Hélène Danel, Coordinatrice du Collectif Flins sans F1, signe une tribune contre l’implantation du circuit de F1 à Flins.
Nous sommes sur les Communes de Flins Les Mureaux sur les terres de la Ferme de la Haye. Il était une fois un beau projet d’agriculture biologique avec un financement européen LEADER (c’est à souligner alors que nous allons élire nos Eurodéputés), tout cela pour protéger le deuxième plus grand captage d’eau potable d’Ile-de-France. Une coulée verte, une agriculture de proximité s’inscrivant parfaitement dans le plan de développement des « circuits courts » que vient d’annoncer Michel Barnier, ministre de l’Agriculture. Un havre de verdure, des terres fertiles en bord de Seine, une biodiversité préservée. Les enfants allaient pouvoir manger de bons produits bio dans les cantines.
C’était sans compter sur le Président du Conseil général des Yvelines qui décide de tout faucher pour réaliser un circuit de Formule 1. Des moyens colossaux sont déployés, rien n’est trop beau pour en vanter les mérites. Tout y passe, le développement durable, un projet HQE, des emplois en veux-tu en voilà, un meilleur bilan carbone, nous sommes sauvés ! Voilà le remède à tous nos maux.
Que les ficelles sont grosses ! Heureusement Jean-Louis Borloo, ministre d’État de l’Ecologie intervient, il a bien vu ce « mistigri » mais pour lui le problème est réglé, impossible de faire une chose pareille sur un captage d’eau protégé par de l’agriculture bio.
Le Président du Conseil général s’obstine. Deux secrétaires d’État Luc Chatel et Bernard Laporte viennent le dépanner en contredisant le ministre d’État. C’est donc au Premier ministre et au Président de la République de trancher.
C’est l’emploi qui dérape. Des chiffres ahurissants qui changent à chaque tournant, puis une précision 4500 emplois, et enfin 2000 à 2500 mais uniquement pendant la construction. Et pour finir, pratiquement pas d’emplois pérennes liés au projet F1 reconnait Pierre Bédier (voir encadré) interrogé sur RMC. En outre, Renault Flins répond à un de nos membres que l’activité de l’usine de Flins n’est en aucun cas liée au circuit.
Profiter de la désespérance et du chômage pour faire subir à des centaines de milliers d’habitants des « Yvelines pauvres », termes employés régulièrement par le Président du Conseil général, une dégradation irrémédiable de leur environnement en échange de quelques emplois hypothétiques se passe de commentaires. Qu’ont donc fait ces habitants pour subir la double peine des nuisances et des déficits inévitables à combler chaque année avec leurs impôts locaux ?
Parlons du bruit. Faudra-t-il se mettre des bouchons dans les oreilles les jours de Grand Prix, comme les spectateurs ? En effet, le bruit est complexe et certaines fréquences ne peuvent être arrêtées par des merlons et des barrières végétalisées. Les riverains seront bloqués chez eux, leurs maisons ne valant plus grand chose et aucun déplacement ne leur sera possible. Ils ne pourront que regarder au dessus d’eux le ballet des hélicoptères. Un des membres du Collectif Flins sans F1, l’association de riverains « Contre la F1 à Flins » a d’ailleurs fait faire une étude spécifique du flux des spectateurs. 120 000 spectateurs au minimum, ni la SNCF ni l’A13 déjà saturée ne pourront y faire face. Les bolides et les bouchons vont laisser le CO2 s’échapper et s’attirer les foudres du climat !
Le captage d’eau, une membrane de près de 95 hectares imperméabilisera le tout. Que fait-on du cycle de l’eau dans tout cela ? Un problème majeur irréparable sera créé pour l’alimentation de la nappe phréatique et sa qualité. Cela condamnera définitivement un des derniers sites d’agriculture biologique de cette envergure en Ile-de-France ; la culture bio est pourtant le système le moins coûteux pour préserver notre eau et celle de nos enfants.
En pleine crise économique, est-ce vraiment raisonnable de dépenser plusieurs centaines de millions d’euros d’argent public pour un projet en totale contradiction avec le Grenelle de l’Environnement. Un plan de relance fût-t-il départemental ne peut servir de paravent à tout et n’importe quoi.
Investissons plutôt dans l’avenir pour créer des emplois pérennes notamment dans l’automobile et les transports du futur. Laissons ce projet de circuit d’un autre siècle au garage. Les constructeurs savent tous qu’il n’y a plus de lien entre la recherche et la F1. Ils font appel à la modélisation.
Nul besoin de détruire nos ressources, préservons la surface agricole nécessaire à l’alimentation de notre territoire.
Aujourd’hui, Pierre Bédier n’est plus député des Yvelines, après quatre mandats à l’Assemblée Nationale. Grâce à la reconduction de sa mission interministérielle sur le développement solidaire et l’immigration, c’est sa suppléante Céline Dumoulin qui le remplace sur le banc de l’assemblée. Un banc qui ne doit pas être trop usé… selon une étude du site Lesinfos.com, Pierre Bédier était en effet le plus inactifs de nos 577 députés (classement à voir ici) : zéro intervention, zéro proposition, zéro rapport et zéro question.
La démission de Pierre Bédier de son poste de député empêche par ailleurs une élection législative partielle dans les Yvelines. Tant mieux pour l’UMP pour qui le siège n’était pas gagné d’avance en cas de nouvelle élection.
Le 6 mai prochain sera une date importante pour le Président du conseil général des Yvelines. La Cour de cassation rendra un jugement sur son inéligibilité, prononcée par la Cour d’appel de Paris en mai 2008 pour « corruption passive » et « recel d’abus de biens sociaux ». Si elle se prononce en faveur de cette inéligibilité, il devra alors quitter son poste au Conseil général. Une décision très attendue par les militants anti-circuit.
G.S.
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