Le candidat Sarkozy a récemment rendu une visite de « courtoisie républicaine » au socialiste Michel Charasse. Un visite qui a étonné, alors qu’elle n’est que le signe d’une complicité déjà ancienne…
Si le débat entre Ségo et Sarko a mis en évidence de façon assez spectaculaire que la candidate du PS tenait parfaitement la route, force est de constater que sa légitimité fut contestée dans ses propres rangs jusqu’au dernier moment. L’un des épisodes de cette guerre souterraine – la visite de Nicolas Sarkozy à Michel Charasse – mérite de retenir l’attention. En effet, il y a dix jours le candidat de l’UMP s’est rendu à Puy Saint-Guillaume dans le fief du Sénateur socialiste, ancien ministre et ex-conseiller « spécial » de François Mitterrand, Michel Charasse. Une visite de « courtoisie républicaine » au cours de laquelle les deux hommes devaient multiplier embrassades, roucoulades, viriles tapes dans le dos et forces démonstrations d’amitié.
« Nicolas appartient à ce que j’appellerais la grande famille politique de la droite républicaine » déclarait l’homme aux bretelles avant de préciser « et nous avons eu notre part dans le bon fonctionnement à l’époque de l’État républicain ». De son côté Nicolas Sarkozy déclarait avoir « beaucoup d’amitié » pour Michel Charasse avant d’invoquer « une certaine complicité intellectuelle qui ne demande aucun reniement à personne ».
La mine gourmande Charasse ajoutait encore que si Ségolène passait dans le coin, il la recevrait également. Visite bien improbable tant Charasse a multiplié dans son style si particulier les commentaires assassins ou déplacés à l’égard de la candidate du PS. Et d’évoquer un jour la « vierge effarouchée » qui « n’a pas ce qu’il faut où il faut » , de pronostiquer pendant les primaires qu’elle va l’avoir « poum poum dans le popotin » avant de conclure dépité au lendemain de son investiture : « et vous voulez qu’avec ce parti de branquignoles on arrive à relancer la France ? »
Officiellement Charasse qui se revendique « républicain laïque pur sucre » soutenait Laurent Fabius. Sans doute Fabius s’était-il inquiété, lui aussi, de savoir qui allait garder les enfants. On peine tout de même à imaginer les fondements de cette « complicité intellectuelle » qui vont donc conduire le fabusien Charasse à – n’en doutons pas – glisser dans l’urne un bulletin en faveur du candidat de l’UMP au second tour. Contre son camp.
Cette complicité, elle existe pourtant bien belle et bien. Mais celle-ci relève plus de l’occultisme et des affaires, que de la philosophie politique.
On en trouve trace dès le début des années 90 lorsque Charasse prend langue avec Charles Pasqua pour arranger –déjà – les affaires de Bernard Tapie. À peine nommé ministre en 1992, ce dernier a été mis en examen et contraint de démissionner suite à une plainte déposée par le casinotier et député RPR Georges Tranchant. La mission de Pasqua est de faire revenir à de meilleurs sentiments tant l’ami Tranchant que la juge Edith Boisette en charge du dossier. En échange de quoi Pasqua tente de négocier la neutralité du groupe socialiste au Sénat dont il brigue la Présidence ! Intellect quand tu nous tiens….
Il faut se replonger dans le contexte de l’époque. Celui de la déroute annoncée des socialistes aux législatives de 93, dans une ambiance de scandales à répétition (Urba, « suicide » de Béré, suicide de François De Grossouvre). Celui d’un Président malade confronté à la perspective d’une seconde cohabitation et encore aux travaux d’inventaire d’un Parti socialiste qui ne se sent plus lié au sort du Président. C’est d’ailleurs l’ennemi intime de Mitterrand, Rocard qui s’empare du PS au lendemain de la raclée électorale de 1993.
L’homme providentiel c’est donc Bernard Tapie. C’est lui qui soutenu par l’Élysée torpille la candidature de Rocard aux élections européennes de juin 1994 en distrayant 12 % des suffrages.
Quelques mois plus tôt avait éclaté l’affaire du match OM – Valenciennes, scandale qui menaçait de compromettre le torpillage de Rocard. Tandis que François Mitterrand descend personnellement dans l’arène pour porter la contradiction au procureur Eric de Montgolfier, à de nombreuses pages de ce feuilleton judicaire apparaissent curieusement des éminences petites ou grandes de la galaxie Pasqua désormais ministre de l’Intérieur : le vrai faux-témoin Noël Filippeddu, « restaurateur à Bonifacio », une magistrate de la section anti-terroriste, une conseillère du ministre de l’Intérieur.
Au camp retranché de l’Élysée, c’est Charasse qui est à la manœuvre et qui tente de canaliser quelque peu la défense de l’imprévisible Nanar. Nicolas Sarkozy, lui, a succédé à Charasse au ministère du Budget. « Sarko ne jure alors que par Charasse ! » assure l’un de ceux qui à l’époque fait passer des messages. Et d’ajouter que le jeune ministre, lorsque surgit une difficulté, s’enquiert systématiquement auprès de l’administration de la façon dont son prédécesseur aurait réglé le problème. Hommage auquel n’est pas insensible l’intéressé.
Le principal point de contact s’appelle toutefois Brice Hortefeux. Donné comme possible ministre de l’Intérieur, le plus vieil ami de Nicolas, n’est encore qu’un modeste conseiller régional d’Auvergne. Il cherche à s’y tailler un fief, mais « Brice de Neuilly » peine à s’implanter dans l’Auvergne profonde. À droite, en effet le satrape local s’appelle Giscard d’Estaing et « il martyrise » tant qu’il peut le malheureux Hortefeux. Une situation qui conduit ce dernier à se rapprocher de la Charasserie. On se rend de menus services. Hortefeux est également secrétaire départemental du RPR. Dans les rangs du RPR local figure une jeune femme qui souhaite voir du pays. Si possible dans la magistrature qu’elle souhaite intégrer.
L’intégration trop spectaculaire en 1994 de cette jeune femme décrite comme « une très proche » d’Alain Juppé mais aussi de Jacques Chirac et encore de quelques autres, pouvant apparaître comme partisane, c’est à la bienveillance républicaine du conseiller présidentiel qu’est soumis le cas de cette « fidèle absolue ». On ignore bien entendu si la carrière fulgurante que devait effectuer dans le sud de la France notre magistrate doit quelque chose à Charasse. On tient seulement l’indice que cela ne lui a pas nui…
Le socialiste Claude Allègre se dit "prêt à aider Nicolas Sarkozy"
http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/politique/20070512.AFP0962/le_socialiste_claude_allegre_se_dit_pret_a_aider_nicola.html
Prochainement Kouchner, (il embrasse déjà tout l’Ump, comme Dsk) merci sarko de nous débarasser de la gauche caviar, bon vent…