Le rapport de « SOS homophobie » pour 2009 vient d’être rendu. Bakchich revient sur les relations houleuses qui agitent le milieu du sport confronté au tabou de l’homosexualité.
On sait que Laurent Nicollin, fils du charismatique Loulou Nicollin, président du FC Montpellier au pas lourd et au physique imposant, ne s’est jamais distingué par l’élégance de son éloquence. Comme le recense le rapport annuel sur « l’homophobie 2009 », il lui est imputé ce couillu texto envoyé à un supporter à la veille d’un match de ligue 2 : « on va les enculer ces pédés de nîmois ». Réponse de l’accusé, pris sur le fait, non moins exquise par ses civilités en ronds de jambe : « j’ai commis l’erreur de commettre un langage de supporter pour convaincre mon interlocuteur. J’étais stressé et pressé, mon souci était d’assurer le destinataire d’une volonté de victoire. » Résultat des courses : 1-1. Si l’exhortation verbale avait été au moins à la hauteur du résultat obtenu…
L’anecdote est à l’image du malaise grandissant qui secoue le milieu sportif actuel ou l’acceptation de l’homosexualité reste marginale. Le rapport recense treize témoignages reçus en 2008 d’actes d’homophobies (six en 2007 et cinq en 2006) preuve que l’omertà dans les enceintes sportives règne en absolu. A ce constat suit un autre chiffre : le peu de sportifs ayant annoncés médiatiquement leur homosexualité. Deux de haut niveaux, Amélie Mauresmo et Carole Péon, et un joueur de foot amateur, Yoann Lemaire, du FC Chooz dans les Ardennes. « C’est grâce à l’association Paris foot gay qu’il se sent désormais fier de son club, qui a signé la charte contre l’homophobie », témoigne l’un des membres de l’association.
Comme l’explique le sociologue québécois Simon Louis-Lajeunesse, l’homosexualité et le sport apparaissent « exclusifs l’un à l’autre. Tout dans ces sports tendent vers la masculinisation : les codes de communication, les rituels, les vestiaires, le rapport au corps. Dans le sport, l’hétérosexualité est évidente, présumée pour tous. Le soupçon d’un membre de l’équipe est alors perçu comme une menace pour la masculinité et la virilité dans lesquelles les garçons baignent. »
Ce n’est sûrement pas un mystère si à la lecture de ce rapport, le traitement consacré à l’interdit homosexuel dans le cercle fermé du sport constitue le plus bref chapitre. Preuve en est que la médiatisation et le business de nos champions prélude à jeter une chape de plomb sur un milieu soucieux de préserver ses intérêts et son image lisse qui brasse des millions. Après tout, qui a réellement intérêt à soulever cette question ? Sûrement pas les fédérations sportives trop occupées à gérer les droits télés plutôt que ces « histoires de pédés ».
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
Les insultes homophobes sont monnaie courante tous les week-end de la part des "supporters" qui n’hésitent pas à traiter le joueur de "pédé", "fiotte", "enculé" dès que celui ci ne lui plaît pas…
Il y a davantage d’insultes homophobes que racistes au bord des terrains et les médias n’en parlent pas… !