Patron du laboratoire de dépistage du dopage de Los Angeles (1983-2007), l’expert qui s’ocucpera de la netteté des urines et du sang de Lance Armstrong a démontré à trois reprises au moins qu’il n’est pas aussi performant que son poulain le prétend.
Catlin et son équipe, sur 1 507 analyses d’urine, épinglent douze cas positifs. Parmi eux, Eiji Shimomura, un volleyeur japonais sanctionné pour consommation de testostérone. Il sera exclu des Jeux. Clamant son innocence, il se prêta dès son retour au Japon à une série d’examens approfondis afin de déterminer l’origine du test positif. Pendant une période d’environ deux semaines, le monitoring quotidien urinaire démontrait qu’il excrétait normalement la testostérone au-dessus des valeurs admises et en l’absence d’apport frauduleux. Il sera rétabli dans son honneur mais seulement plusieurs années après. Merci M. Catlin.
En août 1994, soit dix ans après, le directeur du laboratoire de l’université de Californie-Los Angeles (UCLA) chargé des tests antidopage lors des Jeux d’été de 1984, Don Catlin a confirmé que neuf contrôles positifs de l’époque étaient restés sans suite. L’affaire sera révélée mardi 23 août 1994 sur la BBC par le directeur adjoint du laboratoire, le docteur Craig Kamerer, et un membre de la commission médicale du Comité international olympique, Arnold Beckett.
M. Kamerer a indiqué alors que le laboratoire de l’UCLA aurait transmis à la commission médicale du CIO un certain nombre d’échantillons positifs, mais celle-ci n’en aurait jamais accusé réception. Selon M. Beckett, les documents concernant ces tests positifs auraient mystérieusement disparu de la chambre d’hôtel du prince Alexandre de Mérode, président de la commission médicale. Cette affaire n’a jamais eu de suite et surtout Catlin ne s’est jamais manifesté – en tout cas sur le moment – pour révéler l’ampleur de la magouille et mettre en balance sa démission. Il a fallu attendre dix ans pour connaître les faits. Cette attitude s’assimile à de la complicité passive.
L’entraîneur d’origine jamaïcaine, Trevor Graham, qui a eu sous sa coupe quelques stars de l’athlétisme américain (Marion Jones, Tim Montgomery, Justin Gatlin) a admis en 2004 être l’entraîneur anonyme qui avait envoyé aux autorités, en juin 2003, une seringue contenant de la THG (un stéroïde anabolisant utilisé par les stars du sport US depuis 2001 et jusqu’alors indécelable).
C’est Catlin qui avait été sollicité par l’Agence antidopage américaine (USADA) pour faire la lumière sur cette substance. Ce qu’il a réalisé effectivement.
Mais dans les faits, si le futur expert antidopage d’Armstrong ne reçoit pas la seringue d’un entraîneur devenu une « balance » pour mieux accuser et éliminer par ricochet un groupe rival, la THG serait probablement encore indécelable. En tout cas, de 2001 à 2003, elle a permis de rapporter de nombreux podiums à ses consommateurs sans qu’ils soient inquiétés par les analyses de Catlin.