Le régime chinois n’est pas tendre avec les homosexuels. Considérés comme un groupe « à risques » de propagation du VIH par Pékin, ils ne peuvent pas donner leur sang. Et se retrouvent donc exclus de l’élan de solidarité patriotique découlant du séisme qui a frappé la province du Sichuan le 12 mai. Les lesbiennes, elles aussi concernées, sont furieuses et protestent sur internet.
Pas la peine de se frotter les mirettes, ce n’était pas une hallucination. Le 28 mai dernier, l’un des plus célèbres site web lesbien de Chine, « les + », postait une chronique au titre sans équivoque, « Lesbiennes donneuses de sang : où êtes-vous ? ». Ce long texte était accompagné d’une affiche reprenant les appels aux dons du sang organisés par les autorités chinoises suite au séisme qui a ravagé le Sichuan le 12 mai. A ceci près que le slogan avait été retouché, et proclamait : « Nous voulons donner notre sang ».
En réalité, cette chronique réagissait à une directive gouvernementale interdisant aux homosexuels de donner leur sang. Et, par extension de participer au vaste élan patriotique ayant vu le jour après le séisme, donc de s’associer au deuil de la nation chinoise.
« Dans la communauté homosexuelle, nous avons nous aussi, sans hésitation, souhaité donner notre sang pour venir en aide aux sinistrés (de la région de Wenchuan) avec l’espoir de sauver des vies. (…) A ce moment là, beaucoup de lesbiennes se sont aperçues de l’impossibilité d’offrir leur sang du fait des interdictions touchant les homosexuels ». Ces interdictions sont édictées par le ministère de la Santé dans les articles 6 et 16 de la loi sur les « critères sanitaires des possibles donneurs de sang ». En effet, pour Pékin, qui ne fait pas dans la dentelle, les homosexuels masculins sont considérés comme un important groupe à risque dans la propagation du HIV ; et, à ce titre, sont exclus de toute campagne de donation de sang. Cette interdiction vaut également pour les lesbiennes car, dans l’Empire du Milieu, tous les homosexuels sont définis par l’appellation commune de « tongxinlian », qui ne fait aucune distinction entre le masculin et le féminin. Et qu’importe s’il est prouvé que « les études menées par le gouvernement chinois » montrent que les homosexuels ne sont pas un groupe à risque, comme le rappellent les lesbiennes sur leur site internet. Sans surprise, elles appellent maintenant toutes les lesbiennes chinoises à se rassembler pour « combattre l’homophobie et les discriminations basées sur des préférences sexuelles ; aider les autres pour s’aider soi-mêmes ».
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