De Delanoë à Sarkozy, personne n’a intérêt à enfoncer l’ex-président Chirac. Car le dossier qui menace le Chi implique des amis de tous les camps…
« Je te tiens, tu me tiens par la barbichette ». Une comptine pour enfants ? Pas du tout ! Plutôt un principe de survie pour président retraité. Comme Bakchich l’évoquait déjà la semaine dernière, Jacques Chirac n’a pas grand chose à craindre de son successeur à la mairie de Paris, le socialiste Delanoë, dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. Tout à ses ambitions de remplacer la blanche Ségo dans la course à la présidentielle de 2012, le bon Bertrand a donné des consignes à l’avocat de la mairie, Jean-Pierre Mignard pour ne pas porter le fer dans l’enquête qui menace Chirac… Et pour cause ! La procédure met en cause un proche collaborateur de Delanoë, l’actuel adjoint chargé de la vie scolaire, Eric Ferrand ! En 1984, ce proche collaborateur de Georges Sarre, alors « opposant officiel » de Chirac à Paris a bénéficié d’un contrat de chargé de mission de la ville, entièrement fictif. Entendu par les enquêteurs, Ferrand a du avouer qu’il avait son bureau à la permanence électorale de Georges Sarre dans le XIème arrondissement. Et pas du tout à l’hôtel de ville. Peinant à justifier son réel travail, évoquant vaguement devant les enquêteurs, « la rédaction de communiqués de presse et des lettres sur des sujets divers signés de ses initiales E.F. », Ferrand n’a toutefois pas été mis en examen par la justice, finalement bonne mère. Émargeant à 9 685 francs net mensuel, Ferrand avait démissionné de son poste fictif en mars 1989. « J’ai été élu au conseil municipal du XIème et je n’avais plus le droit d’être contractuel à Paris », a-t-il benoîtement expliqué lors de son audition…
Assuré de la neutralité de Delanoë, Chirac n’a pas non plus grand chose à craindre de l’Élysée dans ce dossier. Le très sarkozyste Pierre Charron, conseiller multicarte de Sarko Ier, a lui aussi bien profité du système Chirac entre 1989 et 1993. Surnommé par ses ennemis, dont la belle Cécilia « Charron-Charogne » – Pierre a touché un salaire calculé « au taux maximum des contrats hors échelle » et versé par la ville pour un emploi de chargé de mission sans affectation très précise. Il a d’ailleurs été embauché sans même lui demander le moindre CV ! Sur ordre de qui ? De Michel Roussin, le dircab de Chirac qui a signé son contrat d’embauche ? Ou plus précisément de Chirac lui-même ? Seule certitude, le très courtois Charron, enverra, en octobre 1993 sa lettre de démission directement au Maire de Paris en personne… À cette date, il venait de trouver un job de président du GIE Galop, l’organisme de course de chevaux. Une nomination rendue possible grâce à une directive du ministère de tutelle, celle du Budget, occupée à l’époque par un certain Nicolas Sarkozy…
Deux autres éminentes personnalités de la vague bleue se retrouvent également épinglés dans le dossier judiciaire. Le premier est le candidat de Sarko à la présidence de l’Assemblée Nationale. François Baroin a été payé pendant trois mois entre janvier et mars 1993 par la très généreuse ville de Paris chiraquienne. Sans jamais être affecté nulle part. Son contrat, signé par Michel Roussin, précisait que son salaire était « hors échelle ». Selon nos informations, la rémunération a flirté avec les 30 000 francs mensuels de l’époque. Un bon petit pécule pour faire campagne dans des conditions fort confortables. Et d’être élu député de l’Aube en mars 1993. L’ancien garde des Sceaux de Raffarin, futur nouveau député de Lyon, Dominique Perben, n’a pas non plus intérêt à ce que l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris soit trop ébruitée. Elle pourrait égratigner… sa femme. Annick Demoustier-Perben a été recrutée en mai 1994 comme cadre supérieure avec pour seul CV, selon son dossier d’embauche retrouvé par les flics, d’être « l’épouse de Dominique Perben, député de Saöne-et-Loire ». Son affectation est logiquement restée très vague « auprès de la direction des affaires culturelles et/ou du secrétariat général du conseil de Paris ». Son salaire lui était mieux défini : 19 000 francs net par mois. Autant dire que ce genre d’infos reste confinées aux colonnes de Bakchich plutôt que d’être examinées à la barre…y
PARIS (AFP) - L’ancien président Jacques Chirac a écrit aux juges instruisant l’affaire Clearstream qu’il ne pouvait "être contraint à fournir un témoignage sur des faits accomplis ou connus durant son mandat", a indiqué vendredi son bureau dans un communiqué.
"Le président Chirac rappelle qu’aux termes de l’article 67 alinéa 1er de la Constitution, le Président de la République n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité", déclare son bureau. Ces dispositions "excluent qu’un ancien chef de l’Etat puisse être contraint à fournir un témoignage sur des faits accomplis ou connus durant son mandat et dans l’exercice de ses fonctions". "Cette position de principe, conforme à la tradition républicaine et qui était celle de son prédécesseur, n’autorise pas le président Chirac à répondre favorablement à la démarche des juges d’Huy et Pons (chargés du dossier Clearstream, ndlr). Il leur a écrit en ce sens", a souligné le bureau de M. Chirac.
La radio Europe 1 avait affirmé un peu plus tôt que les juges envisagaient d’entendre Jacques Chirac dans les derniers jours de juillet. sommaire