L’affaire des millions envolés de l’UIMM fait un détour par le service anti-blanchiment du ministère des Finances. La Brigade financière y a effectué une discrète perquisition
Alors que la justice cherche toujours l’identité des heureux destinataires de près de 20 millions d’euros, retirés en liquide des comptes bancaires de l’UIMM, la fédération patronale de la métallurgie, par son ancien président délégué général Denis Gautier-Sauvagnac (dit « DGS »), l’enquête a fait un détour inattendu et très discret par les locaux du ministère de l’Economie et des finances. Tracfin, le service anti-blanchiment de Bercy, dont le siège est installé près de l’église de la Trinité, dans le 9ème arrondissement de Paris, a reçu la courtoise visite de la Brigade financière voilà quelques jours. Surprise des fonctionnaires des Finances : quand ils voient les flics, c’est pour échanger des infos, pas pour subir une perquise…
Les enquêteurs cherchent à faire la lumière sur la relation un peu embrouillée entre Tracfin et les cabinets des ministres successifs. Les fonctionnaires de Tracfin recevaient les soupçons émis par les banques BNP-Paribas et Martin Maurel, les deux établissements qui gardaient l’argent de l’UIMM au chaud. Pas manchots, les petits gars de Trafin auraient à plusieurs reprises pris leur courage à deux mains pour trnsmettre lesdits soupçons à leur tutelle. Sans que les ministres concernés – Laurent Fabius, Francis Mer, Nicolas Sarkozy, Hervé Gaymard, Thierry Breton – les prennent au sérieux. Il a fallu attendre la gentille Christine Lagarde : cette dernière, au moins, ne leur pas ri au nez et a transmis fissa le dossier au parquet de Paris, à charge pour le procureur de lancer les investigations nécessaires. Ce dernier, téméraire, a ouvert une enquête préliminaire, transformée le 4 décembre en une information judiciaire. Cela ne fait pas une grande différence : « DGS » n’a pas ouvert la bouche pendant les 48 heures de sa garde à vue. Ce n’est pas demain qu’il se mettra à table pour révéler comment il a « fluidifié » les relations sociales.
Pourquoi avoir transmis l’affaire à la justice en 2007 et non pas en 2000, 2002 ou 2004 ? Mystère. Les flics ont estimé que cela méritait un petit coup de projecteur.
J’ai travaillé depuis le 11 septembre 2001 dans le domaine informatique de la lutte contre le blanchiment au sein de la filiale française d’une grande SSII. Les articles ne manquent pas -bien souvent dans la seule presse financière ou les sites spécialisés du net- sur le blanchiment via les banques et leur implication dans des opérations de blanchiment d’argent (Société Générale :argent de la mafia chinoise ; BNPParibas argent de l’opération pétrole contre nourriture en Irak avec Saddam, CALYON (ex-Crédit Agricole) aux US sur une autre affaire, etc…).
Tracfin reçoit de nombreux signalements mais en transmet peu au parquet -voir leurs rapports annuels & leurs différentes stats-. Il y a un manque réel de moyens informatiques pour que Tracfin puisse efficacement utiliser les nombreuses bases de données (logiciels anti-blanchiment) qui sont très efficaces mais assez chers, le financement de Tracfin dépendant uniquement des douanes, donc du Minefi et donc des politiques. Une des raisons de base est que les "compliance officers, plusieurs sont des anciens très bons flics de haut vol" et les déontologues des banques font leur boulot de détection du blanchiment avec ce qu’ils ont comme moyens et outils, mais ce sont les opérationnels (notamment les patrons du réseau bancaire et le Top management -qui souvent pour les opérationnels- à l’origine des "négligences" de contrôle, parfois volontaires qui ont le pouvoir de décider de donner suite ou pas.
En France, les grandes banques ont dû ces deux ou 3 dernières années se doter d’outils de détection de blanchiment performants pour répondre aux directives européennes et cette mise en place et formation des utilisateurs pren 1 an à 1 an 1/2 minimum. Ca a probablement permis d’étoffer sérieusemnt un dossier de mise en cause de l’UIMM qu’il devenait difficile de mettre une nouvelle fois sous l’éteignoir…En outre, quand on connait la relation étroite des patrons des banques avec le(s pouvoir(s) on comprend que la boucle soit bouclée. Non, je ne parle pas de leur complicité de blanchiment de l’argent des partis via les banques offshore, qui sont parfois leurs filiales, quoique… Les pays anglo-saxons sont bien plus féroces que nous en France vis à vis des établissements bancaires !
Quand au fameux listing soi-disant trafiqué de l’affaire Clearstream, ce n’est que le résultat d’un vulgaire test de logiciel anti-blanchiment en cours d’intallation avec son algorithme en cours de réglage listing sans aucune valeur qui a probablement donné des idées condamnables à Gergorin qui s’est bien gardé d’expliquer ça à ses interlocuteurs politiques ! Je l’avais à l’époque expliqué au journaliste qui menait ce dossier à son début, mais il n’y avait strictement rien compris ! On peut en reparler plus en détail dans un autre article.