Comme le battement d’aile du papillon peut provoquer un tsunami à l’autre bout du monde, la chute d’un petit escroc niçois, mis en cause pour avoir tenté de corrompre des arbitres de football risque de faire des vagues jusqu’à… la place Beauvau.
Au départ, il y a une plainte déposée en septembre dernier par la Ligue de Football Professionnel. Elle vise un certain Xavier Pettinato. Les instances du ballon rond soupçonnent cet intermédiaire d’avoir cherché à corrompre des arbitres. Pendant deux ans, Pettinato a en effet fourni à toute une série d’homme en noir, officiant sur les terrains de Ligue 1, téléphones portables, micro-ordinateurs et vêtements Adidas, à des prix défiants toute concurrence. Le hic, c’est que Pettinato, déjà mis en examen dans une autre affaire d’escroquerie immobilière à Nice, a été mis en relation avec le corps arbitral par un de ses amis, Stéphane Bré. Lequel Bré a la particularité, outre celle d’être arbitre international, d’exercer la profession de flic au Renseignements Généraux à Rennes.
Pire encore, d’après les premiers éléments de l’enquête, Bré aurait introduit son sulfureux ami auprès de ses collègues arbitres en le présentant comme un « ancien conseiller de Nicolas Sarkozy auprès de l’Intérieur » ! Pas très informé pour un RG : on ne connaît en réalité qu’une seule occupation officielle à Pettinato, celle d’avoir été agent territorial détaché au cabinet de Jacques Peyrat, le maire de Nice. Un poste dont il s’est d’ailleurs fait éjecter en juin dernier.
Mouiller son ministre dans une sombre carambouille footballistique ? Pas très malin pour un flic ! D’autant que Bré, déjà pris l’année dernière la mains dans le sac, aura du mal à soutenir avoir été abusé par son ami à la réputation moyenne… En 2005, il avait en effet été suspendu six mois par l’UEFA pour avoir tenté d’utiliser un faux classement d’arbitres européens. Il utilisait ce document contrefait pour se plaindre de son traitement au niveau international et réclamait d’arbitrer plus de matchs internationaux. A l’époque déjà, l’enquête des instances européennes s’était intéressée au rôle pivot de Pettinato dans le système d’arbitrage français. « Comment juger la note donnée par un observateur d’arbitre à M. Bré si l’observateur en question a acheté du matériel à bas prix à M. Pettinato qui est l’ami de M. Bré », interrogeait l’UEFA. Bonne question… Pascal Bovo