Très cher Benoît XVI !

La note du voyage du pape en France est plutôt salée : 1,5 million d’euros pour les 24 heures passées à Paris et 1,8 million pour les 40 heures passées à Lourdes, soit 3,3 millions pour un week-end, à peine prolongé, sans compter – à la charge de l’État - les frais de police avec le déploiement de plus de 9 000 policiers et gendarmes (500.00 euros) et l’aménagement du stade de Lourdes pour accueillir l’hélicoptère du pape (100.000 euros). Total : près de 4 millions d’euros.

Les chiffres sont incontestables, confirmés par des sources autorisées. De quoi être surpris, sinon quelque peu indigné… D’autant que selon nos informations le dépassement de cette somme est prévisible lorsqu’on apprend les exigences des services romains, déjà sur place depuis quinze jours, pour « mettre aux normes » le déplacement du pape avec ses différentes célébrations liturgiques. Ce qui engage nécessairement des nouveaux frais importants. Ces sommes sont à la charge des deux diocèses concernés : Paris et Lourdes-Tarbes, donc des fidèles. Pour ce faire, un immense et coûteux « mailing » a été envoyé à tous les catholiques de la région parisienne et du sud-ouest. L’épiscopat espère au moins récolter des dons à hauteur de 50% du coût du voyage du pape.

Le détail de la facture ne laisse pas indifférent. Il y a entre autre la dizaine d’écrans géants qui représente plus de la moitié des dépenses parisiennes. Mais plus surprenant, on trouve l’achat de 3 000 coupelles pour la communion, de 75 chasubles, de 1 800 étoles… Faut-il toujours avoir, quand vient le pape, du matériel neuf, des vêtements jamais portés et parfaitement identiques ? Les concélébrants n’ont-ils pas déjà chacun leurs ornements qu’ils pourraient apporter avec eux ? Les concélébrants sont-ils astreints à défiler tous sous le même uniforme, comme des légionnaires sur les Champs Élysées ?

Du monde pour papoter

A propos justement de vêtements liturgiques, signalons que les habits liturgiques portés par le pape au cours de son périple français viennent du Barroux, célèbre monastère situé dans le Vaucluse et revenu dans le giron romain après avoir été sous la coupe de Mgr Lefebvre et qui reste un bastion de la tradition « ralliée ». Parce que c’est le moine qui a fait l’habit, les traditionalistes y voient un nouvel encouragement à leur combat. Des scouts dispensés d’école pour cause de pape. La venue du souverain pontife suscite des ferveurs un peu gênantes. Des scouts de France du Sud-Ouest iront avec enthousiasme acclamer le pontife romain à Lourdes. Seulement voilà, ils partiront déjà vendredi matin, un jour de classe, et en plus au début de l’année scolaire. Cela peut d’ailleurs constituer pour certains une raison supplémentaire d’aller voir Benoît XVI.

En tout cas, de deux choses l’une : ou bien, ils agissent à l’insu des autorités civiles et dans ce cas les organisateurs sont irresponsables ; ou bien, au contraire, ce qui serait le cas selon nos sources, ils auraient reçu l’aval de ces autorités, ce qui est encore plus scandaleux, car cela constitue un viol caractérisé de l’esprit de laïcité. Un de plus. Sarko rompt le protocole. Dans la foulée de son discours au Latran en décembre 2007, le Président de le République entend donner une dimension très particulière à la visite du pape en France et outrepassera à cette occasion le protocole diplomatique et républicain. Il a en effet décidé d’accueillir personnellement – avec Carla à ses côtés - Benoît XVI à sa descente d’avion à l’aéroport, alors qu’une visite pontificale n’est pas une visite d’État.

Le monde politique a été sollicité lui aussi pour renforcer l’éclat de l’événement : plus de 150 députés sont attendus pour assister à la messe du 13 septembre sur le place des Invalides à Paris. Bref, on est loin de la période Chirac qui avait su prendre ses distances - à la manière du Général De Gaulle - avec la papauté, notamment lors de la venue de Jean-Paul II à Reims en 1996. La visite du pape est onéreuse. Pour un temps relativement court. Ce qui fait chère l’heure papale. A chacune de ses visites, l’escalade dans le grandiose fait penser à ces réalisations olympiques pour lesquelles le pays qui en est responsable tient à faire mieux que le précédent. La fille aînée de l’Église ne veut pas démériter et reconnaître simplement les limites de ses capacités financières. Rien n’est trop beau pour Dieu, entend-on souvent proclamé. Donc rien n’est trop beau pour son représentant, quitte à le recevoir « au-dessus de ses moyens » !

Pour faire face, les autorités n’ont pas d’autres solutions que de tendre une fois de plus aux fidèles les paniers de la quête… Et donc au détriment du fonctionnement de l’activité pastorale quotidienne de demain…

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