Lola Karimova, la fille du président ouzbek, dépense sans compter. Tant par souci d’améliorer les relations de son pays avec l’Europe occidentale que par effet d’entraînement des sirènes de la jet-set.
Article publié le 14 août 2009. Retrouvez la suite de cette enquête à la une de Bakchich Hebdo n°8, en vente du 11 au 17 novembre 2009 chez tous les marchands de journaux
Blonde et gironde, Lola se fond sans peine dans le moule de la jet-set française. Depuis le début de l’année, Lola Karimova-Tillyaeva, ambassadrice de l’Ouzbékistan près l’Unesco et fille cadette du président ouzbek, Islam Karimov, fait la tournée des soirées de gala françaises les plus chics, de Paris à Monaco. Et invite, sans compter.
Un bon moyen de tenter d’installer de bonnes relations avec l’Europe occidentale, auxquelles Lola Karimova semble tenir. Elle a ainsi créé un fonds de charité dédié à la promotion des échanges culturels et humains entre l’Ouzbékistan et l’Europe, « Uzbekistan 2020 », et s’est investie dans l’exposition, à l’ambassade de son pays à Paris, de peintures russes et ouzbèkes – dont quelques-unes de Vassily Kandinsky.
Il faut dire que les échanges entre l’Ouzbékistan et le reste du monde ne vont pas de soi (voir l’encadré). Car papa Karimov n’hésite pas à arrêter ses contradicteurs de façon arbitraire et à faire usage de la torture. Il soigne par contre sa famille. Sa fille aînée surtout, Gulnara, la chouchoute, que l’on surnomme : « la fille ». Une femme d’affaires vorace, chanteuse olé-olé, mécène de pacotille, et surtout vice-ministre des affaires étrangères ; qui, selon certains analystes, posséderait la moitié du pays. Dont des hôtels, restaurants, night-clubs, une chaîne de télévision (TV Markaz), une station de radio (Terra), un magazine (Bella Terra), une compagnie de téléphonie mobile… et bien plus encore, comme l’avait raconté Bakchich.
Ancienne république soviétique, l’Ouzbékistan, pays enclavé qui jouxte l’Afghanistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Turkménistan, est un État indépendant depuis le 31 août 1991. Au cœur d’une lutte d’influence géopolitique entre les Etats-Unis et la Russie – envieuse de son poids en Asie Centrale –, le pays dispose d’énormes gisements de gaz et de pétrole. Fort de 28 millions d’habitants, l’Ouzbékistan vit sous l’autorité d’Islam Karimov depuis 1990, président de ce pays depuis l’indépendance. Karimov est régulièrement montré du doigt par les organisations non gouvernementales (ONG), particulièrement lorsque, le 13 mai 2005, il réprimait dans le sang une manifestation à Andijan (ville située dans l’est du pays). La répression avait fait quelques 800 morts, selon les organisations de défense des droits de l’homme (187 morts selon les autorités ouzbèkes).
La plupart des dirigeants d’opposition vivent en exil et le pays compterait plus de 5 000 détenus politiques.
La militante ouzbèke des droits de l’Homme, Moutabar Tadjibaeva, a reçu, fin 2008, à Genève, le Prix Martin-Ennals Martin, un genre de Prix Nobel des droits de l’Homme. Il est probable que sa libération surprise des prisons de Tachkent, en juin 2008, et que l’autorisation de quitter le pays qui lui a été accordée par les autorités ouzbèkes s’inscrivent dans le cadre d’une campagne destinée à améliorer l’image de l’Ouzbékistan, quelques semaines après l’allègement des sanctions décidées par l’Union européenne suite à la répression de la manifestation du 13 mai 2005.
Sur le plan diplomatique, Islam Karimov s’entend bien avec la Russie et de mieux en mieux avec les Etats-Unis et l’Europe occidentale. Et a récemment reçu des signes explicites d’ouverture de leur part, en raison de l’importance géostratégique du pays. Tandis que le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, visitait Karimov en janvier 2009, Barack Obama a annoncé, en février dernier, qu’il comptait réouvrir la base aérienne américaine en Ouzbékistan qui avait été fermée en 2005.
Il y a la puissante Gulnara. Et Lola, dont l’histoire avec la jet-set française s’est grande ouverte cette année.
Le 8 avril, à l’occasion de son gala pour la présentation du fonds de charité « Uzbekistan 2020 », Lola Karimova rencontrait le tout-Paris au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. Etaient présents, entre autre, Bernadette Chirac, Monica Bellucci, Emmanuelle Béart et Alain Delon. Plus des personnalités du monde économique, telles que Guillaume Sarkozy (le frère de Nicolas) et Alain Flammarion. La grande classe !
La fille Karimov s’est ensuite rendue à Monaco, où elle a déroulé le tapis rouge, organisant pour la jet-set française un voyage de dix jours en Ouzbékistan.
Puis vint juillet. Karimova aurait alors dépensé, selon une jet-setteuse bien placée, « près de deux millions d’euros » sur les conseils du jet-setteur Massimo Gargia, pour une fête homards et champagne au Pavillon Gabriel. A la fin du mois, Lola remettait ça, en privatisant une partie du VIP Room.
Et comme personne ne s’en lasse, à partir du 24 août prochain, un autre voyage, étalé sur plusieurs jours, est prévu en Ouzbékistan, avec des personnalités de la jet-set française et internationale, et vraisemblablement Bernadette Chirac ; pour une visite « encadrée » et « guidée », une fête (celle de l’indépendance, le 1er septembre) et un festival. Et une rencontre avec papa Karimov ?
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