Areva présente mardi soir ses comptes annuels et s’apprête à entrer en Bourse après les municipales. Ça roule pour Anne Lauvergeon, surnommée « Atomic Anne » par ses amis anglo-saxons. Soutenue par Angela Merkel, elle s’est opposée avec succès au projet de Sarkozy de fusion entre sa boîte et Alstom. Encore un recul de Sarko, un !
Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva, devrait avoir le sourire, mardi soir 26 février, pour la présentation des comptes annuels de la boîte. Elles sont loin les provisions liées au retard de construction de la première centrale nucléaire EPR en Finlande, qui avaient pesé sur les résultats en 2006 et au premier semestre 2007 : il ne devrait plus y avoir de mauvaise surprise. Surtout, Lauvergeon semble avoir réussi à contrer le projet de fusion entre le géant du nucléaire qu’elle préside depuis 2001 et Alstom, le fabricant de centrales électriques traditionnelles et du TGV. Un TGV que Super Sarko se vante régulièrement d’avoir « sauvé » de la faillite au prétexte qu’il avait, alors qu’il était ministre des Finances, obligé en 2004 les banquiers à remettre au pot pour permettre à l’entreprise de surmonter une crise financière. Faute de quoi la faillite se profilait, ainsi qu’un possible rachat par l’ogre allemand Siemens. Patrick Kron, qui a l’oreille de notre virevoltant président, a depuis restructuré Alstom et compte Bouygues pour premier actionnaire (à plus de 30%), dont le patron, Martin Bouygues, est, lui, un intime de longue date de l’amateur de montres de luxe et de Ray Ban qui siège à l’Elysée.
Encouragés par un Super Sarko désireux de « restructurer la filière nucléaire française », Patrick Kron et Martin Bouygues plaident depuis des mois pour une fusion entre Alstom et Areva afin de créer « un champion français » des équipements électriques pouvant rivaliser avec Siemens (tiens tiens) et l’américain General Electric. Kron, un X-Mines amateur de blagues salaces, en serait le « Big Boss » et Martin Bouygues l’actionnaire de référence. Ils se montrent confiants, d’autant que Lauvergeon est fragilisée par les retards finlandais. Et tout le monde aurait été content dans un tel scénario, « Atomic Anne », comme la surnomment ses admirateurs anglo-saxons, étant propulsée à la tête d’EDF en remplacement de Pierre Gadonneix, qui vient d’avoir 65 ans et dont le mandat s’achève en 2009.
Un temps intéressés, les conseillers de Super Sarko ont vite compris que leur champion risquait d’être accusé de favoritisme. Comme si c’était le genre de l’ancien maire de Neuilly et président du conseil général des Hauts-de-Seine. Dans le même temps, Anne Lauvergeon a entrepris le siège de son ami Nicolas. Car ces deux-là se connaissent très bien. Sous la cohabitation de 1993 à 1995, elle était secrétaire générale adjointe et « sherpa » du socialiste François Mitterrand à l’Elysée et il était ministre du Budget et porte-parole du Premier ministre RPR Edouard Balladur. Une complicité s’est établie, qui s’est révélée bien utile pour désamorcer quelques crises comme les grèves lycéennes qui embêtaient les deux camps.
Malgré un coup de froid intervenu après le refus de la dame d’entrer au gouvernement, en mai dernier, les relations sont de nouveau au beau fixe. Il faut dire aussi que Lauvergeon, ancienne de Normale Sup et agréée de sciences physiques, bénéficie aussi, au grand dam de Kron, du soutien du puissant corps des Mines, qui se veut le pilote de l’industrie française. La dame est aussi une redoutable négociatrice. Le Niger a dû embastiller deux journalistes français accusés de soutenir les rebelles pour la forcer à accepter une hausse de 50% du prix de l’uranium. Ce qu’elle a fini par accepter, d’autant que les Chinois étaient prêts à prendre la place d’Areva dans ce pays. Mais elle s’est vengée en exigeant ensuite que Pékin lui paie ses centrales en euros et non plus en dollars, la monnaie américaine ne cessant de perdre de sa valeur.
Face au sac de noeuds de la filière nucléaire, le gouvernement a eu l’idée géniale de commander un rapport au cabinet de conseil McKinsey et à la banque HSBC. Un cadeau en or pour Lauvergeon qui explique à ses troupes qu’une fusion entre Areva et Alstom ne peut être que politique tant la rationalité économique ne saute pas aux yeux. En effet, les acheteurs de centrales nucléaires ne veulent pas forcément acquérir les autres équipements nécessaires auprès du même fournisseur. Chose extraordinaire : le dit rapport, remis récemment à Bercy, juge les « synergies », c’est-à-dire les gains attendus, relativement faibles. Autant dire que la fusion n’a aucun intérêt.
