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Gomorra, voir Naples et mourir

Ciné / mercredi 13 août 2008 par Beniamino Nicolo
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Grand Prix du jury du festival de Cannes 2008, le film « Gomorra » de Matteo Garrone sort ce mercredi 13 août dans les salles françaises. Adapté du roman de Roberto Saviano, best-seller avec environ 1,2 millions d’exemplaires vendus en Italie, « Gomorra » ouvrage déjà culte, se transfigure en une fresque sociale ultra-réaliste au plus profond de l’empire de la Camorra.

Dès les premières minutes, le spectateur plonge son regard dans la fournaise napolitaine. La violence et la mort transpirent des habitations des quartiers délabrés de la banlieue nord de Naples. Les plus pauvres des habitants ne survivent à cet endroit que grâce au bon vouloir de la plus puissante organisation criminelle d’Europe.

Ce film coup de poing trace les trajectoires de vie sinueuses de sept personnages broyés par « le Système », véritable nom de la mafia napolitaine dite Camorra. Toto, 13 ans, rêve de faire partie de ce mécanisme infernal de la criminalité organisée. Don Ciro est l’assistant social de son clan et apporte l’argent aux familles dont les membres sont morts ou emprisonnés. Le parcours anarchique de Marco et de Ciro prouve que ce Système, tout comme d’autres, condamne les électrons libres réfractaires aux règles fixées. Roberto et Franco excellent dans la dispersion et le traitement des déchets toxiques. Enfin Pasquale, peut-être « le meilleur tailleur du monde », travaille pour un salaire de misère dans un atelier clandestin à la confection de vêtements pour la haute couture « Made in Italia ». Pourtant, dans le film Gomorra, vous ne verrez pas Angélina Jolie « lors de la soirée des Oscars, vêtue d’un magnifique tailleur-pantalon en satin blanc » fait à Arzano « par Pasquale » (dans le livre). Trop reconnaissables, ce tailleur-pantalon d’une maison de luxe italienne et Madame Pitt ont été remplacés dans le film par Scarlett Johansson vêtue d’une longue robe blanche. Pression de l’industrie du luxe ? Problème de droit à l’image ? Ce film dérange définitivement. Matteo Garrone, fidèle à Saviano, ne dénonce pas seulement le Système camorriste mais également un autre système beaucoup plus opaque de production et de commercialisation globalisé, le capitalisme.

Un livre : une vie

"Gomorra" de Roberto Saviano - JPG - 44 ko
"Gomorra" de Roberto Saviano
©Gallimard

La Camorra, gouverne les corps comme les âmes, les vivants comme les morts. Mais « le mot Camorra n’existe pas, prévient l’auteur Roberto Saviano, c’est un mot de flics utilisé par les magistrats, les journalistes et les scénaristes ». Le terme que les affiliés emploient dans leur langage courant est le Système. C’est l’une des entreprises mafieuses les plus puissantes d’Europe, avec un chiffre d’affaire dépassant de loin le groupe italien Fiat. Les clans mafieux camorristes incarnent un Léviathan moderne. Ils rongent Naples et ses habitants de l’intérieur. La terre napolitaine, les femmes et les hommes de Campanie se meurent de ne pouvoir exister en dehors du Système. Il est tout. Il veut tout et tout de suite. Tous les secteurs de l’économie sont investis. Peu importe la destruction de l’homme et de son environnement, s’il y a un maximum de profits à la clé. Les trafics illégaux de drogues, d’armes ou de cigarettes, tout comme les extorsions ne sont pas l’apanage des activités mafieuses. La mafia napolitaine est implantée dans de nombreux secteurs plus ou moins licites, l’agro-alimentaire, le textile, les travaux publics, le traitements des déchets, le détournement des subventions européennes. Sa raison de vivre hyper-capitaliste se définit par l’accumulation prédatrice et violente des richesses.

Écrivain-journaliste, Roberto Saviano est aussi chercheur pour l’Observatoire sur la Camorra et l’illégalité. Depuis la publication de son livre en 2006, il vit sous protection judiciaire et réside aujourd’hui dans une localité tenue secrète, sans possibilité de sortir d’Italie. Un contrat sur la tête, il n’a que 29 ans.

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« Gomorra », de Matteo Garrone , sortie en salles le mercredi 13 août

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7 MESSAGES

Forum

  • Gomorra, voir Naples et mourir
    le jeudi 14 août 2008 à 13:12, DODO a dit :

    bonjour. A l’anonyme de 15h34.

