Quel homme ce Benoît XVI ! Avant son séjour en France, il avait une image disons mitigée. La plupart des journalistes le trouvaient ennuyeux et en tout cas dépourvu du charisme attribué à son prédécesseur, Jean Paul II. Certains le jugeaient en outre rétrograde en raison de son passé à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’ex-Inquisition). En deux jours chez la fille aînée de l’église, notre ami le pape a réussi à retourner tous les médias. Le Parisien a même titré « Ce pape va compter ». Du Figaro au Monde, tout le monde ou presque a insisté sur l’intelligence de cet homme de 81 piges qui, de plus, parle très bien le français. Mais cela ne suffit pas. Si Benoît XVI a impressionné les confrères, n’est-ce pas parce qu’en face il avait un hôte qui se vante de ne pas être un intellectuel.
On veut parler de Super Sarko bien sûr. Benoît XVI avait prévu initialement d’aller directement à Lourdes pour le 150e anniversaire de l’apparition présumée de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous. Mais l’agité de l’Elysée, qui est aussi chanoine d’honneur de Latran, a fait des pieds et des mains pour qu’il fasse un crochet par Paris. Pour quelles raisons ? Parce que sa nouvelle femme est italienne ? Que nenni. Super Sarko voulait montrer qu’il côtoyait les plus grands, qu’il pouvait soutenir la comparaison avec les grands esprits. Eh bien, on peut dire que c’est raté. Face à un pape à la prestance papale, il n’arrêtait pas de gesticuler lors de son discours à l’Elysée, multipliant les sourires et les œillades. Sur le fond, son discours en a consterné plus d’un tant il était truffé de banalités. Seule saillie voulue : la laïcité positive.
Il voulait faire plaisir à son pote Benoît XVI mais celui-ci avait déclaré dans l’avion qui l’emmenait en France que la laïcité n’était « pas en contradiction » avec la foi. On se demande pourquoi Super Sarko se décarcasse si même le chef de l’église assure qu’il n’y a pas de problème. Benoît XVI s’en est tenu à la théologie. Lors de la rencontre avec les évêques de France, il s’est toutefois permis de balancer un coup de crosse à Super Sarko en réaffirmant le « maintien du principe de l’indissolubilité du mariage ». Cela signifie que notre bien-aimé président, déjà divorcé deux fois, ne pourrait pas se remarier à l’église avec sa Carlita si l’envie lui prenait.
Résultat des courses : à quelques rares exceptions, la presse a finalement trouvé le pape modéré. Bref, sous ses dehors bourrus, ce Bavarois est un bon gars. Si les voies du Seigneur sont impénétrables, on voit que celles de la com ne le sont pas pour Benoît XVI.
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