En Ouzbékistan, un jeune militant fait les frais de la drague des islamistes intégristes par le dictateur Karimov et écope de sept ans de prison. Libérez Maxime Popov !
S’allier avec des dictateurs est une vieille pratique de Washington depuis la Guerre froide, aujourd’hui perpétuée par Barack Obama pour sa guerre contre les Taliban. Parmi les despotes choyés par Washington figure Islam Karimov, président de l’Ouzbékistan, site d’une importante base américaine d’où s’organisent des attaques dans l’Afghanistan voisin.
En Ouzbékistan, où la torture est de « routine » selon l’ONU, le dictateur Karimov a beaucoup de sang sur ses mains. En 2005 ses soldats ont massacré quelques 500 protestataires dans la ville d’Andjian. Les pays de l’OTAN avaient quand même répliqué en imposant des sanctions. Mais en 2009, avec le fort soutien de la France, partenaire d’Obama dans la guerre afghane, l’Union Européenne, qui a soif du pétrole d’Asie Centrale, a levé l’embargo contre la vente d’armes à Karimov décrété après ce massacre, et l’aide de Washington au régime hyper-corrompu d’Ouzbékistan continue de couler à flot.
Depuis 2005, Karimov persécute les ONG, dont plus de 300 ont été contraintes de cesser toute activité. L’une d’entre elles, qui a récemment attiré les foudres du dictateur, était le collectif anti-Sida Izis. Izis a été fondé par un jeune psychologue de 28 ans, Maxime Popov, qui a écrit une brochure -financée par le Fonds mondial de lutte contre le Sida et l’Unicef- prônant le « safe sex » et l’utilisation de préservatifs, y compris dans les rapports sexuels entre hommes. Il avait aussi distribué une autre brochure, publiée par l’ONU, sur la prévention du VIH chez les homosexuels.
Même si, dans l’Ouzbékistan, la croissance du taux d’infection par le VIH est l’une des plus rapides au monde, pour avoir tenté de freiner ce fléau ce pauvre Maxime Popov s’est retrouvé inculpé de tous les maux, y compris l’incitation à l’homosexualité (un crime en Ouzbékistan), « l’abus de mineurs sans violences » (parce que Popov avait distribué ses brochures anti-Sida aux éducateurs), etc.
Le jugement qui a envoyé Popov en prison pour sept ans a qualifié ses publications de « contraires à la mentalité, aux bases morales de la société, de la religion, de la culture, et des traditions du peuple d’Ouzbékistan. »
Si envoyer un jeune homme sept ans en prison pour avoir parlé de capotes semble barbare, le régime de Karimov espérait ainsi apaiser le mouvement islamiste intégriste, grandissant et férocement homophobe, principale menace au dictateur dans un pays qui est à 90% musulman.
Dans une région à feu et à sang où les innocents meurent chaque jour, le calvaire de Maxime Popov n’a pas attiré la compassion du monde. Les États-Unis et la France, qui prétendent être les phares des droits de l’homme, n’ont pas considéré que demander l’amnistie pour Popov était de leur devoir - car pour eux la guerre contre les Taliban et la raison d’État priment sur tout. Leur silence est assourdissant. La presse occidentale n’a pas non plus parlé du cas de l’innocent militant anti-VIH. Le New York Times n’a publié sur lui qu’une seule phrase.
Et aujourd’hui, Maxime Popov croupit au fond d’une geôle de Karimov.
A lire sur Bakchich.info :