Sylvester Stallone et une bande de mercenaires explosent façon puzzle une armée de fachos sud-américains. Peu inspiré, Stallone plante son hommage au film d’action des 80’s.
Depuis des mois, en bon vieux fan de Sylvester Stallone, je salivais à l’idée de découvrir son chant d’amour au film d’action des années 80, entonné par une pléiade de vieilles gloires du genre – Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Mickey Rourke, Dolph Lundgren – et de vrais cogneurs comme Randy Couture, Steve Austin ou Jet Li. Tout s’est gâté dès la projection de presse. Avant de voir « Expendables », la ravissante attachée de presse de la Metropolitan m’a fait signer une décharge, « un accord de confidentialité », comme quoi je m’engageai à ne rien écrire sur le film avant le 5 août, date à laquelle Sylvester Stallone venait faire un petit tour en France, notamment sur le JT de France 2. La presse envisagée ici comme un rouage du marketing, c’est cool, non ? D’ailleurs, si les mensuels ciné ont docilement assuré la promo de Stallone, aucun n’a sorti la moindre critique. A la niche, la presse…
Béret vissé sur le crâne, petite barbichette de rappeur, Ray-Ban miroir de Sarko (ouillle, la faute de goût), Sylvester Stallone s’est fait la tête de sa marionnette de Canal+. Il est ici le chef d’une bande de mercenaires, les Expendables (en VF, les « Sacrifiables »). Pour ne pas se faire repérer, ces bêtes de guerre chevauchent de grosses bécanes avec le logo « Expendables » sur le réservoir, ou alors, encore plus cool, un gros tatouage « Expendables » sur l’avant-bras. Top discret ! Pour un Expendable, la vie est très rockn’ roll : séances de tatouages chez Mickey Rourke, scènes de ménages avec bobonne et concours de vannes avec les copains autour d’une bière. Bon, question boulot, nos gros bras font dans la boucherie-charcuterie : ils coupent les têtes au poignard, éventrent, mutilent… Du massacre old school !
Démonstration avec des pirates somaliens. A la manœuvre, Sly balance des vannes pas drôles, Jason Statham, son second, lance le couteau comme James Coburn dans Les 7 mercenaires, Dolph Lundgren grimace sévèrement pour faire comprendre qu’il est psychopathe, Jet Li la joue profil bas, genre virtuose des arts martiaux taciturne, il y a également Randy Couture dans un coin et Terry Crews qui astique son gros calibre. Donc d’un côté des méchants pirates, noirs bien sûr, de l’autre, de gentils mercenaires américains, et au milieu, des otages chair à pâté.
Au bout de 15 secondes de négociation, les mercenaires font un carton : les corps des pirates sont coupés en deux, les chairs explosent, des geysers de sang s’écoulent des plaies. Fallait pas les énerver… De retour aux USA, la routine reprend : Sly fait fignoler ses tattoos, Statham met une branlée à l’amant de sa copine, et pour se divertir, le gang accepte une mission suicide : sauver les habitants d’une île d’Amérique du Sud des griffes d’un terrible dictateur (un moustachu avec un drôle d’accent, c’est le général Alcazar !). Sly et Jason partent en reconnaissance dans l’île où ils se font passer pour des… ornithologues. Mais bientôt, Sly s’éprend bientôt de la fille du dictateur barbichu, belle et rebelle. Le mercenaire se laisse alors pousser une conscience politique de gauche et va aider les révolutionnaires. Gratos, en plus…
Bon dieu, qu’est-il arrivé à Sly ? Après des tonnes de nanars, il bouclait en 2007 la saga des Rocky avec une œuvre crépusculaire, mélancolique et digne, Rocky Balboa, un véritable direct au cœur. Le revoir, à plus de 60 ans, le corps stéroïdé, supplicié par des années d’entraînement, générait une émotion intense. En 2008, Sly foutait tout par terre avec un John Rambo vraiment médiocre. A 64 ans, Sly nous offre son ultime baroud d’honneur. C’est bien sûr sympathique, mais ça ne marche jamais. Pourquoi ?
Tout d’abord, parce que Sly n’a pas de scénario, juste un pitch : un groupe de Musclors contre des hordes de malfaisants basanés. Est-ce le même homme qui a écrit Rocky en 1976 ? Sly a pour modèle "Les 7 mercenaires" et "Les 12 salopards". Mais si Sly avait simplement revu "Les 7 mercenaires", il se serait aperçu que la plupart des protagonistes – Yul Brynner, Steve McQueen, James Coburn ou Robert Vaughn – sont autre chose que des stéréotypes, de vrais personnages, avec des failles, des fêlures, une âme. Ici, à part Sly et Jason Staham, les bêtes de guerre ne sont que des silhouettes, des caricatures : le roi du kung fu, le Viking junkie, le maniaque de la roquette…
Pour peaufiner tout cela, Sly aurait pu bosser avec un as du scénario. Tout le contraire puisqu’il a co-écrit avec le tâcheron Dave Callaham, auteur du sinistre « Doom » avec Dwayne Johnson, vous voyez le niveau… Débile, incohérent, le script est bourré de trous et de clichés. Rien ne fonctionne, ni la violence, le second degré, ni même les vannes que s’envoient les personnages. Exemple, ce dialogue mongolo entre Stallone, Bruce Willis et Schwarzy qui s’éloigne :
– Willis : « C’est quoi son problème ?
