Le président syrien, Bachar el-Assad, arrive à Paris samedi 12 juillet, assistera au sommet de la Méditerranée le 13 et trônera au défilé du 14 juillet à la tribune officielle. Ce qui ne manque pas de faire grincer quelques dents. Mais les anciens médecins reconvertis en dictateurs ne sont pas légions. Alors « Bakchich » lui rend un petit hommage.
La vie de Bachar el-Assad est celle d’un dessein contrarié : l’histoire d’un médecin ophtalmologiste, mû par la noble vocation de soigner et œuvrer au bien-être des hommes, devenu patron malgré lui d’une dictature aux pratiques bien éloignées de sa vocation première. Il a fallu un simple accident de la route pour forcer le virage du destin. Une Mercedes Benz sport, qui roule trop vite sur la route de l’aéroport de Damas. Le jeune chauffard, âgé de 33 ans, meurt sur le coup. La Syrie d’Hafez el-Assad vient de perdre son futur Président.
Bassel n’était pas que le premier fils du Président tout puissant de la République syrienne qui règne sans partage sur le pays depuis 1970 : il est le dauphin désigné de son père Hafez, programmé depuis l’adolescence à hériter du trône et assurer la continuité de la dynastie el-Assad. Hafez avait tout misé sur son fils aîné pour faire rempart aux ambitions de son oncle Rifaat, impatient de lui prendre sa place. Le décès prématuré du fringant et charismatique fiston, ce 21 janvier 1994, n’était pas intégré dans les scénarii du grand « raïs ». Face aux velléités de pouvoir des hommes forts du régime, il faut d’urgence improviser un plan B. B comme Bachar.
Bachar, c’est tout le contraire de Bassel. Si l’un était turbulent, battant et grand amateur de polo — dont il aimait partager la passion avec le diplomate français, Bernard Bajolet, futur Monsieur Renseignement de l’Elysée alors en poste en Syrie — l’autre est carrément moins fun. Introverti et studieux, il construit sa route hors du champ familial et des turpitudes de la politique et du pouvoir, trop heureux alors de laisser son aîné de quatre ans s’y consacrer. Doctorat de médecine en poche, le jeune Bachar exerce d’abord quatre ans à l’hôpital militaire de Tishreen, près de Damas. Avant de prendre plus encore de distance.
Il vit à Londres quand son père le rappelle d’urgence pour reprendre le rôle dévolu jusque-là à son grand frère. La perspective de quitter cette ville cosmopolite qu’il a rejoint deux ans plus tôt pour acquérir une spécialité en ophtalmologie ne l’enchante guère. Il y vit une love story avec une charmante Syrienne, Asma Al-Akhras, sa future femme, une musulmane sunnite très occidentalisée avec qui il partage un certain attrait pour la modernité, qui manque tant à la vieille société syrienne figée par des années de dictature.
A Damas, papa lui a concocté un programme de présidentiable accéléré. Les caciques du régime l’attendent au tournant. Pour survivre, il doit s’imposer et éliminer les membres de la vieille garde qui s’opposent à son destin programmé. Le néophyte apprend vite. Et bien. Il fait un premier carton sur l’un des dossiers stratégiques du régime, le Liban, en travaillant dès 1995 à écarter le puissant vice-président Abdel Halim Khaddam qui en avait la charge. Dans la foulée, il fait le ménage dans la famille alaouite, à commencer par la sienne : exit tonton Rifaat qu’il pousse à l’exil en 1998. En parallèle, il suit une formation express à l’école de l’Etat-Major à l’issue de laquelle il gagne en moins de cinq ans le grade de Colonel. Le temps de se construire des réseaux et une garde rapprochée de fidèles au sein du centre réel du pouvoir syrien : l’appareil militaire et les services de renseignements. Quand Hafez el-Assad décède en juin 2000, Bachar a déjà enterré l’ophtalmologiste ouvert et moderne. Le nouveau « Raïs » aux allures d’adolescent dégingandé, qui dénonce la corruption et promet la démocratie aux Syriens, est rentré dans le moule. Il y a même pris goût.
« A la mort de Hafez, on ne donnait pas cher de sa peau », explique un spécialiste militaire qui a été en poste à Damas. « Il n’était pas du tout fait pour les coups tordus, les manipulations, et la répression, qui sont à la fois l’ADN et le système immunitaire du régime syrien. A croire qu’être médecin l’y a mieux préparé que d’autres ! » L’un des premiers à se laisser berner par les promesses syriennes aura été Jacques Chirac, premier chef d’Etat occidental à le recevoir en grande pompe à l’Elysée en juin 2001. Comme Nicolas Sarkozy aujourd’hui, l’approche française consistait déjà à tendre la main aux dirigeants en voie de repentance. Le guide libyen a été le premier à en bénéficier. Avec le résultat qu’on connaît. « Muammar Kadhafi n’est pas Bachar el-Assad », observe malicieusement un écrivain et journaliste libanais chiite. « Quand le premier fait des déclarations à l’emporte pièce, et insulte le tout venant, l’autre utilise un autre langage : celui des bombes et des assassinats ciblés. Avec Bachar, au moins, les choses sont claires ». Voilà qui est dit.
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Comme Nicolas Sarkozy aujourd’hui, l’approche française consistait déjà à tendre la main aux dirigeants en voie de repentance.
Chouette alors, je vais pouvoir enfin assister de mon vivant à la repentance des syriens, des iraniens, des américains, des anglais, et je vais verrais enfin les colons-parasites , sans droit ni foi dégager des terres de Palestine.
Pauvres Palestiniens, la France a mit 5 ans pour se débarasser des allemands, 60 ans après, les palestiniens vivent toujours dans des camps libannais comme un peuple errant ou derrière un mur…
Bakchich persiste et signe. Il semble que le principal défaut de Bachir ce soit Hafez.
Mais comment faire pour Bachir, il ne peut tout de même pas noyer Hafez à la naissance !
C’est sans espoir pour Bachir… sauf peut-être une "démocratie", comme au Liban…