Lennart Johannson, ancien président de l’Uefa, dénonce l’entourloupe réalisée par Sepp Blatter lors de la campagne qui a permis à Michel Platini de lui succéder en 2007.
Lennart Johansson a la rancune tenace.
Dans une interview accordée le 30 mars au site danois Tipsbladet.dk, Lennart Johansson, l’ancien président de l’UEFA de 1990 à 2007, a confirmé à quel point la haine qu’il entretient envers Sepp Blatter « Le Couillu » est intacte. A juste raison semble-t-il.
Déjà en 1998 au cours de sa tentative pour succéder à Joao Havelange à la tête de la FIFA, Lennart avait eu l’occasion de découvrir la conception très personnelle du Fair Play de son adversaire. Plus personne en effet, exception faite de Blatter et ses proches, ne conteste sérieusement aujourd’hui qu’un certain nombre de voix africaines ont été achetées à Paris dans les heures qui ont précédé l’élection.
Non content de couillonner Johansson à la déloyale pour le job suprême, Blatter lui a infligé le deuxième effet « Kiss pas Cool » en 2007, à l’occasion de l’élection présidentielle à la tête de l’UEFA, la puissante confédération européenne.
Selon la version de Johansson au site danois le mois dernier, c’est Blatter qui avait demandé à Johansson de se représenter une dernière fois à la tête de l’UEFA, le temps pour le Suédois de préparer tranquillement sa succession. L’annonce de la candidature de Johansson avait surtout eu pour conséquence immédiate d’amener le Kaiser Franz Beckenbauer à renoncer à se porter candidat, ce qui rétrospectivement, constituait le but principal de la manœuvre. Un éventuel match Beckenbauer-Platini semblait à l’époque présenter une issue trop incertaine aux yeux du clan Blatter.
Une fois la campagne électorale engagée, Johansson eut la désagréable surprise de constater que Blatter soutenait fermement Michel Platini. « Quand je lui ai demandé la raison pour laquelle il m’avait d’abord suggéré de présenter ma candidature pour finalement soutenir celle de mon adversaire, il m’a simplement répondu : c’est la vie, avec un large sourire… ».
« Blatter ne sait tout simplement pas ce qu’est le Fair Play » poursuit-il, rappelant le nombre invraisemblable d’affaires d’abus de pouvoir et de corruption qui ont émaillé le règne du Suisse. Certains cas étaient tellement criants que la FIFA a du éteindre l’incendie. Sur d’autres en revanche, persiste toujours un silence de plomb.
Johansson insiste d’ailleurs sur les difficultés à réunir des preuves indiscutables : « Quand vous avez combattu pendant des années contre les forces du mal, vous finissez par être fatigué. Vous vous dites que ça ne sert à rien de mettre ces affaires à l’ordre du jour, puisque de toute façon, ça ne fera aucune différence » constate, désabusé l’ancien président de l’UEFA. Avant de conclure : « le football veut faire sa propre police et sa propre justice mais pour le monde qui l’entoure, ils est de plus en plus évident qu’il en est incapable. Il existe de très bons professionnels de l’investigation et de l’audit, mais lorsque vous êtes en plein milieu de ce merdier, il est possible que vous ne soyez tout simplement plus en mesure de voir les irrégularités ; et puis, lorsque vous êtes élu vous avez accepté les règles du jeu ».
Appelé a donner son sentiment sur l’utilité d’une structure internationale indépendante comparable à l’agence mondiale anti-dopage, pour enquêter et combattre la corruption au sein des grosses fédérations sportives internationales, Johansson remarque : « c’est une œuvre de longue haleine ; ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer… ». Plus optimiste, tu meurs…
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