Samedi dernier, « l’Equipe Magazine » a rendu hommage aux meilleurs grimpeurs italiens du tour de France. En oubliant de remercier leurs médecins. Fâcheux…
L’Equipe Magazine, le supplément du week-end de l’Equipe a toujours eu un petit côté farceur. Ou à tout le moins une once de mauvais esprit que le glorieux quotidien du Sport et de l’Automobile s’est départi depuis bien longtemps.
Potache, l’hebdo n’a pas hésité pendant longtemps à sortir un numéro spécial maillot de bain. Édition désormais défunte mais dont le numéro de l’été 98 restera un moment inoubliable, pour la Coupe du monde en France. Ou plutôt « la croupe du monde » tel que le suggérait finement la légende d’une photo de naïade, tandis qu’une autre nymphe s’entraînait au « poteau entrant ». En ce temps-là, l’Equipe Mag savait s’amuser.
De cet esprit mauvais, demeure de petites traces, à peine perceptible pour l’œil non averti. Moins glamour qu’un numéro maillot de bain, le Top 5 des meilleurs grimpeurs italiens du tour, paru dans l’édition du 19 juillet dernier, ne manque toutefois pas d’audace. « 1. Marco Pantani Le panache au pouvoir. 2. Gino Bartali. Le Saint de la Montagne. 3. Fausto Coppi. Champion tout terrain. 4. Claudio Chiappucci L’homme de Sestrières. 5. Ricardo Ricco. L’enfant terrible ».
Des surhommes sans aucun doute, dont les démarrages en montagne ne lassent pas de fasciner. Tant les amateurs de cyclisme que les médecins en tout genre…
Sur ces cinq grands champions, au moins quatre ont été pris par la patrouille ou du moins ont avoué avoir recours à quelques suppléments.
Après un magnifique doublé Giro (tour d’Italie)- Tour de France 98 (en pleine affaire Festina), le pirate Pantani a été exclu en 1999 du même Giro après un contrôle sanguin plus que suspect. Sa trajectoire s’arrêtera en 2004. Overdose.
Plus franc du collier Coppi « dont le légende du grimpeur solitaire doit beaucoup à son illustre exemple », a avoué avoir eu recours aux amphétamines.
Claudio Chiappucci, certes « incarne une certaine idée du romantisme à l’italienne ». Peut-être les chevauchées des grands brigands, jamais vraiment pris par la patrouille mais contrôlé, en 1997 avec un taux d’hématocrite supérieur à 50%…à une époque où l’EPO était indétectable et où le docteur Michele Ferrari, qui avait pour habitude de comparer l’EPO au jus d’orange, était aux petits soins avec lui.
Quant à leur héritier, vainqueur champagne de deux étapes de montagnes sur le tour 2008, Riccardo Ricco, « l’enfant terrible » a été exclu du tour le 17 juillet. Contrôlé positif à l’EPO et mis en examen en France pour utilisation de substance vénéneuse. Le tout deux jours avant la parution de l’Equipe Magazine…et un jour après son bouclage effectué chaque mercredi. Ballot. Au moins persévère le mauvais esprit. Et puis ce n’était pas un classement des « coureurs propres du tour » après tout…
Le journalisme sportif de qualité est une denrée bien rare.
Et comme chaque année on s’offusque, s’indigne devant les coureurs qui se font prendre comme des andouilles !
Enfin bon, l’année prochaine, c’est sur cette fois ci c’est la bonne, le cyclisme sera "propre"…