L’un des principaux soutiens du président de la Fifa, Sepp Blatter, dénonce la corruption régnante dans l’institution et ses scrutins. Une ambiance identique à celle qui avait permis l’élection de Blatter en 1998…
Mohamed Bin Hamman, l’un des deux indéfectibles piliers (avec son compère Jack Warner) sur lesquels s’appuie Sepp Blatter pour se maintenir à la présidence de la FIFA depuis 1998, n’en est pas encore revenu. Il s’en est fallu d’un cheveux que le tout puissant président de la Confédération Asiatique de Football (AFC) et membre éminent du Comité Exécutif de la grande famille du football ne soit pas réélu, le 8 mai dernier, à la tête de l’AFC. Vainqueur par 23 voix contre 21 (2 votes ont été déclarés nuls) d’un scrutin haletant et indécis jusqu’à la dernière minute, le Qatari Ben Hamman semble nourrir quelques ressentiments à l’encontre de son adversaire de Bahrain, Sheik Salman Ben Ibrahim Al-Khalifa. Il est vrai que le Sheik ne s’était pas présenté sans provisions. Son programme électoral semble avoir séduit les responsables de fédérations aussi diverses et capitales pour l’avenir du beau jeu que l’Afghanistan, les Maldives, la Mongolie, l’Ouzbékistan et le Népal…Mauvais gagnant, Ben Hamman a déclenché les hostilités contre son malheureux adversaire à Wembley, le 13 mai dernier, lors de la Convention « Soccerex »…
A la stupeur de ses confrères de la FIFA présents sur place, il s’est lancé dans une diatribe d’une rare violence envers son « malheureux » adversaire, affirmant qu’un grand nombre des 46 fédérations que regroupe la Confédération Asiatique, avaient reçu des promesses de dons et de prêts par l’intermédiaire du Comité Olympique Asiatique : « Je pense que cela affecte le sport ; je pense que c’est le devoir de tous d’enquêter sur ces soupçons ; qu’on me blâme s’il s’avère que j’ai tort ; en attendant, j’invite, que dis-je, j’adjure la FIFA d’aller de l’avant et d’enquêter… ».
Malgré les tentatives des huiles de la FIFA pour le calmer, il en a rajouté deux couches. D’abord en exigeant que le Comité d’Ethique de la FIFA se penche sur la question afin de « préserver l’intégrité du football »… Un vaste programme. Puis il est reparti de plus belle : « J’ai l’impression que cette fois, la FIFA n’est pas parvenue à protéger les intérêts du football », a-t-il martelé la bave à la commissure des lèvres. « J’ai gagné l’élection par 23 voix contre 21 et deux votes nuls en ma faveur. J’affirme qu’au moins dix fédérations n’ont pas voté pour moi à cause des interférences du Comité Olympique et de son comportement coupable…Si j’avais pu m’adresser directement aux associations nationales j’aurais obtenu plus de 35 voix…J’ai la preuve qu’un certain nombre de votants ont changé d’avis 24 heures avant l’élection… » . Ben Hamman en croisade contre la corruption. Décidément on aura tout vu à la FIFA .
La surprise passée, des murmures ont traversé l’assistance. Il semblait être question de l’élection de « Sepp le Couillu » en 1998 à Paris, à laquelle Mohamed Ben Hamman avait pris une part décisive en employant des moyens qui avait eu le don de mettre à l’époque dans une très grosse colère, le suédois Lenart Johannson, président de l’UEFA et candidat malheureux d’ordinaire assez impavide. La déposition signée du vice-président de la Fédération somalienne Mohiadin Hassan Ali deux mois après l’élection de Blatter à la tête de la FIFA était peut être encore dans toutes les mémoires en Angleterre ce 13 mai : « …nous avons accepté de l’argent pour voter au nom de la Somalie en faveur de J. Blatter lors de l’élection présidentielle de Paris.. ». Ou encore sa déclaration à la presse du 27 février 2002 lorsque, revenant sur la mémorable élection parisienne, il déclarait « …L’argent a été fourni par Mohamed Ben Hamman du Qatar. Il a payé les billets d’avion et la note d’hôtel ainsi que l’argent de poche pour quatre officiels de la Fédération Somalienne….Je l’ai vu de mes propres yeux. La nuit précédant l’élection, des gens faisaient la queue à l’hôtel Méridien Montparnasse pour recevoir de l’argent… » Et d’ajouter : « Certains m’ont dit qu’ils avaient reçu 5 000 dollars avant le vote et la même somme le jour suivant. Après la victoire de Blatter j’ai fait ma propre enquête et j’ai découvert que 18 participants africains au vote avaient accepté de l’argent pour voter pour Blatter… » [1] .
Personne n’a semble-t-il, gardé le moindre souvenir d’une vague dénonciation même en termes mesurés, de la part de Mohamed Ben Hamman, des conditions de l’élection de Sepp Le Couillu à Paris en 1998…
A lire ou relire sur Bakchich :
[1] « vote for Blatter and a friend will pay you 100 000$ » Andrew jennings, 28 février 2002 – ESPN.com Soccernet