Voilà trois mois, le général Ali Reza Ashgari (46 ans) disparaît dans des conditions tout à fait rocambolesques, lors d’un voyage privé à Istanbul, où était venue le rejoindre une partie de sa famille.
« C’est un véritable SAS qui embarrasse à la fois Téhéran, le Hezbollah libanais, Berlin et Washington… », résume, gourmand, un diplomate arabe en poste à Ankara, à propos du général Ashgari.
Ancien commandant des Pasdarans – les Gardiens de la révolution – sa carrière l’a amené à traiter des informations sensibles, tant dans les domaines stratégiques que dans celui des marchés d’armement. Outre le fait d’avoir été en poste au Liban, comme instructeur militaire pour les unités combattantes du Hezbollah à la fin des années 80, le général Ashgari détiendrait aussi des pièces importantes du programme nucléaire. Cette dernière précision est à prendre avec des pincettes, car elle émane du quotidien saoudien Asharq Al-Awsat qui s’est spécialisé, notamment dans la manipulation anti-iranienne en particulier et anti-chi’ite en général.
Quoiqu’il en soit l’officier général iranien a bel et bien disparu, enlevé ou « exfiltré » de Turquie par les services secrets d’un pays occidental. S’il est désormais établi que les barbouzes turques ont mis la main à la pâte, plusieurs sources proches orientales très autorisées tournent leurs jumelles vers Berlin. En effet, le principal maître d’œuvre de l’opération serait le BND (Bundesnachrichtendienst), les services allemands. Actuellement notre général perse serait débriefé par des « experts » du Mossad israélien et de la CIA sur une base militaire américaine dans le Bade-Wurtemberg, plus précisément dans la banlieue de Heidelberg.
Du reste, Alon Ben David, analyste israélien pour la revue britannique Jane, spécialisée dans les questions de défense et de sécurité, estime qu’un « officier iranien détenteur d’informations sur le nucléaire serait une cible de choix pour la CIA et le Mossad, pouvant absolument justifier une opération de kidnapping, même à hauts risques ». Et aujourd’hui, le Washington Post, citant une source gouvernementale anonyme, affirme qu’Ashgari coopère avec les services américains et fournit nombre d’informations importantes, sans donner plus de précisions sur sa situation actuelle.
Fidèle adeptes du principe de réciprocité, sur le mode de la loi du talion « œil pour œil, dent… », les Iraniens viennent de mettre à l’ombre un ancien agent du FBI - Robert Levinson – qui faisait du tourisme dans les rues de Téhéran… En mai dernier, lors de la conférence internationale de Charm el-Cheikh sur l’Irak, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a, paraît-il, abordé la question avec la délégation iranienne. Du reste, une opération d’échange, dans la plus grande tradition « Guerre froide » des croisements d’espions sur quelque pont embrumé, serait en cours de réalisation.
Toujours est-il que les Iraniens et le commandement du Hezbollah sont furax contre Berlin qui, jusqu’à maintenant, apparaissait comme un intermédiaire neutre et impartial. C’est, en effet, généralement par l’intermédiaire de l’Allemagne que le Hezbollah libanais et l’armée israélienne échangeaient leurs prisonniers. Autre motif de mécontentement des mêmes à l’encontre des médiateurs allemands : des livraisons d’armes aux Forces libanaises de Samir Geageas. Depuis plusieurs semaines, la FINUL maritime, sous commandement allemand, aurait laissé passé plusieurs cargos gorgés d’armes légères à destination des milices des Forces libanaises en cours de réarmement. Affrétés par la mafia albanaise, plusieurs de ces bateaux auraient, ainsi pu débarquer, tranquillement, leurs marchandises dans le port chrétien de Jounieh, déclenchant une grosse colère d’Hassan Nasrallah qui aurait immédiatement fait connaître l’objet de son courroux à l’ambassadeur d’Allemagne en poste à Beyrouth.
Ce « rééquilibrage » de la diplomatie allemande au Proche Orient serait la conséquence directe d’instructions transmises par le cabinet personnel d’Angela Merkel aux chancelleries et services allemands à la suite de son dernier voyage à Washington. Et celle-ci aurait, d’ores et déjà, prévu de mettre au parfum le nouveau président français, parce qu’ensemble tout devient possible…
J’ajouterai que Schroeder avait beau crier en public son rejet de la politique US, ses services ont collaboré en coulisse quasiment sans restriction. la dgse française ainsi que les divers services civils ou militaires occidentaux ont coopéré. les intérêts sont trop liés. mais évidemment on peut se douter qu’il y a eu quelques croc-en-jambe afin de protéger quelques intérêts particuliés….
Le peuple s’est toujours fait flouer. on ne change pas une habitude qui marche si bien.
Salut à tous les intervenants. Merci à Bakchich pour toutes ses infos…