Mais Lauvergeon n’a pas été seule. Elle a bénéficié du soutien des Allemands. Super Sarko a oublié que Siemens était actionnaire à 34% d’Areva NP, la filiale qui fabrique les centrales, à qui il avait apporté ses activités dans ce domaine. Déloger cet intrus coûterait au bas mot 1,2 milliards d’euros et peut-être deux milliards. Siemens ne veut pas partir. Surtout, la chancelière Angela Merkel, qui ne désespère pas relancer le nucléaire dans son pays, ne veut pas perdre une compétence qu’elle juge cruciale. Les Italiens, qui avaient abandonné le nucléaire dans les années 80, viennent d’obtenir au prix fort un accord avec EDF, qui veut bien former les ingénieurs d’Enel. Toujours prêt à montrer ses biscottos, ce qui permet en même temps de faire admirer sa Rolex, notre estimé président, qui trimballe une réputation de germanophobe depuis les affaires Aventis et Alstom, se montre ferme : « Les Allemands ne peuvent pas abandonner le nucléaire et toucher les dividendes d’un groupe nucléaire », lance-t-il lors d’une conférence de presse avec Merkel. Laquelle réplique aussi sec en allemand (ce qui explique que cela ait échappé à l’époque aux journalistes français) : « Virez Siemens d’Areva et ce sera la guerre ou tout comme ! »
Courageux mais pas téméraire, Super Sarko entreprend alors un retrait en bon ordre. Il faut dire qu’on a déjà perdu trois guerres contre les Allemands depuis 1870. Plus sérieusement, quelqu’un lui fait remarquer que la France doit assumer la présidence de l’Union européenne à partir du 1er juillet. Peut-on se fâcher avec la première puissance du continent alors qu’il y a tant de dossiers à régler ? Visiblement non.
Du coup, le gouvernement devrait annoncer après les municipales une mise en bourse d’Areva. De quoi donner à Lauvergeon les moyens de narguer les quelques ennemis qui lui veulent du bien en France en figurant en couverture des magazines économiques américains.
Sarko avait raison, Areva aurait du s’allier avec Alstom et se débarrasser de l’intrus Siemens.
Siemens a entre-temps copié les technologies francaises.
Maintenant Siemens s’est allié avec les Russes de Rosatom dans le nucléaire, en brisant tous les accords de confidentialité et de non-concurrence ! Pour cela, Siemens doit donc payer des indemnités, ce qu’il refuse de faire !
Et Siemens reste dans Areva en touchant les bénéfices des ventes françaises ! Siemens refuse de quitter Areva, sauf pour un prix incroyable.
Lauvergeon est une incapable, elle devrait savoir que les Allemands ne font JAMAIS rien sans intérêt, ils sont toujours gagnants.
Une belle affaire ? Faut voir de plus près.
Etant donné les formidables possibilités offertes par les alternatives à la fission nucléaire, il est extrêmement médiocre et dangereux en 2008 de ré-utiliser cette vieille technologie.
Ce que l on appelle le "retraitement" ne recycle rien du tout, coûte bien plus qu il ne rapporte.
Reste la gestion des déchets, activité lucrative, certes fortement subventionnées : les enfants y payent les retraites, y vont bien payer les déchets nucléaires !
Il n y a pas besoin de proposer des centrales de production d électricité qui peuvent se transformer en bombe atomique pour vendre des équipements électriques.
L’action d’Areva, leader mondial du nucléaire a progressé de 454% entre novembre 2002 et juillet 2007, mais reste fragilisée, selon les analystes, par le fait qu’une très faible partie du capital est en Bourse.
Dans une étude publiée le 13 septembre, le Crédit Mutuel CIC avait abaissé sa recommandation sur Areva à "conserver", contre "accumuler" avant, estimant que le leader mondial du nucléaire sortirait perdant d’une restructuration de la filière en France.
Le capital d’Areva est actuellement public à près de 85%, dont 5,2% appartenant à l’Etat et 79% au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Il est déjà ouvert à 4%, avec des actions sans droit de vote cotées à la Bourse de Paris.
(Source : leblogfinance.com)