Le gala de l’Amfar, la fondation américaine de lutte contre le sida, met cette année à l’honneur Gulnara Karimova, la fille du dictateur ouzbek, Islam Karimov. Qui, dans son pays, met les militants anti-sida en prison.
Evénement people fort attendu du Festival de Cannes, le gala de l’Amfar, la fondation américaine de lutte contre le sida, a lieu jeudi soir, à l’Hôtel du Cap-Eden Roc au Cap d’Antibes. Mais cette année, les festivités prennent une bien étrange tournure. Non pas à cause de l’absence prévue de l’ambassadrice de choc de l’association, Sharon Stone, occupée par un tournage en Belgique. Mais de la présence à la soirée et comme co-présidente de l’événement, d’une figure moins fréquentable : celle de Gulnara Karimova, la fille aînée du président ouzbek, Islam Karimov.
L’Ouzbékistan, une ancienne république soviétique, où la torture est de “routine”, selon l’ONU ; et où l’on tue impunément. En 2005, l’armée d’Islam Karimov avait massacré entre 500 et 1000 civils, dans la province d’Andijan. Un pays où il fait bon vivre !
Gulnara, “un mélange de princesse Diana, de Sarah Palin, de (James) Bond girl, de Cruella d’Enfer et main droite de son père”, selon le journal espagnol El Pais, est aussi chouchoutée par son dictateur de père. Elle est à la fois ambassadrice de l’Ouzbékistan en Suisse et en Espagne, chanteuse de pacotille à ses heures et posséderait, selon plusieurs experts, près de la moitié de son pays.
Or, pendant que la belle s’amuse, Maxime Popov croupit dans une geôle de Tachkent, la capitale ouzbèke. Ce jeune psychologue de 28 ans a été condamné à sept ans de prison pour avoir publié des brochures jugées « contraires à la mentalité, aux bases morales de la société, de la religion, de la culture, et des traditions du peuple d’Ouzbékistan. » Les brochures malheureuses prônent le “safe sex”, l’utilisation du préservatif, y compris pour les homosexuels ; dans un pays où l’homosexualité est interdite.
Jusque là, l’Amfar luttait contre la répression des homosexuels en Ouzbékistan. L’association fait même partie des 107 organisations signataires d’une pétition pour la libération de Maxime Popov.
L’Amfar désormais, met à l’honneur la fille du dictateur dont la justice a incarcéré le psychologue.
Un poil gênée aux entournures, l’Amfar a, le week-end dernier, ôté de sa brochure le nom de Gulnara Karimova. Nom qui a finalement rapidement été rajouté.
Dans un communiqué publié le 19 mai, Reporters sans frontières (RSF) interroge :
« Giorgio Armani ou Elizabeth Taylor, pour ne citer qu’eux, sont-ils conscients du contexte politique ouzbek ? Approuvent-ils la politique menée à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et la répression de la prévention contre le SIDA ? ». Et RSF d’appeler « toutes les personnes participant à la cérémonie à exiger de la part de Gulnara Karimova un pas significatif en faveur des détenus ouzbeks, ou à se retirer ».
Après Monica Bellucci et Alain Delon, voilà que l’Amfar cède à la monnaie ouzbèke. Cette fois-ci, Gulnara a donné au minimum 150 000 dollars. Nul doute que cet argent sera reversé aux séropositifs ouzbeks.
A lire sur Bakchich.info :
Ah, le sida, grande cause qui mobilise les coeurs les plus purs de cette planète, de Mlle Karimova à Mme Bruni-Sarkozy. Et toujours dans l’ascétisme la plus total, s’il vous plait.
Par contre, j’ignorais que RSF était également qualifié pour donner son avis sur cette question… Et Robert Ménard à la prochaine Marche des Fiertés, peut-être ?…