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Des drones pour Benoit XVI et pas pour les soldats ?

Protection céleste / dimanche 14 septembre 2008 par Soeur Françoise
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Présents pour couvrir les vacances estivales du président au Cap Nègre comme pour veiller sur les plis de robe papale à Lourdes ce week end, les drones, ces petits avions sans pilotes, étaient aux abonnés absents, le 18 août dernier, lors de l’embuscade qui a coûté la vie à dix soldats français en Afghanistan

Protéger la visite du Saint-Père, soit. Même si le Saint homme bénéficie déjà, lui, de la protection naturelle de la Vierge. Mais cette présence de drone au dessus du Pape rend encore plus incompréhensible le manque de moyens dans les airs afghans. D’autant que le 18 août pendant que les soldats français partaient à pied reconnaître les cols afghans avec « la bite et le couteau », sans moyen de renseignements et sans reconnaissance aérienne, un drone volait déjà au-dessus de Lourdes pour sécuriser sa prochaine visite ! Selon d’autres informations, à la même période, un drone surveillait également les vacances du couple présidentiel au-dessus du Cap Nègre.

Si le survol des zones à risques par des drones est un moyen de renseignements efficace, pourquoi alors les soldats Français n’en n’ont-ils pas bénéficié en Afghanistan ?

Le ministre de la Défense invente les morinades

L’illustre ministre de la Défense, Hervé Morin, a répondu à cette question le 26 août 2008 lors de son audition à l’Assemblée Nationale. Des justifications qui resteront à n’en pas douter dans les annales militaires : «  Quand, dans une vallée, vous menez tous les jours des missions de reconnaissance, de pacification ou de contact avec la population, et que tout se passe bien, cela vous conduit à préparer votre nouvelle mission toujours avec autant de sérieux, mais en pensant qu’il n’y a pas de raison qu’elle soit différente de celle de la veille. »

Notons que la veille de Pearl Harbour il ne s’était rien passé non plus…. Deuxième justification toute aussi croquignolesque : « Ce n’est donc pas parce que l’on mettra en œuvre tous les moyens technologiques de la terre que l’on sera pour autant en mesure de protéger totalement nos soldats. Du reste, s’il ne s’agissait que d’une problématique technologique, les Américains devraient être ceux qui connaissent le moins de drames. Or ils ont perdu plus de 500 hommes en Afghanistan. » 


En disant cela le ministre oublie quelques données factuelles :

1- Les soldats Américains sont 10 fois plus nombreux que les Français sur le théâtre afghan ( 25000 contre 2500)

2- Les Américains sont engagés depuis 7 ans dans une opération de guerre nommée Induring Freedom (Liberté immuable !). Ce qui n’était pas le cas des Français jusqu’à la décision de Nicolas Sarkozy en avril 2008 de ne plus se cantonner aux seules missions de sécurisation de Kaboul et de formation des forces armées afghanes mais de s’engager dans la guerre en prenant la responsabilité de la région de Kapisa. Et comme s’il lui fallait absolument garder son statut de ministre lunaire, Hervé Morin ajouta devant les parlementaires : «  Cependant, ce n’est pas parce que vous aurez des drones et des hélicoptères supplémentaires que vous éviterez que des talibans embusqués dans la montagne ne surgissent. »

Bakchich, ne pouvant se contenter de ces justifications, a essayé de comprendre pourquoi les soldats français n’avaient pas bénéficié des moyens mis à la disposition du couple présidentiel et du Pape. Analyse d’autant plus importante de la chaîne de responsabilités que, selon quelques spécialistes de la question, le manque de drones et de reconnaissances aériennes lors de ce 18 août, se révèlent être une faute grave. Par ailleurs, le refus de reconnaitre cette faute est encore plus choquant.

