L’Américain qui vient d’annoncer son retour sur un vélo de compétition pour 2009, affirme qu’il est devenu quelqu’un de bien. Aux oubliettes la casquette du parrain du peloton, avec son arrogance, sa violence verbale, il veut même être un exemple dans la lutte antidopage. C’est pas gagné d’avance ! En tout cas, cela sera plus difficile que de remporter sept Tours de France.
L’Américain Lance Armstrong qui a confirmé le 24 septembre son retour dans le peloton pour la saison 2009, a annoncé le lendemain à Las Vegas son intention de jouer la transparence dans le domaine du dopage en se soumettant à une batterie de tests, les plus pointus, dans un laboratoire indépendant, sous la houlette de Don Catlin, une star de la lutte antidopage.
L’Américain Greg LeMond, triple vainqueur du Tour de France, a réagi à cette annonce en affirmant que le retour dans les pelotons de son compatriote Lance Armstrong n’était « pas une bonne nouvelle » pour le cyclisme. « C’est le cauchemar que nous avons vécu de si longues années qui revient » a admis désabusé le seulement double vainqueur du Tour, en marge d’une conférence de presse organisée par Armstrong à l’occasion d’un salon du vélo.
Assis au premier rang, LeMond est intervenu dès qu’Armstrong a ouvert la salle aux questions. Mais ce dernier lui a coupé la parole sans répondre. LeMond a tenté à deux reprises d’interroger Don Catlin. En vain.
Les exploits de Lance Armstrong ont régulièrement éveillé les soupçons mais il a toujours catégoriquement démenti toute accusation de dopage. Le coureur, qui a pris sa retraite sportive en 2005 après sa 7e victoire sur le Tour de France, avait annoncé son retour à la compétition le 9 septembre dernier, expliquant qu’il souhaitait mette en lumière la lutte contre le cancer, maladie dont il a lui-même souffert en 1996.
Mercredi 2 octobre , le Texan de 37 ans a précisé qu’il courrait pour l’équipe kazakhe Astana, dirigée par son ancien directeur sportif et ami Johan Bruyneel. Faisant suite à sa conférence dans une longue interview parue dans le quotidien L’Équipe, Armstrong explique qu’il a changé. Contrairement à ce qui est écrit un peu partout, il aime la France : c’est pour cela qu’il retourne sur les routes de Tour. On le fait passer pour un tricheur alors qu’il est partisan d’une tolérance zéro en matière de dopage ; c’est pour le démontrer qu’il sera suivi et analysé tout au long de l’année avec publication de ses paramètres biologiques par Don Catlin, le fondateur du laboratoire antidopage de Los Angeles aujourd’hui directeur du laboratoire antidopage research.
Alors peut-on croire, devant ces belles résolutions, qu’Armstrong va changer ? Que son arrogance et son mépris envers les journalistes, que sa violence envers ses pairs qui ne se plient pas à ses volontés, que ses accointances avec la dope vont disparaître par un coup de baguette magique ? Dans L’Équipe, il répond à toutes ces attaques que le nouveau Lance Armstrong est arrivé : « Tout le monde grandit, tout le monde mûrit, tout le monde change. Cela peut prendre du temps… J’ai compris beaucoup de choses… Si on me demande si j’ai changé, je répondrai oui, parce que j’ai vécu. Mais je ne suis pas une nouvelle personne ». Alors le parrain du peloton serait-il devenu l’angelot de la route ? Difficile à croire. Rappelons son comportement inqualifiable vis à vis de Filippo Simeoni. Ce dernier avait témoigné à charge contre le Dr Michele Ferrari, ami et préparateur de l’Américain, en expliquant devant la cour que le médecin italien – soigneur de nombreuses stars du peloton – l’avait dopé. En rétorsion, le « parrain des géants de la route » empêchait Simeoni de faire sa course. Dès que ce dernier essayait d’attaquer ou de se glisser dans une échappée.
Armstrong le prenait en chasse, comportement tout à fait inhabituel pour un leader du Tour, et lui intimait l’ordre de rentrer dans le rang en le menaçant de rétorsions. Le coureur de Domina Vancaze raconte cet épisode peu glorieux du CV du prochain ex-retraité et futur leader de l’équipe Astana [1] : « Si j’ai dû affronter certaines rétorsions, c’est parce que les deux « padrone » (parrains) Lance Armstrong et Mario Cipollini s’étaient ligués contre moi (…) Il y a eu le fameux épisode de Lons-le-Saunier lors de la 18e étape, l’altercation avec Armstrong qui m’a empêché d’entrer dans une échappée en disant aux autres : ‘’Vous oui mais pas lui’’. Pour montrer à Lance qu’il ne m’impressionnait pas, j’avais attaqué au kilomètre zéro dans l’étape Montereau-Paris le 25 juillet 2004. Quand le peloton m’avait repris, Armstrong avait organisé un chœur avec Filippo Pozzato, Daniele Nardello et d’autres, tous complices et ils s’étaient mis à chanter Scemo ! Scemo (gros con, gros con). Ils m’avaient humilié. » Comment imaginer un seul instant qu’un homme capable de s’acharner sur un repenti de la dope puisse un jour changer en profondeur ?
