Pour prendre des nouvelles du soldat franco-israélien Gilad Shalit enlevé par le Hamas, Kouchner a dépêché deux émissaires très spéciaux à Damas. Au grand agacement de l’Elysée.
Claude Guéant ne décolère pas : « On est revenu au temps des diplomaties parallèles, des pieds nickelés et des coups tordus de l’ère Chirac », vocifère-t-il à l’encontre de Bernard Kouchner (BK), une nouvelle fois dans la ligne de mire du secrétaire général de l’Elysée.
En effet, le French Doctor a envoyé, sans le prévenir, deux émissaires de l’ombre - Renaud Girard et Xavier Houzel - à Damas auprès de Khaled Mecha’al pour y négocier la libération du soldat « franco-israélien » Gilad Shalit.
Elu, il y a quatre ans à la tête du bureau politique du Hamas, Khaled Mecha’al est l’un des hommes les plus secrets du Proche Orient. Le parti palestinien qu’il dirige est, en effet boycotté comme « organisation terroriste » par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, bien qu’il ait remporté, haut la main, les élections législatives de 2006, sous contrôle international dans les Territoires palestiniens.
Avec ces deux pieds nickelés, la mission était gagnée d’avance ! Le premier Filochard est « journaliste » au Figaro, porte-voix d’un néoconservatisme à la française, vantant le retour de la France dans le Commandement intégré de l’Otan et les bienfaits de la colonisation israélienne. « Reporter »/embedded - embarqué dans les fourgons de l’armée de Tel-Aviv durant la guerre israélo-libanaise de l’été 2006, il a commis un « livre » étrange - démentant les observateurs du monde entier - qui soutient la fantasmagorie d’une victoire morale de la soldatesque israélienne sur le Hezbollah, incarnation du mal absolu…
Ce zélote de l’ingérence humanitaire musclée est, par ailleurs un intime du couple Ockrent/Kouchner aux commandes de la nouvelle diplomatie française. L’autre Ribouldingue est aussi parfaitement connu des services comme trader pétrolier, grand ex-ami de Chirac reconverti aux délices du sarkozysme éclairé, et spécialiste des missions foireuses.
Récit : le 3 octobre dernier, les deux compères sont effectivement reçus dans la villa cossue d’un quartier résidentiel de Damas où Mecha’al poursuit une villégiature, certes très active mais néanmoins aussi très cadrée par les autorités syriennes. Les deux : « Nous sommes mandatés par Bernard Kouchner pour prendre des nouvelles du soldat franco-israélien Gilad Shalit et chargés d’examiner avec vous les conditions de sa libération… » Dûment briffés sur Filochard et Ribouldingue, Mecha’al leur demande s’ils sont porteurs d’un quelconque ordre de mission de BK, sachant parfaitement que ce dossier est, spécialement suivi par l’Elysée et les autorités égyptiennes.
Les deux se grattent la tête et partent dans des explications très filandreuses. Durant la suite de l’entretien, le chef palestinien leur sert la langue de bois exotique qui fera l’objet d’une interview exclusive pour le Figaro du 6 octobre. En repartant, Mecha’al leur conseille d’aller au Caire et de transmettre la demande de BK, directement au président Hosni Moubarak. Dans les minutes qui suivent, la présidence syrienne est informée. Celle-ci câble d’urgence l’Elysée pour demander des explications. Au Château, on tombe des nues en maudissant les dérapages incontrôlés de cette nouvelle « ingérence humanitaire » qui n’est pas vraiment conforme avec la diplomatie française officielle. Ambiance !
Une nouvelle fois, BK est chapitré, mais ne dément pas. Il réaffirme que le Quai n’entretient pas de contact « officiel » avec le Hamas, mais seulement des « discussions officieuses », au moment où Américains et autres Européens du Nord ont repris langue très formellement avec l’organisation palestinienne.
Au-delà de la colère guéantienne, et du retour des émissaires de l’ombre, on peut se demander pourquoi BK ne déploie pas la même énergie pour la libération du jeune franco-palestinien Salah Hamouri, injustement condamné par les Sections spéciales israéliennes à sept ans de bagne… On peut aussi se demander pourquoi le sort d’un soldat israélien, prisonnier de guerre, constitue à ce point l’une des priorités de la diplomatie française comme s’il s’agissait du dossier d’un otage civil porteur d’enjeux planétaires. A tout confondre, BK finira par agacer aussi le Président de la République…
A lire ou relire sur Bakchich.info
MISE AU POINT Economiste et ancien trader pétrolier, Xavier Houzel, mis en cause dans l’article, nous a fait parvenir, le 29 octobre, le papier suivant :
« J’ai bien rencontré, en présence du journaliste Renaud Girard, le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mecha’al, afin d’avoir avec lui un entretien pour le Figaro. Mais jamais, je n’ai été mandaté par Bernard Kouchner, ni par quiconque d’autre, pour mener je ne sais quelle mission parallèle. L’auteur de l’article, qui signe sous un pseudonyme, aurait pu prendre la peine de me joindre pour avoir ma réaction aux informations orientées qu’il possédait sur mon voyage… »
En réponse à DAGORE.
Et moi, je suis consternée que mes impôts servent à "offrir des rangers" et des armes aux soldats.
A quoi servent les frontières - lignes imaginaires - responsables de chaos et massacres ?
Je vous invite à voir le très beau film LES CITRONNIERS, avec la superbe et authentique Hian ABBAS.
A l’issue de ce film si vous ne ressentez pas, comme moi, le besoin d’effacer toutes frontières c’est à désespérer.