?