– Sly : Il veut devenir président des Etats-Unis. »
Sly s’est déjà révélé un cinéaste inspiré. Armé d’un scénario minable, il pouvait transcender la pauvreté du matériau d’origine par une mise en scène au cordeau. Hélas, il n’y a pas une idée, pas une séquence à sauver.
Le film s’ouvre sur un plan énigmatique : des lumières et des néons flous, avec en off des vrombissements de motos. C’est à l’image du film : flou, mais avec beaucoup de bruit pour masquer le vide… Même dans l’action, le plus souvent illisible, Sly déçoit. Quand il filme les deux pauvres bastons de Jet Li, Sly le cadre serré, avec des plans très courts, dans une mise en scène ultra-découpée.
Au lieu de visionner les merdes de Luc Besson, Sly aurait dû s’inspirer des chefs-d’œuvre de Tsui Hark. Jet Li, un des plus grands artistes martiaux de l’histoire du cinéma, il faut le filmer en plan séquence, avec des plans larges, pour voir ce Fred Astaire du double salto arrière déchirer l’écran. Sly tourne comme à l’époque de Cobra ou Tango & Cash. Mais 25 années se sont écoulées et des stylistes comme Johnnie To, Park Chan-wook ou Paul Greengrass ont redéfini la grammaire du cinéma d’action. En fait, tout est étriqué, vulgaire, déjà-vu, comme un téléfilm sur W9. Pas de bol pour Sly, son feu d’artifice est produit par la boîte NuImage, déjà responsable de John Rambo. Les effets spéciaux sont donc hideux, les images de synthèse ratées, les explosions minables. Bref, on a l’impression que tout le budget est passé dans le botox, les hormones de croissance et la promo…
De fait, « Expendables » exhale un drôle de parfum, des miasmes de mort. Jet Li semble avoir pris 20 kilos et ressemble à un hamster, Rourke à une momie, Schwarzy à ma grand-mère, Lundgren plus à rien. Et Sly ? Son corps est tellement stéroïdé que l’on a l’impression que les veines saillantes de son cou et de ses avant-bras vont exploser d’un moment à l’autre. Quant à son visage, il est tellement botoxé que ses sourcils en arc de cercle restent suspendus, fixement, et ce pendant 105 minutes de projection. Triste…
« Expendables, unité spéciale » de et avec Sylvester Stallone, Jason Statham, Mickey Rourke, Jet Li, Dolph Lundgren, Bruce Willis (18 secondes 1/2 à l’écran).
Sortie le 18 août.
je pense que vous avez pris le film du mauvais côté : il faut juste le voir comme un gros baroud d’honneur old school d’une flopée de papy fendard, pour la plupart has been, s’en donnant à coeur joie dans le cassage de cojones à main nus.
rien à voir avec Rocky Balboa, donc.
Bonjour,
Pouquoi s’en prendre a sly ? Vous aimez pas se film ok ces votre avis mais pourquoi cracher dessus ? peut être par jalousie d’admettre que seul stallone et ces grandes star sont capables de produire un tel évènement, pour ma part j’ai trouver se film très bien et c’est exactement ce a quoi je m’attendais en allant le voir. Il est parfait avec de l’action de l’amour et des touche d’humour. Maintenant a ceux qui sont jaloux de leur réussite et qui n’admettent jamais cela ba déchainer vous a critiquer continuer si cela vous fait du bien. Pour information ne répondez pas a se message car je ne le lirais pas, je vois pas pourquoi je reviendrais sur se site de jaloux ;) !Pathétique et tellement délirant de lire des sujet comme les votres, sa sent la défaite comme les français qui n’admettais pas que leur équipe ne valait rien, ah désoler c’est un autre sujet …
Alors bonne continuation en attend le second volet de THE EXPENDABLES !! Et vive stallone et son botox comme vous dites ! HEIN !
Pas du tout d’accord avec vos impressions. Je suis allé voir ce film hier et je l’ai trouvé excellent. Il ne faut pas le prendre au premier degré, mais comme un film d’action pur et dur comme dan les années 80. Même le "dialogue" Schwarzy-Willis-Stallone est excellent, contrairement à ce que vous dites, je le trouve plein d’humour décapant. Pour Moi il s’agit d’un bon film, et j’achèterai le DVD à sa sortie.
Cordialement