Nicolas Sarkozy, Chef des Armées un peu pingre

Les besoins exprimés par les militaires sont pris en charge par le Président de la République. C’est donc Nicolas Sarkozy, Chef des armées qui décide des moyens à affecter sur le théâtre des opérations. Pour une opération de guerre, le Premier ministre donne l’engagement de dépense et Bercy donne la dotation budgétaire au ministère de la Défense. A la lumière de ces informations, on comprend mieux la bataille sémantique que livrent les ministres. Ce n’est pas une guerre, c’est une mission de maintien de la paix, dira Bernard Kouchner aux parlementaires. Puis l’inénarrable ministre des Affaires Etrangères ajoutera cette phrase sublime, simplement sublime : « Non, ce n’est pas une guerre ! C’est une bataille qui ressemble à une guerre. C’est un affrontement permanent. » Ce n’est pas une guerre, c’est une bataille… Hervé Morin, lui, conteste tout simplement le mot « guerre ». Résultat, on est bel et bien en guerre mais on n’a pas un budget de guerre. C’est donc le maigre budget de la Défense qui paie toutes les opérations sur toutes les zones dans lesquelles la France est engagée (Côte d’Ivoire, Kosovo, Liban et bien sûr Afghanistan). Conséquences, l’armée est au pain sec. « Dans les casernes, il n’y a plus un stylo ou un rouleau de papier toilette, les formations sont écourtées et se font dans le dénuement le plus total… ». Sur ce point, tous les témoignages des militaires concordent. Un gradé enrage : «  on n’a pas d’argent, on a un ministre de la Défense qui est une m….-, un ministre des Affaires étrangères qui est une M--- et on a un Président qui n’y connait rien à l’armée » Nicolas Sarkozy a fini par trouver les moyens et, selon certaines sources, des drones seraient partis en Afghanistan la semaine dernière. Est-ce une reconnaissance implicite de son erreur ? Il aura donc fallu attendre la mort des dix soldats Français et les polémiques autour du manque de matériel pour les envoyer. Mais il n’est même pas sûr que les Français puissent utiliser ces drones …

Sans contrat la guerre n’est rien

Général David McKiernan, 
commandant en chef des forces de l’ISAF D’ordinaire, lorsqu’une coalition s’engage dans une opération, les parties signent entre elles un Contrat opérationnel (CO) qui définit les moyens que chacun doit apporter. Mais dans la précipitation d’envahir l’Afghanistan dans la foulée des attentats du 11 septembre, rien de tel n’a été signé. L’Etat Major de l’armée le confirme : « « il n’y a pas de contrat opérationnel liant la France et l’ISAF. ( (International Security Assistance Force) depuis août 2003 à la demande de l’ONU et du gouvernement Afghan l’OTAN à pris le commandement de l’ISAF) ». Du coup, chaque Etat engagé dans cette guerre fournit à l’ISAF ce qu’il veut en hommes et en matériels. « De toute façon, dans ce genre de coalition, c’est toujours à celui qui fournira le moins de matériel », raconte ce capitaine qui a connu les théâtres afghan et bosniaque. C’est une des raisons pour lesquelles les Américains demandent toujours plus aux gouvernements engagés dans cette coalition. Les moyens apportés par chaque pays sont mutualisés et c’est le commandement de l’ISAF, donc de l’OTAN, qui redistribue les moyens en fonction des missions. Sauf si le pays a signé un caveat, c’est à dire si la nation qui amène ses ressources dans une mission précise qu’elle garde ses moyens pour elle.

Or la France n’a pas signé de caveat en Afghanistan, donc toutes ses ressources sont mises à disposition de l’ISAF, c’est ce que confirme l’Etat Major : «  en Afghanistan tout le matériel est mutualisé. Si nous envoyons des drones, il faut déjà le temps qu’ils arrivent et ensuite, ils seront remis dans le pot commun de la coalition.. » En Afghanistan, les Français n’ont envoyé que deux hélicoptères et ceux-ci sont la plupart du temps mis à disposition du Président Karzaï à la demande de l’ISAF. Ce sont ces hélicoptères qui manquaient cruellement lors de l’opération du 18 août. Les généraux français n’ont pas obtenu ce qu’ils demandaient. Dans sa déclaration à l’AFP du 24 août le Général Stollsteiner confirme avoir demandé plus de moyens à l’ISAF. Alors que les Américains disposent de douze drones (Predators) opérationnels en permanence, pourquoi le Général David McKiernan, n’a-t-il pas fourni ces appareils aux français pour sécuriser leur mission du 18 aout ? Et pourquoi ces drones sont-ils arrivés 11h après le début des combats ? 