    C’est par les mafias américaines liées à celles italienne que le trafic de drogue est passé à l’échelon mondial.

    En Iran le trafic prospère : quel drogue ? quelle quantité ? quelle partie de la population ? Quel rapport avec pendre les trafiquants ? Le problème est pourquoi les USA sont aussi consommateurs et pourquoi une de leur méthode de déstabilisation des pays gênants est d’y promouvoir la drogue ? Au fait vous saviez que c’est l’Angleterre qui au 19 ème siècle a lancé la consommation de l’opium en Chine ? Et les USA eux n’auraient jamais usé de ce système. C’est vrai que c’est connu que la CIA ne s’est jamais en Amérique du sud appuyé sur les trafiquants et le crime pour permettre à leurs trusts de s’implanter ni en Afrique ni en Asie. Les USA ont développé le crime mondialement pour booster leur économie. Maintenant que le bordel le plus barbare a été instauré au profit d’abord des USA, on peut dire que d’autres pays font de même. Mais ils n’ont pas été les initiateurs.

    Ca vous arrive d’ouvrir les yeux ?

  • Gomorra, voir Naples et mourir
    le mercredi 13 août 2008 à 22:43

    Je tiens à signaler à JPAR que Gomorra de Roberto Saviano n’est pas tout à fait une enquête journalistique. Certains passages du livre sont des témoignages indirects rapportés à l’auteur par les témoins oculaires. Il se les est simplement appropriés afin de sauvegarder la cohérence du récit. Un roman-quête en somme.

    Mais, Gomorra vaut que l’on ne s’arrête pas à ce type de catégorisation.

    Beniamino Nicolo

    • Gomorra, voir Naples et mourir
      le jeudi 14 août 2008 à 11:12, jpar a dit :
      Rarement les journalistes sont les témoins directs des faits qu’ils rapportent. Ceci dit présenter Gomorra comme un roman (alors qu’ avant le film, il ètait classé comme "essai")est en affaiblir largement sa portée (voir la nouvelle image de couverture -tirée du film). C’est très dommage.
  • Gomorra, voir Naples et mourir
    le mercredi 13 août 2008 à 19:36, jpar a dit :
    Non ! Gomorra n’est pas un roman mais une enquête journalistique. C’est toute la différence entre fiction et réalité
  • Gomorra, voir Naples et mourir
    le mercredi 13 août 2008 à 08:55, popol a dit :
    "La Mafia n’est pas étrangère dans ce monde ; elle y est parfaitement chez elle… comme le modèle de toutes les entreprises commerciales avancées"
  • Gomorra, voir Naples et mourir
    le mercredi 13 août 2008 à 08:52, DODO a dit :

    Bonjour. Et tous nos bons hommes politiques qui nous pressent d’adopter le capitalisme sauvage et donc la loi du plus fort. Et bien le plus fort c’est malheureusement celui qui ne respecte aucune loi. Avant la société était la pour préserver les droits de tous et pas que des gros riches contre les mafias, syndicats du crime et multinationales qui broient tout sur leur passage.

    Car si les multinationales tuent moins directement (tabac) dans nos pays, elles ne se privent pas dans les pays du tiers-monde où elles trouvent des dictateurs et des corrompus pour les servir. Et si jamais le président et son gouvernement sont honnêtes, elles font un coup d’état aidé par la CIA.

    Donc les mafias sont une gangrène infâme mais c’est tout le système capitaliste (et non pas libéral) qui a permis une déviance pareille.

    L’argent de l’énorme développement des mafias provient de la drogue (cocaïne et héroïne) et en cela on peut dire merci aux USA, qui par leur système injuste basé sur la richesse et non sur l’être humain, a favorisé la consommation de drogue à tous les étages de la société par la déshumanisation et la misère de leur société.

    • Gomorra, voir Naples et mourir
      le mercredi 13 août 2008 à 15:24

      Ouais…en Iran on pends les trafiquants de drogue et les drogués sont traités de façon atroce.

      Celà n’empèche pas ce trafic de prospérer, et je ne pense pas que la USA y soient pour quelque chose.

      Il se dit même qu’en Chine la consommation est en croissance exponentielle.

      Alors l’anti-américanisme primaire est un peu court comme explication du phénomène.

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