Pour changer, John Connor affronte… des robots ! Un Terminator sans Schwarzy, sans réalisateur et sans surprise.
« - Alors, t’as vu le nouveau Terminator ? Robot pour être vrai ?
- Pas vraiment.
- Raconte.
- En 1984, James Cameron, jeune poulain de l’écurie Corman, torche une grosse série B, inspirée de Mondwest, avec des flingues, du voyage temporel et une idée géniale : faire du très expressif culturiste Arnold Schwarzenegger une machine. Le film est loin d’être un chef-d’œuvre, mais c’est efficace et l’on sent que Cameron va devenir le grand artificier d’Hollywood. En 1991, Cameron remet le couvert avec T2, nouveau mètre-étalon du blockbuster, le film qui enfante le cinéma numérique. Rien de moins. La saga se termine en 2003 avec le catastrophique Terminator : le soulèvement des machines, où Arnold, 56 ans à l’époque, lutte contre l’apocalypse nucléaire, mais surtout contre son corps gonflé, martyrisé, qui explose de partout et qui s’affaisse. Et nous voici aujourd’hui avec cette Renaissance. Sans Schwarzy !
- Bon alors, tu la craches ta valda ?
- C’est nul, il n’y a rien à sauver. Pas de scénario, pas d’acteur, pas de cinéma. Rien, nada.
- C’est un peu court.
- Commençons par le scénario. Cette chose est écrite par les scénaristes de Terminator 3, Catwoman et Femme fatale. Des pointures ! Cette fois, ils se sont surpassés. Nous sommes en 2018. Menés par John Connor, quelques militaires luttent contre les machines de Skynet. Arrive un étranger, l’énigmatique Marcus Wright, qui va intégrer la Résistance. Et voilà le travail.
- Terminator, c’est pas du Kubrick non plus.
- Parfaitement d’accord. Mais dans les deux premiers, il y avait quelques paradoxes temporels, des dialogues ciselés pour Schwarzy (« I’ll be back », « Hasta la vista, Baby »…), de vrais morceaux de bravoure et le Terminator lui-même. Ici, c’est le grand vide et le robot arrive après une heure de métrage ! Dommage… Pour faire les malins, nos deux scénaristes sèment des références messianiques un peu partout, s’essaient à une pitoyable réflexion sur l’humanité et font passer la Terre pour un champ de bataille irakien (avec les Américains en résistants, quelle rigolade !). Mais surtout, ils se révèlent de sacrés voleurs. Pas une scène qui ne soit pas « empruntée » à un blockbuster : La Guerre des mondes (le robot géant qui collecte les prisonniers humains), Mad Max (pour la poursuite de voitures et l’ambiance post-apocalyptique), La Grande évasion (le saut en moto) ou Transformers (les vaisseaux qui se métamorphosent)… Christian Bale hérite de dialogues aussi passionnants que « COME ON ! », « LET’S GO ! » ou « HANG ON ! » Tu m’étonnes qu’il ait pété les plombs sur le set. Quant à la morale de l’histoire (attention spoiler), c’est quelque chose comme « Rien ne remplace un cœur humain ». S’il y avait un Nobel de la connerie, nos deux gars seraient les favoris de 2010.
- Et la mise en scène ?
- Je ne suis pas sûr que l’on puisse parler ici de mise en scène. Il y a plus de cinéma dans une séquence d’Antichrist que dans 1h48 de Terminator Renaissance. McG, puisque c’est comme cela qu’il s’est rebaptisé, a une idée en tête, réaliser un gros film de guerre, avec ambiance apocalyptique. Il fait donc joujou avec ses machines, ses petits avions, ses gros robots, explose un truc tous les quarts d’heure. Mais ses scènes pyrotechniques n’ont aucune force, aucune intensité, car il n’y a aucun enjeu. Comme notre homme vient du video-clip, il tente néanmoins de chiader le visuel avec une image granuleuse à souhait et sa caméra portée à l’épaule. On sent que McG aimerait bien être le nouveau James Cameron, Michael Bay ou George Miller. Il est juste le fils illégitime de Roland Emmerich et d’Albert Pyun, immortel auteur de Cyborg avec Jean-Claude Van Damme. Mais si ces deux tâcherons savaient torcher un film de SF avec 30 centimes, on se demande ce que McG a fait de ses 200 millions de dollars de budget. Quand on pense aux frères Wachowski qui ont enfanté Matrix !
- Au moins, il y a Christian Bale.
- Bale, c’est la Rolls des acteurs. Il irradiait le pellicule dans The Machinist ou Hard Times. Ici, il n’a pas grand-chose à jouer, John Connor, troufion du futur qui hurle ses pauvres dialogues, avec la voix caverneuse de Batman. Dans le pur style endive, Sam Worthington, qui remplace Josh Brolin prévu à l’origine, hérite d’un rôle plus complexe, avec notamment une belle scène où il découvre, éventré au-dessus d’un puits, son inhumanité. On espère que le dictatorial James Cameron lui aura un peu soufflé dans les bronches pour Avatar.
- C’est nul, donc, mais il n’y a pas besoin de s’énerver, non ?
- C’est le prototype même du film de studio raté. Un reboot, comme on dit maintenant, la réactivation d’une franchise pour se faire un paquet de dollars. On embauche la star de Batman, un réalisateur interchangeable mais surtout docile (il faut le voir sur le net raconter qu’il avait une fin grandiose, mais que le studio n’en a pas voulu), ILM pour les effets numériques et on torche ça vite fait pour que ça sorte pendant les vacances. Terminator Renaissance, c’est juste une machine à fric. Mais toi aussi, tu peux combattre Skynet (euh Sony), garde tes 10 euros ! »
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
"Quel film de SF surpasse LA MENACE FANTOME ses 10 dernières années ?"
C’est une blague !? Et Sunshine de Boyle, La Guerre des Mondes de Spielberg, Event Horizon de Paul Anderson ?… Sinon, dans le genre film définitif sur le questionnement humanité/machine (entre autres) mêlant scènes d’actions dantesques et génie de la réalisation, il y a une petite saga faite par deux frangins dans un garage, je crois qu’on l’appelle Matrix.
"Je trouve injuste de systématiquement juger un film de licence par rapport aux précédents opus." Ah bon ? C’est une blague là aussi ? Et la cohérence, c’est pas important peut être ?