Le renseignement, pré-carré étatsunien

Le problème des drones est sensible. De tous temps, les Américains ont été hystériques à l’idée que les Français maitrisent le renseignement. Selon un haut gradé, pendant la guerre du Golfe, le problème c’était déjà posé et après moultes négociations entre les Etats Majors, les Américains avaient fini par tolérer que les Français aient des drones.

Idem en Bosnie où, dans un premier temps, le commandement US avait dit : «  on s’occupe du renseignement aérien. Puis, il avait fini par admettre que les Français puissent utiliser leurs propres drones. » Ainsi, à l’heure où Nicolas Sarkozy a décidé d’envoyer des drones en Afghanistan rien ne garantit qu’ils seront mis à disposition des Forces françaises. En attendant, comme le dit ce militaire aguerri, « si les drones qui volent au-dessus de Lourdes finissent par être opérationnels en Afghanistan, au moins, seront-ils bénis ! » Ne resterait-il plus que Dieu pour protéger nos soldats ?

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11 MESSAGES
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Forum

  • Des drones pour Benoit XVI et pas pour les soldats ?
    le lundi 15 septembre 2008 à 22:38, jack a dit :
    Cet avis n’est pas vraiment indispensable mais je voulais dire la honte que j’ai éprouvé en lisant que des drones ont surveillé le Cap Nègre et la Pape et pas les soldats en Afghanistan. A vrai dire, c’est même plus que de la honte. une sorte d’envie de vomir…
  • Des drones pour Benoit XVI et pas pour les soldats ?
    le lundi 15 septembre 2008 à 16:10

    Il semble y avoir quelques coquilles dans votre article :

    Premièrement la france à été engagé des les premières heures de enduring freedom en 2002, avec les forces spéciales ( officiellement plus de participation depuis janvier 2007 )

    Deuxièmement il serait préférable d’éviter de jouer les experts militaire de salon, ne serait ce que vis a vis des familles en leur faisant croire qu’un drone aurait évite une embuscade.

  • Des drones pour Benoit XVI et pas pour les soldats ?
    le lundi 15 septembre 2008 à 13:36, infiltré a dit :

    Il va pas être content le père "Mollah" Omar Bingo lorsqu’il apprendre que le pape a droit aux drones et pas lui.

    Je ne parle même pas des proches des soldats qui sont en opération extérieur…

    Mettre les généraux français au service du pentagone au sein de l’otan ne va pas améliorer les choses.

  • Des drones pour Benoit XVI et pas pour les soldats ?
    le lundi 15 septembre 2008 à 13:01
    Soeur Françoise, MERCI pour cet excellent article ! Au plaisir de lire les prochains !
  • Des drones pour Benoit XVI et pas pour les soldats ?
    le lundi 15 septembre 2008 à 11:58, Philippe a dit :

    Je partage le point de vue de l’auteur sur le fait que les drones seraient sans doute plus utiles en Afganisthan qu’ à Lourdes (les risques d’embuscades dans les hautes pyrennées semblant relativement faibles). en revanche en ce qui concerne l’afganisthan, je pense que nous avons un vrai problème.

    Si nous décidons d’y rester, il nous faut accepter la guerre. Les afghans sont un peuple valeureux dont ni l’armée des indes ni l’armée rouge n’ont réussi à venir à bout. On pourra mettre tout le matériel que l’on voudra (les russes ne s’en sont pas privés), il y aura d’autres embuscades, d’autres morts et d’autres combats. La guerre c’est dangereux.

    La vraie question est la suivante : qu’est ce que nous faisons en Afganisthan ? Est ce que nous menons une guerre au long cours sans grand espoir autre que de confiner des indésirables sur un bout de caillou aride ou est ce que nous avons un vrai projet pour ce pays capable, à terme, d’emporter l’adhésion de la population ?

    Si la réponse à cette question est négative (et je crains qu’elle le soit) , cette guerre se terminera comme celle d’Algérie. Un jour, l’occident trouvera que ces gens nous coutent trop cher et s’en ira.

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