Ce Mardi 26 août à Beyrouth, deux génies du jazz, Erik Truffaz et Malcom Braff, rencontreront deux géants de la musique classique indienne, Apurba Mukherjee (tablas) et Indirani Mukherjee (voix et cithare). Indian Project emmènera donc le public libanais dans un nirvana rythmique et expérimental. Gros plan sur cette folle aventure…
La musique adoucit les mœurs. Elle transcende les différences. Tant les sonorités que les mélodies insufflent dans l’esprit des hommes un petit bout de paradis. La musique fait tout oublier lorsque la guerre fait rage. Pour les libanais et les chanceux présents à Beyrouth, Liban Jazz représente un « véritable ballon d’oxygène » qui pendant quelques heures fait vibrer les cœurs. C’est en tout cas l’intime sentiment de Karim Ghattas, un franco-libanais féru de jazz, fondateur et organisateur du déjà célèbre festival Liban Jazz. Les monstres vivants de la musique arabe, dont les joueurs de oud, Dhafer Youssef et Anouar Brahem, et de jeunes talents libanais comme Khaled Yassine, côtoient les personnalités emblématiques de la scène jazz actuelle, Archie Shepp, Seb Martel, Henri Texier et Erik Truffaz.
Dans la sphère des festivals internationaux, celui de Beyrouth est désormais un passage obligé. Ils se pressent tous pour jouer dans la plus belle salle de la ville, le Music Hall. Le public, lui, n’attend pas la fin du concert comme en Europe, pour remercier les artistes. « Leur reconnaissance et leur gratitude s’exprime dès le début, lorsque le concert commence », déclare Karim Ghattas. Une autre manière d’apprécier la musique et de découvrir des horizons musicaux étrangers ressort de cette expérience singulière.
En 2004, l’édition de lancement inaugure une nouvelle ère de la vie culturelle libanaise. Depuis, l’iconoclaste aventure musicale se poursuit au gré des aléas de la situation politique. Mais, « le festival ne s’arrête jamais », martèle le fondateur, excepté avoue-t-il, « lors de la reprise des hostilités entre Israël et le Hezbollah, en juillet 2006 ». Après avoir longuement hésité, Karim Ghattas exile Liban Jazz et son édition de septembre 2006 à Paris. Tous les artistes, 25 parrains et amis, répondent à l’appel. En solidarité avec le Liban, tous proposent de jouer gratuitement et de reverser les recettes des concerts à la Croix Rouge Libanaise. Cette édition particulière s’intitulera le Concert en Blanc. Fin septembre, Karim repart à Beyrouth et relance le festival. Depuis cet épisode tragique, Liban Jazz n’a pas connu d’interruption. Une série de concerts mensuels s’ajoute désormais au festival du mois de septembre. Signe que la musique n’a pas de frontière, Liban Jazz crée en 2008 Liban World, son pendant dédié à toutes les musiques de la planète.
À Beyrouth, les cultures font leur « bœuf ». Les musiciens y enrichissent leur champ d’exploration musicale grâce aux rencontres et aux échanges avec d’autres d’horizons différents. Mais, avant tout, ce sont des amis qui se font plaisir avec toujours à l’esprit, la fête.