« L’instinct, le sens… Je laisse ça aux femmes. Moi, je ne suis pas une gonzesse », déclarait récemment dans le « JDD », le tout nouveau patron du PSG, Charles Villeneuve. Une déclaration pleine de testostérone qui colle assez bien avec le machisme ambiant qui règne dans le petit monde du ballon rond. Un machisme qui peut parfois tourner à l’homophobie.
Le 7 juin prochain, dans les champêtres alpages austro-suisses, débutera le si attendu championnat d’Europe de foot, une compétition qui réunit tous les quatre ans les 16 meilleures nations de l’Europe du football. Et au-delà de l’aspect sportif, une jolie communion des peuples, dans les stades, s’instaure. « Il faut assister une fois dans sa vie à un match pour s’en rendre compte, pointe Patrick Vassort, maître de conférence à l’université de Caen et interrogé dans Sexus Footballisticus. L’insulte la plus récurrente que l’on entend dans la bouche de tous les supporters est : « arbitre enculé » ». Avec des variantes en 16 langues ou presque lors des Euro. Que c’est beau une culture commune. « Le football est sans doute le sport le plus homophobe », insiste même Patrick Vassort.
Diable, des garçons qui passent leur temps à courir ensemble après une petite balle, devant un public essentiellement masculin, et qui prennent 10 mois sur douze leurs douches ensemble, cela crée un milieu homophobe ? Et bien oui…
Les exemples ne manquent pas de cette propension du footballeur ou du spectateur à vouloir sinon casser du pédé, du moins les rabaisser, et nier que le football puisse compter dans ses rangs des homosexuels, comme le rappelle Jérôme Jessel dans Sexus footballisticus.
« Le 29 mars 2005, lors du grand journal de Canal + présenté par Michel Denisot, David Ginola, l’homme qui le vaut bien, s’oublie quand on lui demande s’il s’est déjà fait dragué par un footballeur :
« Non je vais dire mieux : je n’ai jamais, en 18 ans de carrière, vu ou assisté, ou personnellement vu, un homosexuel dans le vestiaire ou sous la douche ». L’acteur Clovis Cornillac, également invité du talk-show de Denisot, l’interrompt, et lui fait remarquer qu’on ne peut pas juger si quelqu’un est homosexuel en fonction de son apparence. Feignant de ne pas entendre, Ginola continue son monologue : « dans les attitudes, je n’ai jamais vu quelqu’un qui ressemblait de près ou de loin avec des manières de quelqu’un du côte obscur de la force… »
Moins poète, le sélectionneur croate Otto Baric, en 2004, lâche en pleine conférence de presse : « il n’y aura pas un seul pédé dans mon équipe. Et si, d’aventure, l’un d’entre eux tentait de passer entre les mailles du filet, je saurais le repérer ».
Les statistiques s’avèrent toutefois cruelles. « Il n’y a aucune raison que le football échappe à la statistique nationale selon laquelle un homme sur 20 est homosexuel », avance Philippe Liotard, maître de conférence à Lyon I et auteur de nombreux travaux sur l’homosexualité dans le sport.
Mais que ce soit en Angleterre, en France ou en Croatie, que vous soyez joueur reconnu ou pas, le leitmotiv est le même. Pas d’homo dans le foot. Et gare aux contrevenants donc. Célèbre consultant de Canal +, l’ancien joueur et entraîneur Olivier Rouyer, coéquipier de Platini au début des années 80, l’a appris à ses dépens.
Le 16 février 2008, dans l’Equipe magazine, l’ex-joueur fait enfin son coming out… 20 ans après la fin de sa carrière. « Le foot est un milieu où l’on aime guère ceux qui sortent des clous. Au début de ma carrière, une copine me servait d’alibi, mais à Strasbourg, je suis tombé amoureux et j’en ai eu marre de mentir ».
Durant l’entretien Olivier Rouyer soupçonne que sa différence lui a valu d’être remercié en 1994, alors qu’il entraînait l’ASNL ».
Il est vrai que les précédents de joueurs faisant leur coming out du temps de leur carrière n’incite pas au courage… Le seul joueur à l’avoir jamais fait, en 1990, a été un jeune anglais, international espoir, Justin Fashanu. Sa carrière en a été brisée et le premier et dernier joueur à s’assumer gay durant sa courte carrière se suicida, le 2 mai 1998, à 37 ans. Pas vraiment de quoi créer des vocations.
D’autant que les instances du football détournent poliment les yeux face au problème. Certes, d’ici quelques jours, l’association Paris Foot Gay et la ligue de football professionnel doivent signer un partenariat.
La dernière initiative allant en ce sens, le 20 mars 2005, n’eut pas vraiment l’effet escompté. Sous la pression d’associations, les dirigeants du PSG font diffuser un clip pour lutter contre l’homophobie, à la mi-temps d’un match de leur équipe « phare ». Huées du public…
Et depuis, sur tous les stades de France, sporadiquement, sortent d’inventives banderoles homophobes. Sans que jamais les clubs, ou les supporters auteurs de tels saillies ne soient sanctionnés. Ou que les instances se dressent sur leurs pattes arrières…
Après la banderole anti-ch’ti : « Pédophile, chômeurs consanguins, Bienvenue chez les ch’tis » Frédéric Thiriez, Président de la ligue de football professionnel, s’était défrisé la moustache pour lancer un « Nous sommes tous des ch’tis ». Et le PSG, quoique vainqueur de l’épreuve, s’est vu exclure de la coupe de la ligue 2008/2009.
On attend pour la prochaine banderole anti-gay, son « nous sommes tous des homosexuels »…
Ce qui me choque le plus dans les commentaires et l’article c’est que personne n’a relevé le sens de la question posée à Ginola. "quand on lui demande s’il s’est déjà fait dragué par un footballeur :"
Oui l’homo dragueur des Adonis hétéro. Beau cliché. L’homo lourdingue qui traîne les bars, les toilettes et les vestiaires pour faire sa chasse. Le collant mièvre qui vous lâche pas les baskets ou les crampons. Pathétique.
Si on avait vraiment voulu savoir si l’homosexualité existait dans le monde du foot on lui aurait plutôt posé cette question : Avez-vous des connaissance de gays, professionnels dans le monde du foot et comment le vivent-ils ?
Je lutte mieux contre l’homophobe qui se déclare :
Je me sens moins à l’aise avec ceux qui maladroitement font une levée de boucliers pour s’indigner d’être assimilés à ces fachos homophobes. Qui vous diront que oui ils connaissent des homos et qu’ils sont "tolérants" envers eux [Aïe]. Qu’eux ils nous aident en ne nous condamnant pas et que c’est comme ça qu’on les remercie ?
Ttttt…
Décidément, le mieux pour certains, c’est encore de ne rien en penser…
L’explication du sport "de contact" en tient pas : regardez le rugby, y a pas mal de contact aussi on dirait et… les homos y sont bien mieux acceptés…
Les rugbymen seraient ils plus intelligents ? Plus tolérants au moins ?