Autre thème d’importance pour lequel on peut avoir des doutes sur le renouveau d’Armstrong, lui qui incarne les années « dope niveau » tous azimuts, c’est son ambition de jouer la transparence sur son suivi longitudinal. En tout cas, c’est le message qu’il a voulu faire passer lors de sa conférence de presse. Il veut utiliser son retour à la compétition pour essayer de démontrer qu’il est propre aux sceptiques doutant qu’il ait pu signer ses sept victoires consécutives dans le Tour sans l’aide de produits interdits. Le Texan a annoncé à New York que l’expert antidopage Don Catlin allait mettre sur pied un programme indépendant pour le contrôler. Catlin a supervisé les contrôles olympiques lors des Jeux de Los Angeles en 1984 et a dirigé le premier laboratoire antidopage américain à UCLA pendant 25 ans de 1983 à 2007. Il est désormais à la tête de l’organisation Anti-Doping Research, qu’il a fondée pour découvrir de nouveaux produits et développer des méthodes de dépistage. « Au bout du compte, vous avez l’un des experts éminents à l’échelle mondiale pour valider la performance » a déclaré Armstrong (voir encadré). « Je souhaite avoir un niveau de transparence. Je ne veux pas laisser de place au doute. Je ferai ce qu’il demande. C’est son travail. Il fera ce qu’il veut comme tests » a ajouté le candidat à une 8e levée sur le Tour. « Tout sera public. Tout le monde pourra voir les évolutions de ses données et dire : ‘’ il y a des changements. Que se passe-t-il ?’’ Ses échantillons seront aussi congelés pour être analysés dans plusieurs années s’il faut » a promis Catlin.
Signalons dans la foulée que la congélation est le meilleur moyen de faire éclater les membranes des globules rouges et donc de rendre inopérantes toutes les analyses a posterori pour détecter une transfusion sanguine autologue (avec son propre sang). Cette technique de dopage très efficace est encore aujourd’hui toujours indécelable, ce qui la rend très prisée des tricheurs. Si le Texan carbure réellement à l’eau de source et qu’il n’a rien à cacher, on ne voit pas pourquoi il veut à tout prix subir les contrôles les plus perfectionnés afin de prouver sa bonne foi ! Rappelons que, avant de prendre sa retraite, il mettait en avant ses 300 contrôles négatifs tout au long de sa carrière pour écarter toute suspicion de triche. D’ailleurs, l’athlète Marion Jones a fait de même avec ses 160 contrôles négatifs ou l’équipe cycliste Once dirigée par le sulfureux Manolo Saiz s’abritait derrière les 500 contrôles antidopage et sanguins, tous négatifs comme de bien entendu, pour nier le dopage.
En revanche, le fait d’être suivi par un expert des analyses des substances prohibées tel que Don Catlin, va lui permettre d’avoir accès aux informations les plus pertinentes sur les substances indécelables. C’est un peu un remake de l’histoire du stratagème du « cheval de Troie » ou comment pénétrer dans l’antre des gardiens de l’éthique. La longue histoire de la lutte antidopage nous apprend que par le passé, à plusieurs reprises, des laboratoires antidopage officiels, estampillés Comité international olympique (CIO) et Fédérations internationales ont aidé les athlètes à passer à travers les contrôles. Par exemple, deux laboratoires accrédités par le CIO – celui de Kreischa en Allemagne de l’Est et celui de Rome en Italie – ont permis à de centaines de sportifs de se doper sans se faire prendre avant que ces deux établissements supposés garants d’un sport propre soient enfin démasqués et désacrédités ; le Rubicon est vite franchi entre ceux qui militent dans l’antidopage et ceux qui sont dans le camp d’en face.
Armstrong pourra plus facilement convaincre les sceptiques par son comportement à l’encontre des journalistes et de tous ceux qui dénoncent le dopage que par les résultats négatifs de ses contrôles même les plus sophistiqués.
À lire ou relire sur Bakchich.info
[1] L’Équipe, 18/05/2007
Lance Armstrong a refusé que ses échantillons de sang de 1999 soient testés.
Que faut-il encore aux défenseurs du "plus grand champion de l’histoire du cyclisme" pour qu’ils admettent que ce type s’est dopé pour gagner le Tour ?
Mais quelle grande blague…
Il devrait courir pour un laboratoire pharmaceutique… ca serait plus simple au niveau organisation.
Bref on va bien rire quand il va grimper le Ventoux dix minutes plus vite que tout le monde, ou qu il va arriver sans la moindre gouttte de transpiration en haut de l Alpe d Huez…
La blague est bonne mais on n’est malheureusement pas le 1er Avril.
Bon courage à ces adversaires…